ASSISES DU GARD Le meurtrier présumé de Laurie : une personnalité impulsive selon les experts
Ce jeudi 2 juillet, au premier jour des assises du Gard, la cour a cherché à comprendre la personnalité de l'accusé et la relation qu'il entretenait avec Laurie. Gabriel, 31 ans, est accusé d'avoir mortellement frappé et poignardé la mère de son enfant, alors âgée de 28 ans en pleine rue, à Nîmes, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2018 (cliquez ici pour relire l'article du 28 février 2020).
Dans le box des accusés, Gabriel, 31 ans. Face à lui, Nicole et Charles Tercero, les parents de Laurie tuée le 17 janvier 2018 à Nîmes de plusieurs coups de couteau. D'un côté comme de l'autre, les regards sont fuyants. Ce n'est qu'au moment de la révélation de l'enquête de personnalité de Gabriel que le regard de la maman de la victime s'est fixé sur l'accusé. Celui qui a déclaré vouloir "dire simplement la vérité" en début d'audience est décrit par ses proches - une tante maternelle, une cousine et son époux ainsi que sa mère - et ses anciens employeurs, comme un homme gentil, un bon père, serviable, timide, vaillant, soigneux, affecté par la relation instable et conflictuelle qu'il entretenait avec Laurie. La jeune femme est quant à elle qualifiée de gentille, généreuse, s'accrochant au rêve de fonder une famille unie.
Une relation en montagnes russes
Laurie, maman d'un petit garçon, et Gabriel se rencontrent le 27 avril 2011. Tous deux avaient alors 21 ans. Quelque temps après, le couple donne naissance à une petite fille. En novembre 2015, Laurie et Gabriel se séparent une première fois. Une première fois car pendant deux ans, le couple mènera une relation en montagnes russes jusqu'à la dernière séparation au mois de janvier 2018 et alors qu'ils envisageaient de vivre ensemble à Nîmes où Gabriel travaillait comme carreleur. Mais elle ne donnera pas suite à la visite d'une maison dans l'Aveyron effectuée le 7 janvier, partant se réfugier à Marseille où elle résidait depuis plusieurs mois.
D'après les témoignages recueillis dans le cadre de l'enquête de personnalité, le jeune homme n'aurait jamais eu d'accès de colère. Lui-même se décrit comme quelqu'un de "posé" toutefois "capable d'impulsivité". Dans ses conclusions, l’enquêtrice fait état d'une non acquisition de la gestion de son contrôle émotionnel. Un manque qui pourrait être lié à son passé, à l'environnement familial dans lequel Gabriel a grandi. Issu de la communauté des gens du voyage, l'intéressé dit avoir eu une belle enfance et observé une bonne entente entre ses parents, au sein de sa famille. Des propos contredits par sa tante maternelle qui qualifie ses parents d'alcooliques et relatent de faits de disputes et de violences conjugales.
Des difficultés à se remettre en question
Le terme impulsivité que l'accusé reconnaît donc - et dont il a fait preuve lors du procès au moment où l'amour de jeunesse de Laurie s'est présenté à la barre pour témoigner - est également présent dans les expertises psychiatrique et psychologique avec "une prédominance de l'agir sur les émotions". Lors de ces entretiens avec les experts, Gabriel a expliqué que la rencontre avec Laurie à Nîmes - à la demande de la jeune femme - dans la nuit du 17 au 18 janvier 2018, se serait soldée par l'annonce d'une nouvelle rupture ce qu'il n'aurait pas supporté.
À la barre, la psychologue clinicienne rapporte les propos tenus par l'accusé lors de leur entretien le 24 mars 2018, soit un peu plus de deux mois après le drame : "Elle m'a dit que c'était fini, j'ai vu rouge. Ma vie de famille était cassée encore. On s'est battus dans la voiture. Le couteau était dans la voiture. Je lui ai donné des coups de couteau. C'est grave ce que j'ai fait. Mes enfants ne verront plus leur mère." À l'impulsivité, le psychiatre ajoute un défaut "insight" soit une difficulté à comprendre la manière dont il fonctionne et ainsi des difficultés à se remettre en question et le report de ce qui lui arrive vers l'extérieur, vers l'autre.
"Je veux leur dire pardon à eux, aux petits"
La parole a ensuite été donnée à Gabriel qui a adressé ses premiers mots à Nicole et Charles Tercero. "Je suis vraiment désolée. J'ai jamais voulu la mort de ma femme. Je veux leur dire pardon à eux, à mes petits." Répondant aux questions du président de la cour d'assises du Gard, Laurent Fabre, le jeune homme s'est montré très bavard sur son parcours, sur sa fille puis plus modéré lorsqu'il a fallu aborder sa relation avec Laurie. "C'était compliqué", a-t-il d'abord lancé, faisant référence aux multiples séparations et à leur jalousie réciproque et au changement physique de la jeune femme en 2015 suite à une intervention chirurgicale qui a eu pour conséquence de lui faire perdre une quarantaine de kilos.
Mais très vite les débats ont tourné autour des faits de violence constatés au sein du couple. "Oui, ça arrivait. Oui, il y a eu des violences dans notre couple, mais ça venait des deux côtés", a-t-il répondu à la question "avez-vous levé la main sur Laurie ?" posée par maître Khadija Aoudia, avocate de la partie civile. Deux témoignages dont celui d'une amie et ancienne voisine de Laurie à Marseille fait état d'insultes et de coups "réguliers" adressés par Gabriel à l'égard de Laurie, "parfois même devant les enfants". Une déclaration appuyée par le témoignage du fils de Laurie (10 ans) qui dit également avoir été "frappé poing ouvert" par son beau-père de l'époque.
Maître Aurélien Vergani, l'avocat de l'accusé, porte "un regard très critique sur cette audition. D'abord, elle intervient plusieurs mois après le décès de sa mère, donc dans un contexte de douleur. Et puis, l'officier de police judiciaire qui va l'auditionner va poser des questions fermées ; soit quasi des affirmations. C'est-à-dire qu'on est face à un enfant qui a dix ans, qui est complètement instrumentalisé par l'officier." Et d'ajouter : "Ce que je constate, c'est que dans ce dossier de prétendues violences sur l'enfant, il n'y a jamais eu de dépôt de plainte, de constatations médicales et encore moins de condamnation." Le procès se poursuivra ce vendredi 3 juillet dès 9 heures.
Stéphanie Marin
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