ÉDITORIAL Les "thérapies de conversion" : le rendez-vous manqué du sénateur Laurent Burgoa
Les "thérapies de conversion", ces pratiques visant à imposer l’hétérosexualité aux personnes lesbiennes, gay, bi et trans (LGBT) vont désormais être interdites en France. Fort heureusement. Après l'Assemblée nationale qui s'est prononcée à l'unanimité pour son interdiction, c'est le Sénat qui, après d’intenses débats, a voté également en faveur de cette proposition de loi. Un texte adopté par 305 voix pour et 28 voix contre. Parmi cette poignée d'opposants, le sénateur Les Républicains du Gard Laurent Burgoa. Si le Nîmois a décidé de s'opposer au dernier moment, alors qu'initialement il était plutôt favorable, c'est en raison de l'une des caractéristiques de la future loi. Elle vise en effet à punir les pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne. C'est ce dernier aspect qui semble avoir gêné M. Burgoa. D'ailleurs, l'une de ses collègues avait déposé une dizaine d’amendements, tous rejetés, dont un visant à supprimer cette mention de "l’identité de genre", jugée mal définie. Selon le sénateur gardois, puisque les amendements n'ont pas été pris en compte, pas question de voter en l'état la future loi. "L'État n'est pas là pour dire aux Français qui ils peuvent aimer." La déclaration de Laurent Burgoa pourrait prêter à sourire si le sujet n'était pas aussi grave. Car bien entendu que le pouvoir public doit aider chacun à s'épanouir, notamment les plus vulnérables. Mais il doit surtout protéger. Selon la théorie du locataire d'un siège au sein du Palais du Luxembourg, "la recherche de l'identité sexuelle à l'adolescence est souvent un chemin difficile. Il faut donc laisser aux enfants le temps de se construire." Avec un tel raisonnement, circulez, il n'y a rien à voir. Avec quelques œillères, vous êtes protégé en plus. En tout cas, une chose est claire, comme son collègue Les Républicains Franck Proust, quelques années plus tôt au parlement européen, qui s'était abstenu sur le sujet, Laurent Burgoa a plongé les deux pieds dans les méandres de la vieille Droite rétrograde qui s'oppose pour quelques menus détails, à une évolution essentielle, positive et protectrice pour des citoyens en danger dans notre société. Rappelons que malgré son vote en opposition à cette nouvelle loi, elle a été adopté par le Sénat. Elle prévoit un délit spécifique contre les thérapeutes ou religieux qui souhaitent imposer l’hétérosexualité. Le texte punit de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende ces pratiques, et jusqu’à trois ans et 45 000 euros en cas de circonstances aggravantes, notamment lorsque la victime est mineure.
Abdel SAMARI