ASSISES DU GARD Le meurtrier de Laurie condamné à 22 ans de réclusion criminelle
Au terme du deuxième et dernier jour de son procès devant la cour d'assises du Gard, Gabriel 31 ans, a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle pour le meurtre aggravé de son ex-compagne, Laurie. L'autorité parentale sur sa fille, âgée de 8 ans, lui a été retirée.
Après l'examen de la personnalité de Gabriel (relire l'article en date du 2 juillet 2020 en cliquant ici), la cour d'assises du Gard est revenue ce vendredi sur les faits. L'homme est accusé d'avoir frappé et mortellement poignardé Laurie, son ex-compagne, en pleine rue à Nîmes le 17 janvier 2018. Au deuxième jour du procès, plusieurs zones d'ombre persistent, notamment le déroulé précis des faits de violences qui ont conduit à la mort de Laurie âgée alors de 28 ans. Impossible également de savoir à qui appartenait le couteau. Et malgré de longs débats, le témoignage du meurtrier présumé n'a pas permis d'éclaircir ces points.
"Elle m'a dit : c'est fini"
Dans la nuit du 16 au 17 janvier 2018, Gabriel, en déplacement professionnel à Nîmes, reçoit un sms de Laurie un peu après minuit : "Tu dors ?". Il répond et comme souvent entre eux les insultes s'invitent dans cet échange. Mais un rendez-vous est fixé cette même nuit. Laurie, domiciliée à Marseille doit aller chercher ses deux enfants chez ses parents dans l'Aveyron, elle fera un crochet par Nîmes. Il est plus de 2h du matin lorsqu'elle retrouve Gabriel. "Elle m'a dit : c'est fini, je vais refaire ma vie toute seule à Marseille", rapporte-t-il. Lui, avait espoir que cette relation, ponctuée d'une quinzaine de séparations entre 2015 et 2018, reprenne. Tous deux avaient visité une maison dix jours avant, mais Laurie n'avait jamais donné suite. Elle a préféré rejoindre son amour de jeunesse.
Une relation chaotique et conflictuelle
Durant ces deux jours de procès devant la cour d'assises du Gard à Nîmes, la relation entre l'accusé et la victime a été disséquée, qualifiée de chaotique, conflictuelle, rythmée de violences "réciproques" selon la défense. Plusieurs témoignages ont fait état d'insultes et de coups "réguliers" adressés par Gabriel à l'égard de Laurie, "parfois même devant les enfants", a précisé une voisine et amie de la victime.
Le fils de Laurie, issu d'une union précédente, a été témoin des coups portés sur sa mère, il en a aussi été victime. Tristan, le papa de l'enfant âgé aujourd'hui de 12 ans et représenté par maître Jean-Faustin Kamdem, est venu ce vendredi témoigner à la barre. En larmes, il a raconté la vie actuelle de son fils, violent envers lui-même, envers les autres, la tête remplie d'idées noires. Il est à ce jour hospitalisé en unité médico-psychologique.
Alors ce soir du 17 janvier 2018 à Nîmes, Gabriel, dont l'impulsivité a été reconnue par les experts, n'a pas supporté cette nouvelle rupture. Et alors qu'ils étaient dans la voiture louée par l'amour de jeunesse de Laurie, les coups ont commencé à pleuvoir. "Dans ce moment de folie, je ne me suis pas rendu compte des coups que je portais", a-t-il lâché. L'autopsie du corps a révélé six plaies au couteau dont trois perforantes, une en plein coeur.
Laurie portait également des hématomes sur le front, un oeil et les lèvres. Elle a eu le nez cassé ainsi qu'une dent. Il l'avait emmenée aux urgences du CHU de Nîmes, mais il était déjà trop tard. Tous les coups ont-ils été portés dans cette voiture ou Gabriel a-t-il achevé Laurie dans la rue (Massillon à Nîmes) alors qu'elle tentait de s'enfuir ? Sa version a changé au fil de ses auditions, depuis sa garde à vue jusqu'au procès. La dernière citée : il a frappé et poignardé la jeune femme dans la voiture puis elle en est sortie et s'est écroulée. "Je ne voulais pas la tuer", a-t-il déclaré à plusieurs reprises.
"Nous sommes confrontés à un féminicide"
L'oeuvre d'un "bourreau" selon maître Khadija Aoudia, avocate de la partie civile. "Nous sommes confrontés à un féminicide", a-t-elle lancé lors de sa plaidoirie. Le conseil des parents de Laurie a mis en parallèle les deux personnalités de ce couple. D'un côté une jeune femme de caractère certes, mais qui ne cessait de se dévaloriser à cause de son échec scolaire et de son parcours professionnel instable ainsi que de son apparence.
De l'autre, un homme dominant, possessif, impulsif, qui rabaissait Laurie et dont elle avait peur. Comme maître Khadija Aoudia, l'avocat général, lors de ses réquisitions, a fait entendre sa conviction selon laquelle, même si la préméditation n'a pas été retenue dans ce dossier, Gabriel, au moment où il a porté ses coups, voulait tuer Laurie. Il a requis 25 ans de réclusion criminelle à son encontre.
Maître Aurélien Vergani, avocat de la défense, a déclaré avoir "assisté pendant deux jours à une caricature judiciaire." Et de revenir sur le terme "féminicide" prononcé plus tôt : "Dans ce dossier, plane la pression de l'opinion publique. Non, ce n'est pas un féminicide. Gabriel n'a pas tué Laurie parce qu'elle est femme mais parce qu'il s'agit d'une relation toxique, qui s'est dégradée." Le conseil a plaidé le crime passionnel commis par un homme "dans l'incapacité de gérer ses émotions" face à une situation donnée, "une rupture en coup de vent".
Des applaudissements
Gabriel a été reconnu coupable du meurtre de Laurie et condamné à 22 ans de réclusion criminelle. Un verdict accueilli par les applaudissements de la famille et des amis de la victime venus en nombre assister à ces deux jours de procès. Le jeune homme a dix jours pour faire appel.
Stéphanie Marin