BEAUCAIRE Julien Sanchez candidat, la CCBTA en ligne de mire
C'est dans un petit chaudron que le maire sortant a fait sa petite cuisine. C'est dans une marmite qui crépite, un faitout en ébullition, que Julien Sanchez s'est présenté aux Beaucairois pour une intervention surprise.
Une surprise qui n'en était plus vraiment une dès les abords du Casino municipal où, fièrement exposées, étaient affichées les grands écriteaux de la campagne à venir. Oui, Julien Sanchez se présente à sa succession et oui il défendra son bilan.
300 voire un peu plus. Ils étaient 300 assis, nous ne parlons pas de la bataille des Thermopyles mais le défilé du jour était plus esthétique. La bataille qui va s'en suivre, elle, sera certainement plus âpre mais le sortant a ses défenseurs et ses partisans.
Au Casino municipal, était-ce l'actuel maire ou le futur candidat qui avait invité les Beaucairois à partager une galette des rois ? La confusion pourrait être de mise mais, apparemment, les présents ne s'étaient pas trompés et savaient pourquoi il leur fallait être là. Pour tirer leur roi et plus encore.
Un maire providentiel ?
En tout cas, le roi, celui que pourtant nul n'élit, était sur scène comme à la ville. Sur scène, justement, une douzaine de chaises accueillait l'équipe municipale actuelle ce qui renforce un poil la confusion. Dans la salle, de nombreuses têtes chenues et, parmi elles, quelques jeunes. Ici, le rire est décomplexé et l'engouement demeure intact. Tout Beaucaire n'est pas là mais, sans parler de claque, Julien Sanchez a fait venir les siens, la base de son électorat et des fidèles qui ne sauraient voir en lui autre chose que le maire providentiel.
La providence n'a pourtant rien à voir là-dedans ! Le bilan se défend mais s'attaque aussi. Le temps de l'opposition doit venir rapidement car si elle ose espérer être vizir à la place du vizir, le leader RN ne va pas chuter de lui-même. Loin de là. Dès l'entrée, la jeune garde tracte et accueille, à l'intérieur, il faut être vu. Le brouhaha s'élève, la musique aussi, il arrive.
À 50 jours de l'échéance, Sanchez semble prêt. Il a commencé par rendre hommage au doyen (94 ans) de sa liste avant de débuter le gros du propos. " Six ans de souvenirs... J'ai toujours été droit, fidèle et là pour vous. Tout cela crée des liens alors je vous le dis sans ménager le suspense, oui, je suis candidat ! " La salle exulte. " Mais revenons quelques années en arrière. Beaucaire devait sombrer dans les ténèbres... Oui, ils l'ont écrit. Ils jouaient sur les peurs et rien de tout cela n'est arrivé. Nous sommes animés par la bienveillance, l'honnêteté, la disponibilité, le dynamisme et la fidélité. C'est ce qu'on attend d'un maire et de son équipe " entame Julien Sanchez.
Encore une histoire de Coran
" Nous avons réparé Beaucaire, instauré des règles pour tous mais nous découvrons encore quelques surprises laissées par l'ancienne municipalité... " souligne le sortant qui gère une ville de 16 000 habitants. " Les bâtiments publics étaient à l'abandon, nous avons agi sur le commerce, augmenté le nombre places de stationnement, réhabitué les Beaucairois à revenir en centre-ville avec des animations culturelles. En 2014, on vendait des Corans sur la foire... C'est fini. Nous avons retravaillé foires et marchés pour plus de qualité. "
Autre enjeu sur lequel un élu du Rassemblement National est crédité ou discrédité par son électorat, la sécurité et le sentiment qui s'en dégage. " Il reste beaucoup à faire mais les chiffres sont bien meilleurs qu'ils ne l'étaient avant 2014. La Police municipale travaille maintenant 7j/7 et 24h/24 et nous sommes passés de 16 à 23 effectifs en mettant plus de moyens. Je suis fier des résultats. Toutes nos caméras de videosurveillance sont neuves et notre objectif est d'atteindre les 100 prochainement. "
Entre Provence et Languedoc, Beaucaire doit gérer un urbanisme galopant et complexe avec sa proximité du Rhône et son histoire antique. " Nous avançons avec le quartier de quatre hectares, Sud Canal. C'est en centre-ville, c'était à l'abandon et il y aura de l'habitat de qualité, notamment pour les personnes âgées, et de l'hôtellerie. Nous avons aussi travaillé sur la voirie et le budget des espaces verts a été multiplié par trois " poursuit le maire qui oublie de dire que les fournisseurs se font de plus en plus rare car les paiements sont visiblement trop tardifs.
" Nous avons pris peur "
Passons aux écoles, sujet primordial pour un maire car cette compétence est sienne. " C'est un vrai sujet. Leur état était impressionnant, nous avons pris peur ! Il y avait encore de la moquette et des bestiole, de l'eau coulait dans les classes et des bouts de façades tombaient. " Les travaux sont faits tout comme ceux du skatepark, pour qui, " si le Rhône avait débordé, cela aurait permis à certains de l'opposition d'avoir un orgasme ! " s'amuse Julien Sanchez le candidat taquin.
Prônant la solidarité en faveur des aînés, " ces gens sacrifiés qui parfois meurent la gueule ouverte ", les mises en place d'un service d'aide à domicile, d'une navette municipale, d'un foyer restaurant, des colis de Noël et des après-midis dansants, sont actives. Julien Sanchez tape dans le mille et la salle réagit.
Pour la culture ? " La bibliothèque est ouverte 35 heures par semaine contre 20 par le passé. Notre saison culturelle connaît le succès. Nous allons valoriser la Croix couverte et ses abords, aider les propriétaires pour ravaler les façades du centre-ville de notre cité d'Art et d'Histoire mais j'ai d'autres choses à vous dire... tout cela, nous l'avons fait sans augmenter les impôts. Mieux, nous avons baissé les trois taxes quatre années de suite ! "
Contre Beaucaire l'opposition ?
Pour tout maire et majorité, il y a une opposition. À Beaucaire, elle a, pour importe le parti ou l'idéal, toujours été difficile à cerner. Pour Sanchez, l'actuelle ne fait pas défaut à la tradition. " Elle est contre tout ce qui est bon pour Beaucaire. Certains ne disent pas bonjour, d'autres insultent, quelques uns montent sur leur chaise en Conseil municipal... On m'a même mis au tribunal pour la crèche que je fais en Mairie. " La sale hue. Le maire se lance dans une anecdote le mettant en scène au tribunal en compagnie de la représentante de la Ligue des Droits de l'Homme. On parle de Jésus et des Rois Mages, de culture générale et non de religion, la salle exulte. " Rien que pour cela, il fallait que je sois à nouveau candidat ! "
Le bilan est là, contestable ou non mais il est factuel. Les projets à venir sont aussi dans un coin du programme qui sortira dans les prochains jours et dont voici les principaux traits. Les chantiers en cours, comme ceux de Sud Cananl, de l'école Garrigues-Planes, de la voirie, de la zone des Milliaires (privée), de la halte SNCF, du nouveau poste de la Police municipale, du centre commercial de la Moulinelle... seront achevés. " Je suis fier mais tout n'a pas été facile, il y a ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas " confie le maire qui s'est félicité de trouver des subventions de l'État et de la Région là où, avant, Beaucaire ne demandait pas assez à son goût.
Réparer la CCBTA comme Beaucaire
" Nous avons des projets réalistes, réalisables et financés. Il faut être crédible et capable d'assurer. Ce que nous avons dit il y a six ans, nous l'avons fait. Reste un problème pour lequel vous venez me voir aujourd'hui mais pour lequel je ne suis pas encore compétent, la propreté et les ordures ménagères. Il y a une solution " explique Julien Sanchez. La solution, c'est de gagner la communauté de communes Beaucaire Terre d’Argence.
" Nous allons réparer la CCBTA comme nous avons réparé Beaucaire. Il faudra lancer le chantier de la salle de spectacles, valoriser le tourisme et en finir avec les marchands de sommeil. L'élection, c'est l'intercommunalité, je suis le seul candidat des quatre listes à pouvoir être président de la CCBTA car nous avons des alliés et des candidats soutenus par le RN dans toutes les communes. On pouvoir gagner grâce à la proportionnelle et si nos électeurs viennent voter, nous allons l'emporter au 1er tour à Beaucaire avec 60 % ! " assure le maire qui n'oublie pas ses adversaires.
Que dire d'eux ? " Ils me tapent dessus depuis six ans, une me suivait et prenait 300 photos de moi tous les jours ! " Une voix s'élève dans l'assemblée. " Elle était amoureuse ! " Et Julien Sanchez de répondre " C'est pas trop mon genre... " avant de poursuivre, " Je leur dis cela : soyez gentils et n'abusez pas de substances hallucinogènes. Nous travaillons avec tout le monde, je ne suis pas un paillasson sur lequel on s'essuie les pieds. Nous représentons les Beaucairois. "
Troislistes, aucun adversaire ?
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie en a aussi pris pour son grade et le premier édile a rappelé à son auditoire sa victoire devant la cour d'appel pour discrimination. Le reste de l'opposition n'est pas épargnée. Seule la liste communiste semble l'être. Compte-t-il appâter pour siphonner cet électorat ? Certainement. " Les deux autres listes sont opportunistes. Une est soutenue par LREM, c'est le suppléant de la députée de Beaucaire que l'on ne voit jamais à Beaucaire qui la mène. Ils ne représentent que le mépris et le sentiment d'impunité. "
Enfin, pour la dernière liste d'opposition, les mots ne sont pas tendres non plus. " C'est une liste d'aigris. Elle dit que la ville est endormie, c'est elle qui l'est. Elle est bien loin de son Unis pour Beaucaire qui n'est qu'une façade. Être maire c'est travailler plus que 35 heures par semaine. Elle dit qu'elle ne sera pas vraiment disponible, qu'elle pourra tout déléguer. Les habitants veulent le voir adjoints mais surtout le maire ! En six ans, j'ai pris moins de trois semaines de vacances. Elle ne connaît même pas les dates des élections, il n'y a qu'à voir son tract. Et pour une directrice d'école, que de fautes d'orthographe ! " conclut Julien Sanchez.