FAIT DU JOUR Dans le Gard, Le Pen confirme et Macron grapille
Comme en 2012 et 2017, la candidate du Rassemblement National (RN), Marine Le Pen, est sortie en tête du premier tour de la Présidentielle dans le Gard. Au coude-à-coude avec Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron fait mieux qu'il y a cinq ans grâce aux voix de la Droite républicaine.
Jamais deux sans trois. Hier soir, la candidate Rassemblement National, Marine Le Pen, a confirmé son leadership politique dans le Gard, finissant première avec 29,3 % des suffrages. Une prouesse qui rappelle ses scores précédents de 2017 et de 2012. À Beaucaire, chef-lieu de l'extrême-Droite géré depuis 2014 par le maire RN Julien Sanchez, Marine Le Pen caracole avec 38,5 % des voix. Un plébiscite.
Marine Le Pen en pole position
Mais le Gard n'est pas la France. La performance locale de Marine Le Pen ne reflète en rien celle de l'hexagone, ce qui n'empêche pas Yoann Gillet, le délégué départemental du parti, de savourer sans jamais perdre de vue le deuxième tour : "J'appelle les Français à faire barrage à Emmanuel Macron. Maintenant, ce sont les mondialistes contre les patriotes !" Pour remporter cette confrontation, Marine Le Pen compte sur les voix du candidat Éric Zemmour, le seul à avoir clairement appelé à voter pour elle. Après un départ tonitruant, le patron du nouveau parti Reconquête enregistre finalement 7,2% des suffrages (9,30% dans le Gard). Un résultat en demi-teinte comme le confirme le Grand'Combien, Ludovic Bouix : "On espérait beaucoup plus, mais notre mouvement n'a que cinq mois. On a soulevé en France de l'espérance. L'objectif aujourd'hui est de battre Emmanuel Macron qui est un président de crises. Pour moi, ce sera tout sauf Macron ! "
Mélenchon, Macron : à chacun son vote utile
Dans le Gard, le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, se place en deuxième position (21,46 %) comme en 2017. Une prouesse au regard de la situation de la Gauche, éclatée entre la candidature de l'écologiste Yannick Jadot (3,62 % dans le Gard), du communiste Fabien Roussel (2,93 %) et de la socialiste Anne Hidalgo (1,60 %). Une gauche "lilliputienne" - pour reprendre le mot de l'ancien président François Hollande - qui a même été battue par le député des Pyrénées-Atlantiques, Jean Lassalle (3,66 %).
Sur le plateau de Bonsoir Le Gard, le chef de file des Insoumis pour les Législatives, Nicolas Pellegrini rassure ses troupes : "Au-delà de la déception de ne pas être au second tour, j'aimerais dire un immense merci aux millions de personnes qui se sont déplacées aux urnes... Vous avez peut-être sauvé l'union du pays aujourd'hui. Lorsque l'on voit les scores d'Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, lorsque l'on voit que l'on va encore prendre du retard sur la bifurcation écologique qui est nécessaire pour notre génération... Oui, vous avez sauvé l'honneur !"
Après Adjani et Will Smith, Pécresse rejoue la gifle
Les Gardois ont certes sauvé l'honneur, mais aussi Jean-Luc Mélenchon. De 550 voix ! À peu de chose près, le président-candidat Emmanuel Macron occupait la deuxième place avec ses 21,32 %. Une jolie percée par rapport au scrutin de 2017 et ses 18,78 %. Référent depuis quatre ans d'En Marche dans le Gard, le Bagnolais Jérome Talon savoure : "Au niveau national, l'objectif était de placer Emmanuel Macron en tête pour donner une dynamique pour le second tour". Il concède néanmoins : "La situation du département est difficile avec des problématiques qui sont exacerbées. Il y a encore du travail à faire sur le terrain. "
Le bon score d'Emmanuel Macron pourrait aussi s'expliquer par le vote utile des électeurs de Droite. À Nîmes, capitale du Gard dirigée depuis 2001 par Les Républicains, le président sortant récolte 23,21 % contre 4,38 % pour Valérie Pécresse. En 2017, le candidat LR François Fillon était à 20,32 %. En cinq ans, Les Républicains s'effondrent. Un fiasco ! Le secrétaire départemental LR, Franck Proust, est lucide : "C'est une véritable gifle. Une partie de notre électorat a directement été chez Emmanuel Macron pour faire barrage à Marine Le Pen. Notre candidate n'a pas incarné le programme. La primaire, ce n'est pas une bonne chose !"
Finalement, celui qui résume le mieux la situation, est le maire socialiste de Vauvert, Jean Denat : "En 2017, Macron avait siphonné la Gauche. Là, il a explosé la Droite". Et son successeur à la fédération PS du Gard, Arnaud Bord, d'enchaîner : "Il va falloir acheter des baskets. Parce que dans les prochains mois, on va souvent défiler". Voilà au moins une promesse tenue : Emmanuel Macron va mettre toute la France en marche.
Tony Duret et Coralie Mollaret