Le lien entre parlement européen et élections municipales n’était pas que géographique ce matin, puisque Julien Sanchez a été désigné directeur de campagne du RN pour les municipales de 2026. Celui qui avait arraché la victoire à Beaucaire il y a dix ans l’a martelé, « dix ans après, nous sommes toujours là, et nous allons rester. » Les municipales qui constituent, pour l’heure, le prochain arrêt pour le RN, avec un objectif : conserver les mairies acquises, et en chercher de nouvelles.

« On compte sur vous pour que Nelson (Chaudon, ndlr) soit élu et pour aller chercher d’innombrables autres communes dans le Gard et toute la région, lancera Jordan Bardella devant une foule de 150 personnes acquises à la cause, mais aussi une quarantaine d’opposants aussi remontés que sonores. Les plus belles batailles sont devant nous. » Et le président du RN de se rengorger sur la trajectoire ascendante du parti d’extrême droite (« il y a deux ans, nous étions six à l’Assemblée nationale, aujourd’hui 143 avec nos alliés d’Éric Ciotti », « nous avons la plus grosse délégation nationale au parlement européen devant la CDU allemande »), avec des cadres convaincus, dira Julien Sanchez, que « le peuple est avec nous, notre heure est venue. » Les déboires judiciaires de Marine Le Pen, qui ne sera citée qu’une fois sur tous les discours, et encore en fin de celui de Jordan Bardella pour dire qu’elle est « extrêmement solide », semblent loin.

L’Europe, il en sera tout de même question, puisqu’on inaugurait la permanence d’un parlementaire européen. « Ce mandat est important, beaucoup de choses se décident à Bruxelles et Strasbourg, commencera Julien Sanchez. J’y vais pour être votre porte-voix, je donne tout pour vous défendre et porter vos revendications. » Plus tard, Jordan Bardella reprendra les éléments de langage en évoquant la situation des agriculteurs : « nous avons toujours été à leurs côtés. » Applaudissements. Plus largement, le président du RN affirmera que « les choix sur les questions migratoire, agricole, industrielle détermineront si la France vivra au XXIe siècle, et nous sommes bien déterminés à ce qu’elle continue de vivre. »

Avant les prises de parole et en conclusion, les huiles du RN et leurs soutiens entonneront la Marseillaise, sans doute aussi pour recouvrir les chants des opposants, une quarantaine de personnes venus à l’appel de l’association Action citoyenne, antiraciste et antifasciste à Beaucaire. Laure Cordelet, sa présidente, soulignera qu’il était « très important de se battre contre le RN à Beaucaire même si on n’est pas très nombreux, car il ne faut pas penser que tout Beaucaire est RN. » Pour ce faire, elle a pu compter sur la mobilisation de membres du collectif No Pasaran Vaucluse, mais aussi, entre autres, de militants de la France insoumise.

« Le RN est une imposture, avec la gestion antisociale et discriminatoire de Beaucaire, et au niveau national la trahison de son électorat, qui a voté RN pour virer Macron, et Barnier ne tient que grâce au soutien du RN », dénonce l’Insoumis Charles Ménard. Les manifestants, après quelques échanges tendus avec la police qui leur a demandé, en début de manifestation, de reculer de quelques mètres, avaient prévu ensuite de se rendre sur le lieu de la séance de dédicaces du livre de Jordan Bardella.

Certains de ses soutiens n’avaient pas attendu pour glaner un autographe du président du RN en lui tendant leur exemplaire de « Ce que je cherche » dès la coupure du ruban de la permanence, alors que les opposants continuaient de se faire entendre. « Ce sont les mêmes qui militent pour interdire mon livre en librairie, avait dit d’eux un peu plus tôt Jordan Bardella. Mais plus ils veulent nous empêcher de parler, plus les Français nous écoutent. »