CANTON DE VILLENEUVE Les maires se coordonnent pour faire des économies d'énergie
Pour endiguer la montée des prix de l'énergie, les ménages français bénéficient d'un bouclier tarifaire. Mais pas les communes. On annonce aux maires des factures d'électricité multipliées par trois et par quatre pour le gaz. Cinq villes du canton de Villeneuve-lez-Avignon (Villeneuve, Les Angles, Rochefort-du-Gard, Saze et Pujaut) ont donc décidé de prendre des décisions communes à compter du 1er novembre pour faire des économies d'énergie.
Dans les gymnases et halles des sports, les consignes de température seront abaissées à 16°C. L'éclairage des stades, tennis et espaces sportifs extérieurs seront éteints à 22h au lieu de 23h. De même pour les monuments. Les bureaux administratifs et les écoles seront chauffés à 19°C la journée (21°C dans les maternelles). Un courrier sera aussi envoyé aux associations pour les inciter à appliquer les bonnes pratiques.
Concernant les festivités de Noël, les illuminations dureront quatre semaines au lieu de six (du 9 décembre au 8 janvier). "Cela reste un moment de rassemblement et de soutien à l'économie locale. On ne peut pas envisager de supprimer toutes les festivités. On maintiendra donc la patinoire, d'autant qu'on a un contrat sur trois ans avec la société et que nous ne subirons les augmentations sur les prix de l'énergie qu'à compter du 1er janvier 2023", indique Pascale Bories, la maire de Villeneuve-lez-Avignon.
La piscine sera fermée quatre semaines au lieu de deux entre décembre et janvier
Mais la structure la plus énergivore du canton, c'est probablement la piscine intercommunale Camille-Muffat de Villeneuve, en partie couverte. Avec la hausse des prix, le montant des factures pourrait là aussi s'envoler. Actuellement, l'électricité de la piscine coûte 55 000€, elle pourrait passer à 165 000€ en 2023, pareil pour le gaz qui est actuellement à 60 000€ et qui pourrait bondir jusqu'à 256 000€. La plus grosse augmentation concerne les produits d'entretien, eux aussi concernés par l'inflation, qui reviennent à 141 000€ et qui selon le prévisionnel, iraient jusqu'à 454 750€.
La charge financière, déjà importante, pourrait lourdement peser sur les budgets. Pour limiter l'impact, il a d'ores et déjà été décidé de fermer l'établissement quatre semaines cet hiver (au lieu de deux semaines habituellement) du 17 décembre au 15 janvier. Mais d'autres réflexions sont en cours. Peut-être abaisser la température de l'eau des bassins mais cela pourrait gêner l'atelier des bébés nageurs qui ont besoin d'une eau réchauffée à 32°C. Il faut aussi que les scolaires, qui sont tenus par l'Éducation nationale de suivre des cours de natation, puissent accéder aux bassins : "On est en train de voir ce que cela nous coûte, selon, on verra quelles mesures on prendra. On en dira plus fin novembre", atteste Pascale Bories.
"Il faut apprendre à vivre différemment et perdre nos mauvaises habitudes"
Malgré tout, l'inquiétude est palpable chez les maires : "On a estimé que globalement ces hausses vont consommer la quasi-totalité de notre autofinancement. (...) On espère que ces mesures vont nous aider à un peu le maintenir. Mais certains investissements, les moins prioritaires, risquent d'être stoppés si on n'a pas d'autres solutions", reconnaît la maire de Villeneuve-lez-Avignon. Même constat chez Sandrine Soulier, maire de Pujaut, qui n'arrive pas pour l'instant à équilibrer son budget 2023 alors qu'elle a déjà dû augmenter les taux d'imposition locaux cette année.
Pour passer le cap, les élus devraient voter, lors du conseil communautaire du Grand Avignon de ce lundi, l'augmentation de 10 à 15 millions d'euros d'un fonds d'aide aux communes en matière d'économies d'énergie. Un autre fonds spécial de 2 millions d'euros pour donner un coup de pouce aux communes afin de régler leurs factures d'énergie devrait également être entériné.
Toutefois, Paul Mély, 2nd adjoint des Angles qui devrait prendre la succession de Jean-Louis Banino, le rappelle : "Il faut apprendre à vivre différemment et perdre nos mauvaises habitudes. On a perdu la conscience que tout a un coût pour les collectivités mais aussi pour la planète." Depuis les confinements, les cinq communes avaient déjà mis en place des politiques d'éclairage public plus raisonnées en réduisant les horaires d'allumage ou en réduisant l'intensité lumineuse, comme à Saze.
Marie Meunier