FAIT DU JOUR Après des heures difficiles, la vie reprend à l’Ehpad de Cendras
Ça chante, ça danse, ça vit ! Depuis le lundi 22 mars, la vie a (presque) repris comme avant à l’Ehpad la résidence l’Euzière, situé sur la commune de Cendras. Suite à une campagne de vaccination au sein de l’établissement, les familles ont pu faire leur grand retour.
Mercredi après-midi, au cœur du grand espace de vie de l’Ehpad de Cendras, la musique résonne à l’heure du goûter. Au menu, un appétissant gâteau au chocolat et quelques boissons fraîches. Une partie des 48 résidents de l’établissement est assise, bavarde ou observe en souriant et en tapant des mains les quelques danseurs. Le personnel se prête au jeu. Les pas de danse s’enchaînent. On plaisante. On rit. Et surtout, on revit.
Il faut dire que l’Ehpad de Cendras, comme beaucoup d’autres dans le département et sur l’ensemble du territoire, a connu des heures difficiles. L’an dernier, le coronavirus a frappé l’établissement de plein fouet. « Il y a eu une quinzaine de décès, mais tous ne sont pas liés au Covid », précise Aurélie Thirion, cadre santé au sein de l’Ehpad. Comme les 27 autres salariés, Aurélie s’est adaptée à cette nouvelle vie avec le virus. « On a transformé toute notre organisation, on la faisait évoluer toutes les semaines, en fonction notamment des tests réalisés. Quant aux visites des familles, elles étaient limitées, fixées à 30 minutes maximum et derrière des protections en plexiglass », se souvient-elle. Un déchirement pour certaines familles. La nouvelle directrice de l’Ehpad, Audrey Stinco, arrivée le 1er février, en est consciente : « C’est frustrant comme situation et elle engendre beaucoup de culpabilité. Pour certains, ils ont eu l’impression d’abandonner leurs parents, ils ont eu le sentiment de les mettre en prison ».
90% des résidents vaccinés
Une prison dorée alors. Chacun des 48 pensionnaires, âgés de 67 ans à 99 ans ¾ (c’est précis), a sa propre chambre et profite à sa guise des différents espaces : les jardins et terrasses extérieurs, le salon, la salle cinéma et une autre de restaurant où, paraît-il, on mange très bien. Chaque jour, le menu est posé sur la table, et aussi clamé à haute voix pour les personnes qui ont des difficultés à lire. Mais ce qui a vraiment changé ces derniers jours pour les résidents, et ce qui vaut certainement tous les meilleurs repas du monde, c’est le retour de leurs enfants et petits-enfants, voire arrière petits-enfants pour certains. Une avancée que l’on doit à la vaccination de quasiment tous les aînés : « 90% d’entre eux ont reçu les deux doses du vaccin Pfizer. Aucun n’a refusé », explique la directrice. Les plus difficiles à convaincre, finalement, ont été les proches : « Il y avait quelques doutes, un peu à l’image de la population française. Mais on a discuté et pris le temps d’expliquer », ajoute Aurélie Thirion. Y a-t-il eu des effets secondaires ? « Aucun ! », assurent-elles.
Depuis cette campagne de vaccination, la vie a repris son cours, même si la vigilance reste de mise. Dès l’accueil, chaque visiteur répond à un questionnaire sur d’éventuels symptômes ressentis ou non lors des jours précédents et, comme l’ensemble du personnel, doit impérativement porter un masque. Seuls les pensionnaires n’en portent plus. Après les questions, gel hydroalcoolique sur les mains et prise de température de tous les entrants. C’est le protocole de rigueur pour visiter les aînés. « Les gestes barrières sont plus que nécessaires car le vaccin ne protège pas du Covid. On peut avoir une forme moins grave ou être asymptomatique, mais on peut toujours le transmettre », rappelle Audrey Stinco. Les temps de visite, eux, ne sont plus limités pour le plus grand bonheur de tout le monde : « C’est pour ça qu’aujourd’hui on est hyper heureux. On a réussi à rendre une place aux membres de la famille qui peuvent ainsi jouer un rôle auprès de leurs parents », conclut la directrice avant qu’une résidente ne lui prenne le bras pour un dernier pas de danse. La vie a gagné.
Tony Duret