Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 03.02.2022 - marie-meunier - 4 min  - vu 900 fois

FAIT DU JOUR Plus de 6 millions d'euros pour favoriser la biodiversité

Le syndicat mixte des Gorges du Gardon a obtenu un financement pour le projet LIFE Terra Musiva, lauréat parmi 52 projets européens.
Le programme LIFE Terra Musiva a été présenté ce mercredi à la Maison du castor de Collias, en présence des membres du syndicat mixte des Gorges du Gardon et de tous les partenaires du projet. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Le projet du syndicat mixte des Gorges du Gardon et ses partenaires fait partie des 52 projets retenus sur 420 candidatures. (Marie Meunier / Objectif Gard)

"L'érosion de la biodiversité, au même titre que le dérèglement climatique, constitue un défi majeur à l'échelle de la planète", introduit Dominique Andrieu-Bonnet, présidente du Syndicat mixte des Gorges du Gardon (SMGG). Alors, elle était particulièrement fière d'annoncer l'obtention de financements pour le projet LIFE Terra Musiva ("Terre de mosaïque"(*)), s'élevant à 6,1 millions d'euros.

Le projet du SMGG fait partie des 52 projets européens lauréats (dont seulement cinq français) dans le volet "Nature et biodiversité" sur 420 candidatures. Et la fierté est d'autant plus grande quand on sait que le projet gardois a été accepté dès son premier dépôt de dossier, ce qui est rare. Pour la présidente, cela illustre la compétence du syndicat mixte qui a déjà à sa charge sept sites Natura 2000, (**) des gorges du Gardon jusqu'à celles de la Cèze.

Pour mener à bien ce projet, le SMGG s'est entouré de huit partenaires : le conseil départemental, le CEN Occitanie, la chambre d'agriculture, le CoGard, les Écologistes de l'Euzière, la Fédération départementale des CIVAM du Gard, le CPIE du Gard et la commune de La Capelle-et-Masmolène. Chacun porte des actions en lien avec ses compétences. Le projet est soutenu à hauteur de 4,580 millions d'euros par l'Union européenne, mais la Région Occitanie (400 000€), l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée Corse (336 772€), le ministère de la Transition écologique (200 000€) et la fondation du groupe EDF (10 000€) mettent aussi la main au porte-monnaie.

"51% des espèces présentent un état de conservation dégradé"

Mais concrètement qu'est-ce que ce projet LIFE ? Il s'est lancé à partir d'un constat : "80% de l'habitat et 51% des espèces présentent un état de conservation dégradé dû à la destruction de l'habitat, à la fermeture de milieux, au recul du pastoralisme, aux pratiques agricoles à repenser, aux invasions d'espèces nuisibles ou encore à la pollution lumineuse...", contextualise Dominique Andrieu-Bonnet.

La biodiversité est riche mais fragile. Elle peut vite se retrouver menacée. Grâce à ces 6,1 millions d'euros, le SMGG et ses partenaires veulent mener des actions concrètes en faveur de la préservation des espèces animales et végétales. Le programme est prévu sur cinq années. La première sera consacrée à fixer un calendrier cohérent et synthétiser toutes les connaissances existantes. Ces études-là, menées par les Écologistes de l'Euzières, devraient s'étaler jusqu'au premier semestre 2023. Toutes les actions seront évaluées ensuite sur leur efficacité.

On sait déjà que 71% du budget sera dédié à la conservation des espèces et des milieux. "Parmi les travaux importants, il va y avoir 550 hectares de travaux d'ouverture de milieux pour faire venir certains animaux comme l'aigle de Bonelli, des créations de mares, de crapauduc (sortes de tunnels permettant aux amphibiens de passer sous la route et donc de ne pas risquer de se faire écraser, ndlr), la protection de 170 hectares de ripisylves (forêts présentes sur les rives des cours d'eau, ndlr) sur la Cèze et le Gardon...", égrène la présidente du SMGG.

Amener les agriculteurs vers des pratiques respectueuses des autres espèces

Si ces actions favorisent la biodiversité, elles ont d'autres bénéfices : "Cette ouverture des milieux réduira le risque incendie et après les ripisylves sur les berges offriront une meilleure résilience aux inondations pour 50 communes." L'idée du programme LIFE est aussi de créer une dynamique économique : "Entre le syndicat mixte, les associations et les structures extérieures, cela fera 60 personnes mobilisées. On table sur la création déjà de cinq emplois et aussi des stages étudiants. Il y aura aussi de la formation, une montée en compétence et un véritable travail mené avec les agriculteurs", poursuit Dominique Andrieu-Bonnet.

La mission sera endossée par la Fédération départementale des CIVAM du Gard (Centres d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural) qui pilotera des actions d'accompagnement pour les agriculteurs en faveur de la biodiversité (échanges, formations...). La chambre d'agriculture guidera aussi les éleveurs, notamment pour lutter contre le parasitisme.

Un musée mobile logé dans un camion

Une partie du budget (12%) sera aussi investie dans l'information à la population, pour qu'elle soit "ambassadrice" de cette biodiversité même une fois le programme terminé. Un point d'information itinérant avec un musée mobile logé dans un camion vont être créés. Le CPIE (Centre permanent d'initiatives pour l'environnement) du Gard proposera aussi à plusieurs classes d'avoir une aire terrestre éducative. C'est-à-dire "offrir la possibilité aux classes d'être gestionnaires de leur espace naturel, d'inventorier les enjeux, de maîtriser le plan de gestion, de prioriser actions…", détaille Sophie Drocourt, coordinatrice de projets.

Tous les partenaires présents sont ravis de prendre part à ce projet pluridimensionnel. Sébastien Forest, directeur adjoint de la DREAL Occitanie, a salué la cohésion qui régnait sur le territoire : "On observe parfois des conflits entre petites bêtes et des projets de développement des élus. Ici, on sent bien qu’il y a volonté de les concilier." Aurélie Genolher, conseillère régionale déléguée au Bien-être animal, applaudit aussi à ce programme qui va dans le sens du schéma régional de la biodiversité et soulignant que "45% du territoire de la Région est reconnu comme espace d’intérêt écologique et 18% est classé Natura 2000."  Xavier Gayte, le maire de La Capelle-et-Masmolène, et elle ont espoir que ce programme LIFE annonce les prémices d'un futur parc naturel régional des Garrigues. Un projet évoqué depuis plus de 10 ans et qui en ce moment en phase d'étude d'opportunité, géré désormais par le PETR Uzège-Pont du Gard.

Marie Meunier 

(*) Ce nom faisant référence à la mosaïque a été choisi pour évoquer la diversité des milieux du territoire : milieux ouverts, milieux humides, milieux boisés, milieux résidentiels ou encore milieux agricoles...

(**) Les sites Natura 2000 sont le Gardon et ses gorges, le Camp des garrigues, les garrigues de Lussan, la Cèze et ses gorges, l'étang et les mares de La Capelle-et-Masmolène.

Marie Meunier

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