ALÈS Cratère : la saison prochaine promet de décrocher la lune
Imposante, originale, la saison annoncée ce mardi soir aux partenaires du Cratère par son directeur, Olivier Lataste, fait saliver par son ampleur et sa diversité. Nouveaux tarifs et nouveaux partenariats cherchent à attirer un public rajeuni sur les fauteuils de la scène nationale et de ses satellites.
"Venez décrocher la lune". Plus qu'une invitation, la formule qui chapeaute la saison 2022/2023 du Cratère à Alès est un appel à l'émerveillement que procure le spectacle vivant. Un appel, aussi, à fréquenter à nouveau les salles de spectacle quand les cinémas voient leur audience en chute libre et que le Cratère, pourtant rarement sans fauteuil vide, a enregistré 1 500 abonnés l'an dernier contre 2 500 l'année d'avant. La présentation de la saison, délivrée aux partenaires et mécènes du théâtre ce mardi soir, a aussi permis au directeur arrivé en octobre d'imprimer sa marque.
Chose faite dès l'introduction par Olivier Lataste qui a délivré les trois axes du "nouveau projet" qui guide la vie du Cratère : "un lieu de fraternité" et un théâtre ouvert sur son "univers urbain et rural" afin d'en "diversifier le public". Un "lieu d'innovation" ensuite, par le "métissage des disciplines et le croisement des esthétiques". Du théâtre, certes, mais aussi du cirque, de la musique, des marionnettes, plus de hip hop, etc. Enfin , un "lieu de création" qui fait de la scène nationale un "centre de recherche du travail artistique" avec, cette prochaine saison, huit compagnies associées, dont deux Gardoises, les autres provenant d'Occitanie.
Avant même l'accueil de la lune géante de 7 mètres de diamètre sur la scène du Cratère, du 24 juin au 10 juillet (sur laquelle Objectif Gard reviendra longuement...) et le festival des arts de la rue Cratère surfaces, du 7 au 9 juillet, les abonnements nouvelle génération seront en vente à partir du 18 juin pour la nouvelle saison. La désormais "Carte céleste" permet de réserver trois spectacles dès cette date. Elle délivrera aussi des réductions pour l'adulte qui accompagnera un enfant au théâtre.
Anton Tchekhov, François Morel, Rebecca Dautremer, Gaël Faye, Rachid Ouramdane, le ballet Prejlocaj, Mourad Merzouki et Charlélie Couture
Côté scène, l'éclectisme n'empêche pas la volonté d'exhaustivité. En clair, ce n'est pas parce que l'offre est très diversifiée qu'on n'a pas envie de tout voir. Magie et jonglage du spectacle Apesanteur lanceront la saison, lors du week-end des Journées du patrimoine. La saison débutera vraiment le 5 octobre avec La Mouette, d'Anton Tchekhov, par le collectif MMX. Le mois d'octobre verra aussi les multi-instrumentistes ukrainiennes Dakh Daughters enflammer la scène, en passant du chant folklorique au rock endiablé.
Toujours en octobre, un aquarium de verre et d'acier de 8 000 litres - élaboré par Franz Clochard de Mécanique vivante, à Champclauson - servira de scène à deux circassiens en apnée pour leur spectacle Out of the blue. Le mois d'octobre recevra aussi des danses mélangées de hip hop et flamenco ou encore une Conférence ébouriffée de l'illustratrice de génie et auteure pour enfants, Rebecca Dautremer. Avant une semaine consacrée au hip hop.
François Morel investira la scène au mois de novembre avant le Terya circus, une troupe de treize circassiens originaires des rues de Conakry, capitale de la Guinée. Un souffle puissant d'énergie et de récit. Après la folie burlesque chantée des Frères Jacquard, novembre verra aussi l'adaptation de Petit pays de Gaël Faye, livre lauréat du Goncourt des lycéens en 2016 qui évoque le génocide rwandais à hauteur de regard d'enfant.
Dans la série Jazz millésimé et taste-vin, le dernier dimanche de novembre fera résonner kora africaine et piano cubain entre Omar Sosa, Seckou Keita et Gustavo Ovalles. Avant deux dates importantes en décembre : Féminines, sur la création de la première équipe de foot féminine à Reims, et dont l'auteure vient de recevoir le Molière de l'auteur francophone vivant justement pour cette pièce ; puis Corps extrêmes, du Nîmois de naissance Rachid Ouramdane qui met danseurs, circassiens, et slack-liner face à la gravité. Un concert de Charlélie Couture et des spectacles jeune public concluront l'année.
Dix-neuf autres communes concernées par la programmation en plus d'Alès
L'année 2023 s'ouvrira avec le poète/rappeur/slameur Kery James avant une comédie qui devrait remplir la grande salle trois soirs d'affilée, Drôle de genre, avec Lionnel Astier et Victoria Abril. Le deuxième semestre de programmation verra pêle-mêle passer par Alès le ballet Prejlopcaj ; un duo classique et danse contemporaine autour de trois suites pour violoncelles de Bach ; Ibrahim Maalouf et François Delporte ; des Brésiliens engagés et iconoclastes pour une danse de possession, Encantado ; le grand Carmina Burana avec une soixantaine de choristes et une vingtaine d'enfants de la maîtrise du conservatoire Maurice-André.
En avril, après le triomphe de Vertical cette saison, Mourad Merzouki reviendra avec son nouveau spectacle, Zéphyr ; avant que l'humoriste Haroun ne délivre ses saillies très bien senties sur les bassesses ou les paradoxes humains. Débutée avec Tchekhov, la saison s'achèvera avec Shakespeare et son Beaucoup de bruit pour rien.
Cette sélection ne reflète évidemment pas avec une scrupuleuse honnêteté la totalité de la saison, notamment les spectacles décentralisées dans les communes l'Agglo et au-delà, soit 19 salles qui recevront un spectacle du Cratère. La saison sera présentée mardi 14 juin au grand public, au Cratère toujours, à partir de 19 heures, dans son exhaustivité. On verra alors si le public en sort aussi en salivant.
François Desmeures
francois.desmeures@objectifgard.com