Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 17.06.2020 - anthony-maurin - 3 min  - vu 1814 fois

NÎMES Le CHU Carémeau réinvente son architecture pour s'adapter aux crises

(Photo Anthony Maurin).

De gauche à droite, Michel Beauvais du cabinet MBA, Nicolas Best, directeur général du CHU de Nîmes, et Gérald Berry du cabinet Chabanne (Photo Anthony Maurin).

Faire le point sur les initiatives récentes du centre hospitalier universitaire (CHU) Carémeau pour son schéma directeur urbanistique et immobilier : telle était l'idée du directeur général de l'établissement, Nicolas Best, au sortir de la crise sanitaire actuelle.

D'ici 2027, à Nîmes, le CHU va investir dans la construction de ses futurs bâtiments et parkings une coquette somme flirtant avec la barre symbolique des 200 millions d'euros. " Nous continuons à développer des projets que nous adaptons au futur de l'établissement. Je préside une commission d'architecture au niveau national et, avec 31 autres CHU, nous avons lancé un appel d'offre pour des structures modulables qui nous permettrons d'avoir des lits supplémentaires rapidement. "

En effet, dans un contexte d'augmentation subite des malades, le service de réanimation est vite saturé. Nous le savions avant, la covid-19 vient de le confirmer alors même que le Gard n'était pas dans les plus touchée par la crise. " Avec tous les autres CHU, nous imaginons des nouveautés pour mieux nous adapter à ce genre de phénomène, assure Nicolas Best. Nous pensons installer, une fois que l'appel d'offres commun sera achevé et le choix effectif, des unités modulaires de deux à quatre lits. Pour l'instant, nous avons la réponse de 22 industriels intéressés par cette idée. Les structures sont souvent rigides et pré-équipées, un peu à la manière des Lego que l'on emboîte. On pourrait les stocker directement chez les fournisseurs et les utiliser en cas de besoin. Nous prévoyons de retenir quatre ou cinq solutions différentes afin que les CHU puissent choisir la meilleure en adéquation avec leur site. "

Mais pour le CHU de Nîmes, les enjeux actuels visent l'avenir à moyen terme avec la construction d'un bâtiment de gériatrie (permettant de vider en partie Carémeau nord pour agrandir la maternité de 80 lits, NDLR) et de maladies infectieuses. La surélévation de Carémeau sud est aussi au programme des travaux à venir rapidement.

Point culminant et futur centre névralgique

Sur un site de 55 hectares, Carémeau a aujourd'hui deux vastes bâtiments. Le premier, Carémeau nord, construit en 1986, le second, Carémeau sud, datant de 2003. Depuis 2007, on a noté une accélération des constructions. L'institut de cancérologie - qui sera d'ailleurs agrandi de 40 lits -, le bâtiment des neurosciences, les logements et les crèches, les ombrières photovoltaïques, les parkings en silo... Le pavillon des médecine, aussi conséquent que l'ICG, verra quant à lui le jour plus tard.

" Carémeau plateau sera l'axe central de nombreux projets immobiliers. " Le plateau est le point culminant du site actuel. Il va accueillir fin 2022 le nouveau bébé du CHU, un bâtiment de 13 600 m² abritant la gériatrie, le centre de soins de suite et de réadaptation et le service de maladies infectieuses et tropicales pour une capacité totale de 254 lits et un parking de 250 places. Coût du projet, 50 millions d'euros.

Le futur bâtiment de gériatrie et des maladies infectieuses (Photo Anthony Maurin).

Pour Gérald Berry du cabinet d'architecture Chabanne, " Nîmes est une ville romaine donc on s'inspire de cela. Ici, nous sommes sur un oppidum naturel. Nous devons recréer un vrai forum pour accéder au bâtiment avec un parvis et des îlots de fraîcheur. La construction aura une césure en son centre et sera percé sur les côtés. L'architecture sera aérée et élancée par des galeries. Cet édifice sera parfaitement évolutif et ses plateaux seront très flexibles pour s'adapter à un maximum de préoccupations. Même le parking pourra servir si besoin ! "

Un étage, des solutions

Autre chantier, la surélévation d'un étage de Carémeau sud. En charge du dossier pour le cabinet MBA, Michel Beauvais revient sur les conditions spéciales du projet de 12,5 millions d'euros livré mi 2022 après 15 mois de travaux. " C'est une période inédite mais le concours, lancé avant la crise, s'est achevé pendant avec les visioconférences. Les réflexions étaient complexes, les enjeux cruciaux pour assurer un bon modèle hospitalier. Le programme a évolué pendant le concours et je suis fier de surélever une création de l'architecte du Stade de France ! "

Presque invisible aux yeux du péquin lambda, la surélévation de Carémeau sud (Photo Anthony Maurin).

Pour lui, le plus important dans la manœuvre était la fonctionnalité des 4 700 m². Un savoir-faire et une nouvelle manière de distribuer les flux tout en permettant la création d'une filière " post urgences " de 90 lits (plus neuf en hôpital de jour).

" C'était la base du programme mais, à force de dialoguer, nous avons revu la copie pour une capacité totale d'adaptation et de modularité. On augmente ou réduit les capacités du service quand on le désire et simplement, conclut Michel Beauvais. On a fait appel aux nouvelles technologies. Nîmes est en avance. Nous construisons sur l'actuelle terrasse du bâtiment. La charpente sera légère et le chantier le plus sec possible, c'est à dire sans béton. Chaque chambre aura une pression positive ou négative selon les besoins. "

Anthony Maurin

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