ÉDITORIAL Ukraine : la politique en fonction du vent
C'est pas passé loin mais finalement le camp nationaliste sera bien sur la ligne de départ pour le premier tour de la Présidentielle dans quelques semaines. Pas sûr que tout le monde soit ravi de cette nouvelle mais la démocratie a parlé. Aidé quelque peu par des élus qui ne souhaitaient pas empêcher certains candidats de participer à ce moment électoral. Même François Bayrou a parrainé Marine Le Pen, c'est dire. Dans tous les cas, c'est un "ouf" de soulagement pour la fille Le Pen, pour Éric Zemmour et pour Nicolas Dupont-Aignan qui sont parvenus à rassembler les 500 parrainages nécessaires. On a gagné quelque chose : le débat ne sera pas centré sur ce sujet. Par contre, pas sûr que le niveau du débat y gagne au change. Surtout si les discussions continuent à tourner sur un seul thème : l'immigration et l'Islam. Car l'autre sujet du moment, bien plus grave à l'heure actuelle, c'est la situation en Ukraine. Alors que la guerre est déclarée entre la Russie et l'Ukraine à l'initiative des Russes, d'embarrassantes déclarations ou signes envoyés par deux des trois nationalistes à l'égard de Vladimir Poutine font froid dans le dos. Marine le Pen a d'ailleurs été contrainte de jeter à la poubelle un dernier document de campagne où elle posait fièrement avec le dictateur soviétique. Du côté du polémiste d'extrême-Droite, les archives sont aussi difficiles à supporter. Complaisant avec le régime russe, il défendait encore récemment Poutine face à ce qu'il appelle "le prisme de l’anti-impérialisme américain cristallisé par l'OTAN." Éric Zemmour voit même en Vladimir Poutine "l’exemple d’un dirigeant fort et autoritaire" et n'hésitait pas chez nos confrères du journal L’Opinion à déclarer qu'il se rêvait en Poutine français. Rien que cela. Aujourd'hui, alors que la donne a changé, comme par enchantement, tous prennent leurs distances avec le président russe. Jusqu'à quand ? Faire de la politique en fonction du vent, cela ne semble pas très sérieux non ? Un qui reste droit dans ses bottes, à tort ou à raison, c'est Jean-Luc Mélenchon. Condamnant l'intervention militaire en Ukraine, le leader de La France Insoumise tente de mettre le doigt là où ça fait mal : les causes de cette guerre. Et essaie d'aborder le sujet en se positionnant à l'intérieur de la tête de Vladimir Poutine. Hier à l'Assemblée nationale, il a aussi prôné une diplomatie capitale face aux va-t'en-guerre. Une position qui se défend. Une attitude en tout cas bien différente des autres candidats d'extrême-Droite qui devraient s'appliquer la citation la plus célèbre de Vladimir Poutine : "Il vaut mieux être pendu pour la loyauté que d'être récompensé pour trahison."
Abdel Samari