ALÈS Sébastien Martinez : « Je peux retenir ce que je veux »
Ce soir, Sébastien Martinez sera dans la capitale de Cévennes dans le cadre de la Fête de la science. Il partagera quelques conseils lors une conférence débat où il livrera quelques clés pour améliorer la mémoire.
Objectif Gard : Quand avez-vous pris conscience que vous aviez une mémoire hors du commun ?
Sébastien Martinez : Pendant mes études. J’ai toujours aimé les sciences et je retenais ces matières facilement. En revanche quand c’était du français, de l’anglais ou de l’histoire, c’était impossible pour moi. À l’époque où j’étais à l’école des Mines d'Alès, je me suis planté lors de la validation d'un examen. C’est là que je me suis rendu compte qu’il y avait des méthodes pour perfectionner sa mémoire. J'ai surtout découvert le pouvoir d’apprendre à apprendre et à développer ces stratégies de mémorisation.
Avez-vous un don ?
Non, je n’ai pas de don. Je dirais que c’est plus une compétence à perfectionner. Je suis juste un humain avec un cerveau, et toute personne en bonne santé est capable de mémoriser beaucoup de choses.
« Aimer le sujet est un levier, mais ce n’est pas obligatoire »
En quoi cela vous est-il utile au quotidien ?
Cela me donne de la confiance, et ça me permet d’apprendre ce que je veux quand je veux. Ensuite, je transmets mon savoir à travers les formations.
Faut-il obligatoirement aimer un sujet pour l’apprendre ?
Pour mémoriser, il faut passer par trois étapes. L’attention, la capacité à associer et répéter. Si on aime le sujet, on va y passer plus de temps et cela va faciliter la mémorisation. Aimer le sujet est un levier, mais ce n’est pas obligatoire.
Vous êtes aujourd’hui formateur. Qu’enseignez-vous ?
Des stratégies pour pouvoir répondre à des problèmes. Les gens qui viennent me voir, veulent retenir des noms sur des visages, du vocabulaire dans une langue, des cours de médecine, des textes et des dates.
Vous avez été champion de France de mémoire. Comment se passe une compétition ?
Il y a plusieurs épreuves où il faut mémoriser des chiffres, des visages, des jeux de cartes. On a un temps de mémorisation et un temps de restitution.
Vous souvenez-vous de ce que vous avez mangé il y a trois jours ?
Il faut que je réfléchisse. Cela me demande de récupérer des indices. C’est facile puisque j’étais à Istanbul et j’ai mangé des spécialités turques.
Avez-vous parfois des oublis ?
Oui, souvent. Comme tout le monde. En fait je peux retenir ce que je veux et tout ce que je ne souhaite pas retenir, je ne le retiens pas.
« Le principe numéro un est de répéter »
Peut-on apprendre à oublier ?
Oui, et le principe numéro un est de ne pas répéter. Certaines informations sont faciles à effacer et d’autres sont émotionnellement plus difficile à éliminer.
Pouvez-vous nous donner quelques astuces pour améliorer la mémoire ?
On a deux modes attentionnels et on a besoin d’avoir des temps ou l’on ne fait rien du tout. Dans la journée, il faut s’octroyer des moments où l’on ne fait rien - mais vraiment rien ! -, pour laisser notre cerveau somnoler. Ensuite, pour mémoriser, on a besoin d’associer de façon un peu loufoque.
Avez-vous un exemple ?
J’étais il y a quelques jours en Turquie et je voulais apprendre le mot şarap qui veut dire vin en turc. Je ne suis pas capable d’associer ce mot de façon rationnelle, par contre, le fait d'imaginer un chat qui boit du vin en faisant du rap, cela permet de le mémoriser plus facilement.
Vous serez à l’école des Mines d’Alès ce soir. À quoi doivent s’attendre ceux qui viendront vous voir ?
On va parler du fonctionnement de notre processus de mémorisation. Nous allons aussi évoquer l’attention, l’association et la répétition. Il y aura des exemples concrets pour vivre de façon plus sereine avec sa mémoire.
Propos recueillis par Norman Jardin
Pour plus d'informations vous pouvez consulter le site de Sébastien Martinez ou celui de l'IMT Mines Alès.