ÉDITORIAL Nouvelle prison : pour quoi faire ?
L'insécurité est l'un des thèmes de cette campagne présidentielle 2022. Les candidats à l'élection suprême sont la plupart dans la surenchère dès qu'il s'agit de proposer des solutions. Et pourtant, pour lutter contre, les présidents successifs de ces 20 dernières années se sont engagés dans des mesures, bonnes ou mauvaises. Et à créer plus de places de prison. Une chose est certaine, à Nîmes, Emmanuel Macron et ses différents ministres de la justice ont tenu parole. Il y aura bien une nouvelle maison d'arrêt. Ce n'est pas trop tôt à en juger par la surpopulation carcérale depuis des années. Pour construire une nouvelle prison, comme pour tout projet public, une concertation préalable est organisée. Cette fois-ci, c'est le ministère de la Justice qui s'en est chargé. Et la séance publique à Générac, il y a quelques jours, pose d'innombrables questions. Cela prouve une nouvelle fois aux porteurs de solutions miracles, que derrière une décision, ce n'est pas toujours blanc ou noir. Ici, donc, des militants des droits de l'Homme s'opposent carrément au projet, mais aussi à la surpopulation actuelle. Allez comprendre ! Ils ont, pensent-ils, un argument imparable : le projet de construction de cette nouvelle prison de 700 places n'a aucune corrélation avec la croissance démographique ou même avec l'évolution de la délinquance... La politique pénale est donc, toujours selon l'association, de plus en plus répressive pour répondre au sentiment d'insécurité chez les Français. Oui mais cela ne répond pas au problème de la surpopulation actuelle dans l'actuelle maison d'arrêt qui compte 196 places pour 420 détenus. Autre problématique soulevée par cette nouvelle implantation : le voisinage. Entre Nîmes, Milhaud et Générac, sur un terrain de 60 hectares, les propriétaires du coin s'inquiètent à juste titre. Leur bien va-t-il perdre de la valeur ? La succession des allers-retours va-t-elle engendrer des nuisances routières et sonores ? Probablement. Mais là encore Nîmes métropole, propriétaire du terrain, n'a pas l'intention de laisser ce futur centre pénitencier au milieu des champs, avec rien autour. Franck Proust, son président, souhaite créer de l'attractivité économique avec l'installation d'entreprises et des équipements publics essentiels comme le transport. La seule question en réalité et qui devrait faire débat durant cette présidentielle, c'est de savoir si la construction d'une prison est l'unique solution pour mettre hors d'état de nuire les délinquants ? Est-ce que des alternatives plus intelligentes, notamment pour les primo-délinquants, ne méritent pas l'attention des candidats ? Et d'une concertation nationale ?
Abdel Samari