ALÈS Cinq ans après sa naissance, le Comptoir des halles a conquis les palais alésiens
Ce vendredi 20 mai est un jour particulier pour Vincent Behgdad, gérant du restaurant le Comptoir des halles qui fête ses 5 ans. Devenu incontournable, l'établissement doit sa réputation au talent de sa cheffe, Solène Seguin, ainsi qu'à la bonhomie de l'équipe dans son entièreté.
Le temps où le Comptoir des halles ne servait qu'une vingtaine de repas par jour paraît bien loin. Cinq ans tout pile après son ouverture le 20 mai 2017 en pleine Feria de l'Ascension, l'établissement s'est taillé une solide réputation le plaçant depuis le début de l'année à la première place du classement des restaurants alésiens établi par Tripadvisor. "Une fierté" pour le jeune Vincent Behgdad (32 ans), natif du quartier de Rochebelle à qui l'on promettait jadis un avenir morose.
Ce véritable touche-à-tout qui n'aimait "pas du tout" l'école a eu le nez creux en investissant dans ce local situé à deux pas des halles de l'abbaye d'Alès, alors placé en liquidation judiciaire. "À l'époque il a fallu tout refaire. Je suis parti de zéro", rejoue celui qui a d'emblée été attiré par "l'immense terrasse", laquelle est en mesure d'accueillir, mi ombre mi soleil, jusqu'à 100 personnes par service, "quasiment non-stop de mars à octobre".
Apprécié pour son bagout naturel inégalable et sa bonne humeur permanente, le gérant est un vrai personnage. "Quand je n'ai pas trop le moral, je viens ici et je sais que je repars avec le sourire", confie une habituée. "Pour faire ce métier il faut avoir une sensibilité pour comprendre les gens, s'intéresser un minimum à leur vie, analyser leur humeur du jour et s'adapter", confirme le trentenaire, ancien patron du bar Le 911 qui vient d'être détruit dans le cadre de la rénovation urbaine du faubourg du Soleil.
Fondé sur le talent de Solène Seguin, cheffe de cuisine recrutée il y a quatre ans, laquelle propose chaque jour des plats généreux à base de produits frais et de saison qui changent régulièrement, de sorte que "même les fidèles ne se lassent pas", le succès du Comptoir des halles repose aussi sur une entreprise conçue en famille, le papa et la maman étant quotidiennement présents en renfort pour servir les clients. "Véronique, ma mère, c'est l'âme du restaurant", glisse Vincent, en référence à celle qui a toujours un bon mot pour rire.
L'ex-limonadier ayant fait ses gammes au Café du Centre à Anduze n'a d'ailleurs pas son pareil pour dégainer un pas de danse chaloupé et amuser la galerie. Car un service au Comptoir des halles ne se conçoit pas sans musique. Les tubes de Julio Iglesias diffusés dans les enceintes du restaurant ne laisse jamais de marbre le gérant qui se définit comme "un grand romantique". Amoureux de la vie, Vincent Behgdad la croque à pleines dents, comme ses clients croqueraient dans un hamburger à l'italienne récemment à l'ardoise d'un restaurant qui n'a "jamais eu de carte".
Si la musique occupe une place de choix dans son cœur, la décoration de la salle traduit aussi une passion pour le cinéma. "Avec ma mère on adore ça, c'est pour ça qu'on travaille en collaboration avec le Cratère en accueillant souvent leurs artistes", précise l'enfant de Rochebelle. Autant d'éléments qui contribuent à donner une âme à part à l'établissement. "Chez moi, c'est la France de demain, s'émerveille le restaurateur. C'est cosmopolite et intergénérationnel. Il y a toutes les catégories sociales, des banquiers et des avocats mais aussi des jeunes sans emploi. Tout le monde est le bienvenu !"
De temps à autre, le Comptoir des halles accueille aussi des stars. Dernièrement, les journalistes Anne Nivat et Jean-Jacques Bourdin, ainsi que les acteurs Lionel Astier et Moussa Maaskri y ont fait escale. "Star ou pas, on sert tout le monde de la même manière", commente celui qui aime plus que tout "la simplicité" et "l'humilité". Désormais au sommet, tout au moins très au-delà de ce que le gamin qu'il était s'autorisait à rêver, Vincent Behgdad savoure : "J'ai trouvé ma voie. Je fais un métier que j'aime. Et ça, ça n'a pas de prix !"
Pour maintenir le cap à l'heure où s'amorce une soirée estivale éprouvante, marquée par l'ouverture du restaurant en soirée, l'hyperactif mise sur une condition physique d'enfer, alternant entre football avec le Club athlétique bességeois, tennis et padel. Travailleur acharné, pas effrayé à l'idée d'affronter une journée de quinze heures de travail, le gérant conclut : "Pour réussir dans la restauration, il ne faut pas que l'argent soit un moteur." Il en faudra pourtant un peu pour achever le projet de rénovation de la devanture du restaurant, avant d'entreprendre un chantier visant à proposer une terrasse couverte à ses clients dès l'hiver prochain.
Corentin Migoule