ÉDITORIAL Insécurité et délinquance : le bilan c'est maintenant
Il y a quelques jours, le ministère de l'Intérieur a rendu public son bilan intitulé "Insécurité et délinquance en 2021". Et l'on ne peut pas dire que les résultats soient particulièrement positifs. En France, les indicateurs poursuivent, voire accélèrent, en 2021 leur forte tendance haussière d’avant crise sanitaire. Ainsi, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) augmente très fortement sur la période (+12 %), +14 % pour les victimes de violences intrafamiliales et +9 % pour les victimes d’autres coups et blessures volontaires. La hausse est également très nette pour les escroqueries (+15 %) et encore plus forte pour les violences sexuelles (+33 %). Cette tendance négative s'observe également dans notre département. Les coups et blessures volontaires sont en augmentation de plus de 11% sur un an. Tout comme les escroqueries, de près de 15%. Les violences intrafamiliales progressent de 14% par rapport à 2020. Mais là où les chiffres de la délinquance enregistrent aussi une progression inquiétante en 2021 au niveau national, ils ont tendance à baisser dans le Gard. C'est le cas particulièrement pour les vols de voitures de plus de 14%. Enfin, les vols violents sans arme baissent de près de 21%. Le cabinet du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin n'a pas manqué de commenter ce bilan que l'on peut qualifier de contrasté et qui pourrait être l'un des boulets du président Emmanuel Macron au moment où ses concurrents feront le bilan de son action depuis cinq ans. Selon le Gouvernement pourtant l'augmentation des atteintes aux personnes s'inscrit dans le contexte de la libération de la parole et de la meilleure prise en considération de ce sujet par les forces de l'ordre. Par ailleurs, la hausse significative des escroqueries de 30% depuis le début du quinquennat s'explique notamment par l'augmentation de la cyberdélinquance. Des moyens inédits pour lutter plus efficacement contre cette nouvelle forme de délinquance sont d'ailleurs à l'ordre du jour. Comme ceux mis en oeuvre en matière de lutte contre les stupéfiants, qui commencent à porter leurs fruits. Attention toutefois à cette auto-satisfaction qui ne dit pas son nom. On se souvient il y a pile 20 ans, un certain Lionel Jospin avait fini à la 3e place un certain 21 avril 2002 à la surprise générale, lors du premier tour, après s'être voilé la face durant des semaines sur les enjeux d'insécurité au coeur de la campagne. Oui, Emmanuel Macron a investi au sein de la police en recrutant plus de 10 000 policiers et gendarmes sur le quinquennat. Mais un rapport de la Cour des comptes daté de 2021 rapporte que les effectifs supplémentaires de policiers n'ont pas vraiment eu l'impact attendu en matière de délinquance. Il faudra beaucoup de plus de temps pour le mesurer efficacement. Mais le Président sortant en aura-t-il suffisamment ?
Abdel Samari