Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 03.05.2021 - boris-de-la-cruz - 2 min  - vu 9057 fois

ÉDITORIAL « Un commerçant en colère » ou comment balancer son restaurateur

Photo d'illustration DR

Triste époque, nauséabonde même. À chaque guerre, crise économique, ou situation difficile, la délation retrouve des couleurs. En ces temps de pandémie, rien de plus simple qu’un coup de fil ou une lettre anonyme pour accabler son ennemi, son voisin, son commerçant.

Cette semaine à Nîmes, un restaurateur a vu débouler dans son commerce les forces de police. Vous l’imaginez bien, ce n’est pas le célèbre flair policier qui a permis de suivre la trace jusqu’à la bonne odeur des cuisines de ce restaurant. Grilles fermées, les policiers nîmois venaient vérifier les dires d’un dénonciateur anonyme. D’après une source syndicale policière, ce délateur se surnomme lui-même dans un courrier anonyme comme « un commerçant en colère ». Une main invisible, accablante, et bien renseignée qui n’a pas hésité à balancer plusieurs restaurateurs et cafetiers nîmois qui se permettraient de légers arrangements avec les restrictions liées au covid et à la fermeture de leurs établissements décidée il y a plusieurs mois par les autorités. Et dans la lettre, il y a le nom de l’établissement, l’adresse précise et les horaires où les clients viendraient s’abreuver.

La semaine dernière à Nîmes donc, sept clients ont reçu des contraventions et le restaurateur est sous le coup d’une fermeture administrative. Une double punition pour un professionnel peut-être déjà en butte à des difficultés économiques en lien avec cette fermeture subie.

Ah bien sûr ce n’est pas bien de ne respecter la règle, mais comment en vouloir à des restaurateurs et patrons de bar fermés depuis près de 7 mois, contraints de vendre à la sauvette quelques plats et boissons à des habitués désœuvrés.

Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais cette attitude me donne des envies de festins, d’orgies dans des restaurants, de beuveries aux comptoirs des cafés. Histoire, peut-être, d’oublier l’espace d’un moment les délations « d’un commerçant en colère ». Allez tchin on trinque, mais surtout, attention de ne pas croiser « un commerçant masqué » qui arpente les rues de la ville à la recherche de comptoirs allumés.

Boris De la Cruz 

Boris De la Cruz

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