ÉDITORIAL En attendant, on fait quoi ?
Sacré changement d'époque. Jean-Pierre Pernaut ne sera même plus là pour le raconter. Lui qui aimait tant être au plus près de l'information. Comme ce 6 octobre 1988 à Nîmes où il prenait l'antenne à 13 heures alors que la Ville venait de subir, quelques jours avant, des inondations gigantesques. Mais Jean-Pierre, ce qu'il aimait par dessus tout, c'était l'histoire des régions de France. Et les initiatives locales les plus utiles, les plus insolites. Les beaux marchés, le terroir, les traditions locales. Finalement, les actions des Français qui font de notre pays, un pays à part dans le monde. Souvent caricaturée, la France ce n'est pas que les grèves ou la baguette de pain. C'est aussi le pays du monde où l'on râle le plus. Là où l'on débat le plus. Là où l'on critique le plus. Là où l'esprit est souvent au rendez-vous. L'esprit Charlie auquel le monde entier à quelques exceptions, s'est associé voilà quelques années. Cette capacité de caricaturer, de moquer mais surtout d'aimer la différence. C'est aussi un modèle de démocratie où le pouvoir en place subit probablement le plus d'assauts de son opposition. C'est à la fois désagréable pour ceux qui agissent mais c'est surtout sain pour nous, peuple libre. La France, c'est aussi une voix. La plus récente autant que l'on s'en souvienne, celle de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères, devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York le 14 février 2003, contre la guerre en Irak. Hier, à la télévision, le président n'a peut-être pas mis la vigueur du ministre de l'époque mais il a porté un message clair, engagé face à la situation en Ukraine. Une situation dramatique au fil des jours, des heures où l'armée Russe empiète mètre après mètre sur ce pays voisin. Cette guerre sur le sol européen qui déstabilise le monde entier. Et qui aura des conséquences nombreuses. C'est le moment pour nos dirigeants de faire la démonstration de leur capacité d'agir. De prouver qu'ils ne sont pas à la tête des centres de décision par hasard. Rien ne serait pire pour eux, pour nous, que de tourner le dos par peur. Alors oui, il est évident qu'une souveraineté européenne sur le plan de la sécurité et de la défense se fasse jour. Mais aussi sanitaire et économique. La pandémie nous l'a prouvé. Pour ne pas dépendre des autres, il faut bien entendu créer les conditions de son autonomie. Mais ce ne sera pas pour demain la veille. En attendant, on fait quoi pour les bombes qui tombent sur des innocents ?
Abdel Samari