ÉDITORIAL Toi qui penses comme Éric Zemmour que la parité a assez duré !
Quand on nous parle de féminisme, on pense tout de suite aux militantes enragées, seins à l’air, drapées de rouge, vociférant « le combat continue ! » Un préjugé, une caricature, construit après avoir regardé un vieux documentaire sur France 5, le dimanche soir. Il y a aussi ces femmes politiques comme Françoise Dumas. À 61 ans, la députée n’a de cesse de rabâcher l’importance de l’émancipation des femmes et de la sororité. Et puis il y a la vie, la vraie, et la dure réalité des chiffres. Sur le plan politique d’abord. Dans le Gard, seuls 65 maires sont des femmes sur un total de 351 communes. Ces dernières peinent à accéder au pouvoir. D’ailleurs aujourd’hui, aucune d’entres elles ne préside une intercommunalité. Ailleurs, ça va mieux. Surtout depuis les lois sur la parité. Aux Législatives 2007, si le Parti socialiste choisit d’investir Françoise Dumas sur la première circonscription, c’est bien pour satisfaire à son quota de femmes et s’éviter des pénalités financières. Comme quoi taper au portefeuille, ça vous réveille des consciences. Au-delà de la vie publique, le secteur privé a aussi son lot d’inégalités, conscientes ou inconscientes. D’accord, les femmes possèdent maintenant leur propre chéquier et peuvent travailler sans l’autorisation de leur mari. Ouf ! Mais les discriminations génèrent toujours des écarts de salaire ou des responsabilités attribuées en fonction du sexe et non des compétences. En proposant de mettre fin aux lois sur la parité, Eric Zemmour fait croire qu’il vante les vertus de la méritocratie. Or aujourd’hui les femmes ne veulent pas mériter leur place. Elles veulent qu’on leur fasse confiance, au même titre que les hommes. Voilà la nuance. En s’asseyant sur ces lois d’équité, Éric Zemmour prend surtout le risque de défaire toutes ces avancées.
Coralie Mollaret