ALÈS/BAGNOLS Grosse mobilisation contre le projet de réforme des retraites
La journée nationale de grève contre le projet gouvernemental de réforme des retraites a été très suivie, ce matin à Bagnols et à Alès, avant la manifestation départementale à Nîmes cet après-midi.
À Bagnols, il s’agit simplement « de la plus grosse manifestation depuis 1995, du niveau de 1995 même », affirmera le secrétaire de l’union locale CGT Patrick Lescure à l’issue de la manifestation, qui a défilé de la place Urbain-Richard à la mairie. 800 personnes d’après les syndicats, 500 d’après la police, ont manifesté à l’appel de la CGT, de FO, de la FSU et des Gilets jaunes, une mobilisation importante dans une ville où les manifestations ne dépassent d’ordinaire pas les 300 personnes.
On y retrouvait des professeurs, du personnel hospitalier, des retraités, des pompiers et même quelques élus (le vice-président PS du Département Alexandre Pissas, ou encore les élus Bagnolais Denis Rieu et Rémy Salgues, pour ceux que nous avons aperçus) pour « dire non au projet de réforme des retraites de Macron, lancera au micro Mohammed Hammani, de la FSU locale. Le seul objectif de ce système individuel à points est de faire baisser les pensions et repousser l’âge de départ à la retraite. » Le calcul des pensions, qui serait défavorable aux salariés et aux agents de la fonction publique, est notamment pointé du doigt. Pour FO, Louise Moulas dénoncera « un système qui ne fera que des perdants » et appellera, d’une manière on ne peut plus claire, à bloquer l’économie. « Nous savons ce que nous avons à faire, la grève, la grève en continu, celle qui ne laisse aucun répit à nos gouvernants, celle qui bloque l’économie », lancera la syndicaliste.
Côté Gilets jaunes, Nadine Domis, choisie pour prendre le micro, affirmera que « aujourd’hui est un grand jour, pour un nouveau départ, tous ensemble, solidaires, pour montrer notre détermination et notre courage. » Le mouvement citoyen dira « non à la casse de nos acquis sociaux » et dénoncera, avec cette réforme, « une mise à mort de ceux qui ont cotisé toute leur vie. » Et les Gilets jaunes de se dire déterminés à « accompagner ce gouvernement jusqu’à la sortie. »
Enfin, Patrick Lescure, de la CGT, affirmera que le projet de réforme « consiste à casser le système de solidarité en laissant le champ ouvert à la finance et à l’assurance », avant de dénoncer les « enfumages » et les « mensonges » du gouvernement. « Nous sommes tous concernés, c’est un recul social sans précédent », lancera-t-il, invitant plutôt le gouvernement à obliger à l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, de quoi faire rentrer « 6 milliards d’euros par an dans les caisses de retraite » et à « regarder de près les baisses de cotisations consenties aux entreprises » pour combler le déficit à venir des caisses de retraites.
Rendez-vous est donné par les organisateurs demain à 17h30 devant la Poste, à Bagnols, pour « faire le point » sur la suite à donner au mouvement. D’ici là, les syndicats estiment à 400 le nombre de Bagnolais qui vont converger vers Nîmes pour la manifestation de tout à l’heure.
À Alès, comme à Bagnols-sur-Cèze, il s'agissait certainement ce jeudi matin de l'une des plus grosses manifestations depuis bien longtemps. Un patron de café alésien, habitué à voir défiler les cortèges, estime "que c'est le mouvement le plus important depuis 1995". Chiffrer précisément le nombre de manifestants est quasiment mission impossible tellement ils étaient nombreux devant la sous-préfecture à 10h et au départ du défilé le long du boulevard Louis Blanc vers 11h. Du côté des forces de l'ordre, on s'aventure autour d'un 3.200 manifestants. Il semblait y en avoir plus...
Si les chiffres sont indécis, la foule, elle, était vraiment déterminée autour d'un ennemi commun : Emmanuel Macron. Sur l'air de "Merci Patron", remplacé par "Merci Macron", les milliers de manifestants se sont fait entendre dans les rues du centre-ville d'Alès.
"On en a ras-le-bol. On se bat pour conserver nos futures retraites", lance au micro une représentante des facteurs gardois. "On a peur pour notre avenir. Nous les étudiants, on est présents et unis contre cette réforme", prévient Clara, élève au lycée Jean-Baptiste Dumas. "Ici, à Alès, on a été parmi les Gilets jaunes les plus tenaces de France. On continuera à descendre dans la rue et, s'il le faut, un an de plus !", clame une femme du mouvement des Gilets jaunes. Dans la foule, on a vu des retraités, des pompiers, du personnel hospitalier, des facteurs, des étudiants, des professeurs, des syndicalistes, des hommes politiques (essentiellement de gauche), des chômeurs, des Gilets jaunes ou encore des avocats devant le palais de justice... Bref, on a vu la France.
Thierry Allard (à Bagnols), Tony Duret (à Alès)