FAIT DU SOIR Pour rendre l’industrie plus attractive, Orano Melox ouvre ses portes aux élèves
En fait, ce n’est pas si dangereux le nucléaire ? C’est dingue tout ce qu’on peut générer comme électricité avec de si petites quantités… Voilà les réflexions que l’on pouvait entendre dans la bouche des 15 élèves bagnolais qui ont passé deux jours et demi en immersion dans l’entreprise Orano Melox, spécialisée dans la fabrication des assemblages de combustibles Mox, destinés à produire de l'électricité.
Cela fait une dizaine d’années que ce programme de "Classe en entreprise" existe en Midi-Pyrénées, mais dans l’ex Languedoc-Roussillon, cela ne fait que depuis l’année dernière. Dans le Gard, cette incursion à Orano Melox est une première. Et elle en appelle bien d’autres. « On souhaitait faire connaître les métiers du nucléaire et aussi tous les autres présents sur le site à nos élèves. C’est aussi une aide pour leur orientation, pour leur montrer les règles à tenir dans une entreprise. Le savoir-être est le premier critère de recrutement aujourd’hui », explique Dominique Saget, directeur du lycée Sainte-Marie, à Bagnols-sur-Cèze.
Quinze élèves en troisième "prépa-métiers" de son établissement ont accepté de participer à cette expérience. Pour la plupart, l’industrie et le nucléaire étaient des entités très abstraites. Grâce à ce séjour immersif, ils comprennent mieux le fonctionnement, les qualités et les débouchés d’une entreprise comme Orano Melox. « Je crois beaucoup en ce type d’action, on démystifie ce secteur d’activités. On montre ce qu’est l’entreprise, qu’on y est bien accueilli, qu’on peut s’y épanouir », poursuit le directeur de l’établissement.
Le secteur industriel en difficulté pour embaucher
Pour lui, il est essentiel que les jeunes soient le plus tôt possible familiarisés avec le monde du travail. Qu’ils aient conscience des qualités, des compétences qui vont leur être demandées en entretien d’embauche plus tard. Vision partagée par Erika Asensio de l’UIMM (Union des industries et métiers de la métallurgie) Gard-Lozère, qui souhaite « semer des graines dans l’esprit des élèves » et « rendre les métiers de l’industrie plus attractifs en changeant les mentalités. »
Ce changement de braquet est capital aujourd’hui. Le secteur industriel connaît d’importantes difficultés au niveau du recrutement. Dernièrement dans les usines Orano du sud-est de la France, une salve de 70 postes en CDI étaient à pourvoir. Et tous les emplois n’ont pas trouvé preneur : « Depuis le printemps, il y a une grande reprise sur le marché du travail. Notre secteur connaît des tensions. Tout le monde demande les mêmes profils, les mêmes compétences… », indique Bruno Girard, directeur de l’emploi et de la formation du groupe Orano dans le périmètre Sud-Est de la France.
Orano Melox embauche en CDI 300 personnes par an
Pour lui, « il y a un désamour de l’industrie. On a l’image d’usines poussiéreuses alors que l’on vit avec la robotisation, la digitalisation. » C’est pourquoi, il applaudit cette immersion des élèves de Sainte-Marie. C’est un exemple de ce qui peut-être fera naître des vocations… Et surtout de ce qui peut réenchanter ces métiers à l’image parfois erronée et qui pourtant offrent de nombreux avantages. Notamment une sûreté de l’emploi imparable. Rien que dans les usine Orano du sud-est de la France, 300 CDI, 100 CDD, 200 alternants et une cinquantaine de stagiaires sont recrutés chaque année. Et ce sont des emplois à côté de chez soi. Et cela devrait encore s’accentuer dans un contexte national où on prône la relocalisation de l’économie.
Pendant ces deux jours et demi, les 15 élèves ont rencontré des salariés d’Orano Melox et découvert différents métiers. Ils ont particulièrement aimé la simulation de la boîte à gants et ont été surpris des nombreuses règles de sécurité appliqués dans l’enceinte du site. Ils ont rédigé un carnet de bord où ils ont pu consigner tout ce qu’ils avaient appris et aussi leurs impressions. « Quand on vous parlera de nucléaire, vous saurez mieux de quoi on vous parle, vous pourrez vous faire votre propre opinion », a conclu Dominique Saget. Il espère que certains choisiront des formations en alternance, qui aujourd’hui peinent à trouver des candidats alors que les entreprises sont en grande demande.
Marie Meunier