FAIT DU JOUR Bagnols/Cèze : la ministre donne le coup d’envoi de la rénovation des Escanaux
Après avoir fait de même il y a quelques semaines à Nîmes et Alès, la ministre déléguée auprès de la ministre de la Transition écologique, ministre du logement, Emmanuelle Wargon, était à Bagnols/Cèze mercredi soir pour signer la convention de renouvellement urbain pour le quartier des Escanaux.
36 millions d’euros en tout sont mis sur la table pour le renouvellement urbain des Escanaux. La plus grosse partie vient du bailleur social Habitat du Gard, avec 18,5 millions d’euros, dont 14,1 millions prêtés par la Banque des territoires - Caisse des dépôts. L’ANRU met près de 5 millions d’euros, la ville de Bagnols 3,5 millions, l’État via divers dispositifs 2,6 millions, la Région et le Département 2,3 millions chacun, Action logement 1,06 million sous forme de prêts et l’Agglo du Gard Rhodanien 186 000 euros.
Un large tour de table pour un projet qui l’est tout autant, puisqu’il s’agit notamment de démolir aux Escanaux puis de reconstruire sur le territoire de l’Agglo pas moins de 143 logements sociaux, ce qui signifie voir disparaître la tour G2, la résidence Mayre Nord et une partie de la barre de Carcaixent du paysage bagnolais à plus ou moins brève échéance.
Une question « d’équité territoriale »
Et si la convention n’est signée qu’aujourd’hui, les travaux de la rénovation urbaine ont déjà commencé, avec la rénovation du stade Léo-Lagrange, la rénovation du groupe scolaire Jules-Ferry, la démolition de la salle de spectacle de la Pyramide, dont la reconstruction doit démarrer le mois prochain, l’aménagement de l’allée des jeux ou encore la création de l’esplanade Léon-Jouhaux.
Le but étant de « donner un cadre de vie rénové et apaisé à plus de 3 500 habitants », résume le maire, Jean-Yves Chapelet, qui voit dans cette rénovation urbaine un projet qui va « durablement modifier la physionomie du quartier et de l’ensemble de la ville. » Car le quartier des Escanaux, tout proche du centre-ville concerné par le dispositif de revitalisation "Action coeur de ville", regroupe 20 % de la population de Bagnols. Tout sauf une paille. Alors le maire y voit « un projet d’émancipation, de réussite au sens noble du terme ».
La ministre y relèvera un symbole de ces projets de rénovation urbaine hors des grandes métropoles qu’elle a choisi d’honorer d’une de ses dernières visites ministérielles officielles avant la période de réserve, campagne oblige. « On pense toujours que les projets de rénovation urbaine ne concernent que des très grands ensembles de grandes villes, mais ce n’est vrai que pour la moitié. » Hors de ces métropoles, comme à Bagnols, c’est une question « d’équité territoriale, pour des projets qui ne sont pas forcément faciles à faire », ajoute-t-elle.
Si on n’y est pas encore, et que les projets restent encore pour beaucoup des vues d’artiste, la signature de la convention marque l’entrée dans le dur. « On avait besoin de cette signature pour financer la démolition et la reconstruction », souligne la ministre. Cette fois, les fonds sont sécurisés, et « on va pouvoir passer les marchés », ajoute-t-elle. « Nous étions dans les starting-blocks, maintenant on va pouvoir y aller », ajoute le maire.
Un maire qui a eu le temps de s'y glisser dans ses starting-blocks. « Notre temps administratif n’est pas celui des habitants, reconnaît la ministre. Tout ça a commencé en 2017. Les travaux ont commencé en partie mais maintenant nous allons pouvoir commencer la démolition et la construction. Cela va prendre deux ou trois ans au moins. C’est très long. Le plus important est de continuer à faire vivre le projet. » Un projet « collectif, pour faire en sorte que nos concitoyens puissent vivre dignement », souligne pour sa part la conseillère régionale Monique Novaretti.
« Un alpiniste au pied de l’Everest »
Usant de la métaphore, le président de l’Agglo du Gard Rhodanien Jean-Christian Rey, qui porte le projet au niveau intercommunal, comparera le politique au pied de la rénovation urbaine à « un alpiniste au pied de l’Everest. C’est colossal. » Car on ne transforme pas un quartier en un claquement de doigts, ce serait trop simple. Il faut user de tous les relais, et notamment du député Anthony Cellier et son « porte-voix » qui s’est fait entendre auprès des ministères, glissera Emmanuelle Wargon. Et il faut dire qu’on ne touche pas qu’à du béton, mais aussi et surtout à de l’humain. « Aujourd’hui 83 % des personnes concernées sont déjà relogées », soulignera Laurence Barduca-Fauquet, conseillère départementale et présidente d’Habitat du Gard, acteur clé dans la rénovation urbaine.
Reste que le relogement est un sujet : interpellée par des habitants, notamment de la tour G2, à propos de propositions de relogement jugées insatisfaisantes, la ministre rappellera que le bailleur était « engagé à trouver des solutions sur mesure. » Emmanuelle Wargon préfère y voir « un attachement très fort au quartier » de la part de ses habitants, dont certains sont là depuis les années 1960, du temps où ces immeubles étaient des fleurons de l’urbanisme. Les temps ont changé, mais la ministre rappellera que « dans le projet, il y a beaucoup de rénovation, on gardera bien l’identité du quartier pour l’améliorer. » Désormais, il n’y a plus qu’à. « À nous d’être à la hauteur des espoirs, dira la ministre. De montrer que les promesses vont être tenues. »
Thierry ALLARD