ÉDITORIAL Covid et Ukraine : l'indispensable Europe
Un élan de générosité incroyable. Toute la France se mobilise pour l'Ukraine. Associations caritatives, communes, établissements scolaires, etc. Comme tous les Européens, le choc semble si immense que spontanément, presque machinalement, des gestes d'amitié et de générosité se font jour. Pour venir en aide à ceux qui ont tout perdu. Ceux qui fuit les bombes. Pour rejoindre la Pologne et retrouver un certain confort, si l'on peut dire cela. Un confort psychique au moins de ne pas voir sa famille, ses proches décimés en quelques éclairs dans le ciel. Dans cet épisode dramatique, l'Europe est devenue le centre des enjeux. Majorité comme opposition, dans tous les pays qui forment l'Union européenne il est crucial d'agir. Non pas sur les terrains de guerre, le risque est trop majeur. Mais sur le terrain de la diplomatie, de l'aide à la population. Le temps est aussi venu de se mettre autour de la table pour inventer les solutions de demain. Déjà les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne sont réunis depuis hier au château de Versailles pour trouver dans l’urgence les moyens de s'affranchir de la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. La Commission européenne pourrait d'ailleurs envisager une réduction significative de l’approvisionnement du gaz russe et diminuer même ses importations de pétrole. L'idée serait aussi de partager les stocks entre pays en fonction des besoins. Autre question cruciale : la défense. En matière de dépenses militaires des avancées sont à prévoir. Enfin, les conséquences de la guerre en Ukraine sur le plan économique seront terribles. La France va proposer d’adopter un nouveau plan de relance de 800 millions d’euros, sur la base d’un emprunt collectif. Alors que l'Europe était critiquée matin, midi et soir depuis longtemps, la crise covid et maintenant l'Ukraine prouvent donc l'indispensable nécessité d'une coopération sincère et pragmatique entre pays voisins. En lieu et place d'un retour à une souveraineté nationale prônés par quelques farfelus, le Vieux continent voit naître les signes d'une fédération de nations qui pourrait demain tenir la dragée haute aux États-Unis ou encore à la Chine. Et rien que pour cela...
Abdel Samari