ASSEMBLÉE NATIONALE Pierre Meurin, député RN de la 4e circonscription : « J’ai tendance à agir et à réfléchir après »
C’est à Barjac, village où le candidat du Rassemblement national (RN) avait loué un Airbnb le temps de sa campagne, que nous rencontrons Pierre Meurin. Aujourd’hui député, le jeune homme de 32 ans se rendra ce mercredi à l’Assemblée nationale pour sa rentrée parlementaire. Gare aux apparences ! Derrière son aspect plutôt sobre se cache un stratège politique.
Objectif Gard : Qu’avez-vous fait depuis votre élection, ce dimanche ?
Pierre Meurin : On a d’abord rangé tout le matériel stocké dans le Airbnb que nous avons loué à Barjac pour la campagne. Dimanche soir, nous avons fêté la victoire avec ma famille et des militants. J’ai passé aussi pas mal de coups de fil. Je monte à Paris ce mercredi pour la première réunion de groupe des 89 députés Rassemblement national de l’Assemblée nationale. Ma nouvelle bande de copains !
« Aujourd’hui, je me considère comme Gardois »
Et vous comptez redescendre ? C'est le principal reproche qui vous a été fait pendant la campagne...
Oui. Aujourd'hui je me considère comme Gardois. Dès lundi, alors que la campagne était finie, je suis allé voir les habitants de Navacelles, la première commune où j’ai tracté. Je leur avais promis de revenir les voir si je gagnais. C’est chose faite, je tiens mes promesses. D’ailleurs, je compte retourner plusieurs fois sur le terrain pour tester le sentiment des gens face à l’actualité.
Vous n’habitez pas sur la 4e circonscription. Maintenant que vous êtes élu, comptez-vous vous installer ici ?
Oui, je vais chercher une maison pour ma famille vers Navacelles, Les Mages ou Les Fumades. Nous sommes originaires de la Loire. Je compte évidemment venir avec ma femme qui est orthophoniste, mes deux enfants Grégoire et Thibault. La troisième en route, elle devrait naître en août.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous engager en politique ? Vos parents eux-mêmes sont-ils politisés ?
Pas du tout. Mon père est ingénieur agronome de formation et il a aujourd'hui repris une boîte industrielle dans la charpente métallique. Ma maman est mère au foyer. Nous étions quatre dans la famille, dont trois garçons. J’ai commencé la politique à la fac lorsque j'ai adhéré à l'UNI (Union nationale inter-universitaire), un syndicat de Droite adossé à l'UMP (ancien nom du parti Les Républicains, NDLR). J'ai toujours eu le sens du bien commun avec des convictions bien arrêtées. D’ailleurs, je ne suis jamais allé bien loin : j'ai adhéré au parti de Philippe De Villiers, puis à celui d'Éric Zemmour et maintenant au Rassemblement national.
« Je suis un catholique social »
Quel est votre courant de pensée ?
Je me considère comme un catholique social. Je suis conservateur sur les sujets de société, j’ai milité contre le mariage pour tous. Je suis contre la PMA (Procréation médicalement assistée) et la GPA (Gestation pour autrui). J’estime que l’on se rapproche de l’eugénisme avec la sélection embryonnaire. Sur le plan économique en revanche, je suis assez libéral. La libre concurrence de notre économie avec l’arrivée de marchandises chinoises à bas coût pose problème. Il faut aller alléger les charges pour nos entrepreneurs.
Pour en revenir à votre parcours, vous avez quitté Éric Zemmour au plus fort dans les sondages pour rejoindre une Marine Le Pen en difficulté à ce moment-là. On peut dire que vous avez eu le nez creux...
(Il sourit) Pourtant, on m’a dit que j’étais con quand je suis arrivé chez Zemmour et on m'a dit la même chose quand j'en suis parti ! Au départ, je pensais vraiment que son projet politique pouvait être génial, qu’il allait ressortir « le Kärcher » et le « Travailler plus pour gagner plus » de Nicolas Sarkozy, en ajoutant une jambe sociale forte, au regard de la crise des Gilets jaunes. Sauf qu'Éric Zemmour a fait une campagne de chroniqueur politique en étant candidat ! Je ne le sentais plus... Ça m’a soulé ! En plus, je m’occupais seul du maillage territorial et de l’organisation militante. J’ai vite été déçu, j’ai compris qu’Éric Zemmour allait être incapable de séduire l’électorat populaire et féminin. J’ai quitté le mouvement en février.
À quel moment rejoignez-vous Marine Le Pen ?
Pas de suite... Je me suis alors mis un peu à l'écart de la vie politique en travaillant dans les énergies renouvelables. Mais quand j’ai vu le meeting de Marine Le Pen à Reims à la télévision, j’ai vu une femme solide et résiliente. J’ai su que c’était elle l’avenir de notre courant de pensée. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui écrire un mail dans la foulée, au culot. Je lui ai proposé un déplacement à Sancerre, qui venait d'être élu village préféré des Français dans l'émission de Stéphane Bern. Je lui ai suggéré le concept de "déplacement joyeux". Ça a dû lui plaire car elle m'a téléphoné en personne pour me proposer d'être candidat sur la 4e circonscription du Gard. Ce n'était pas mon projet de devenir député, mais j'ai dit oui de suite. Je suis un fonceur, un intrépide.
Est-ce à dire que vous êtes un impulsif ?
Non, je suis assez intuitif. J’ai tendance à agir et après à réfléchir.
« Je ne suis pas obsédé par l’argent »
C’est votre première élection. L’Assemblée nationale vous impressionne-t-elle ?
Non, je suis plutôt impatient que tout se stabilise pour porter la voix des gens. Ce qui m’a le plus marqué pendant la campagne, c’est leur ras-le-bol. Systématiquement j’entendais leur colère concernant la hausse du prix de l’essence et la baisse du reste à vivre. Regardez : aujourd’hui, les classes moyennes confortables n’existent plus.
À l’Assemblée, vous êtes dans l’opposition. Pensez-vous pouvoir être utile ?
En tous cas, je ne suis pas sûr que le travail d’opposition soit inutile. La santé démocratique c’est aussi que l’opposition fasse son travail d’opposition. Il faudra que l’opposition soit argumentée et solide. Il n’y a pas beaucoup de points sur lesquels je suis d’accord avec Emmanuel Macron.
Ne craignez-vous pas une éventuelle dissolution ?
Tout dépendra si cette assemblée est gouvernable. Il y a quand même une majorité relative. S’il arrive à s’entendre sur des points avec Les Républicains et quelques socialistes, Emmanuel Macron peut trouver des majorités de textes…
Que répondez-vous à ceux qui s'inquiètent de l'arrivée de députés du Rassemblement national considéré par certains comme un parti politique "raciste" ?
Je les mets au défi de trouver chez Marine Le Pen une vision raciale de la société. Contrairement à ceux qui nous accusent d'ailleurs, qui eux-mêmes participent à des ateliers en non-mixité raciale...
Où sera située votre permanence et qui seront vos collaborateurs ?
Au milieu de la circonscription, je pense prendre un truc simple avec un terrain de boule. Je ne suis pas du tout obsédé par l’argent. Le confort et l’argent n’ont jamais été mon truc. Pour mes collaborateurs, le casting est en cours…
Enfin, quelle sera votre première proposition de loi ?
C'est difficile, j'en ai des tas. Je proposerai que chaque euro versé en faveur des villes urbaines le soit aussi dans la ruralité. Il faut également laisser les communes s'associer librement entre elles. S'il y a une une proposition à défendre, ce serait le referendum pour mettre fin à l'immigration. Sinon, concernant le territoire, je vais regarder le dossier de la 2x2 voies entre Alès et Nîmes. Je vais également proposer une rencontre à tous les maires de la circonscription, en essayant de convaincre les plus réticents à me recevoir (relire ici). À chaud, je peux comprendre leur attitude...
Propos recueillis par Tony Duret et Coralie Mollaret