FAIT DU JOUR En images, un baguage de flamants roses au lever du soleil
Une trentaine de professionnels a effectué une opération de baguages de bébés flamants roses ce mercredi à l'aube, au salin d'Aigues-Mortes. Plus de 300 poussins ont ainsi été mesurés et bagués avant d'être relâchés.
Il y a dans ce rituel scientifique très codifié quelque chose de poétique. Chaque année depuis 1977, la Tour du Valat, institut de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes, mène des opérations de baguages pour permettre une observation précise des flamants roses. Un processus qui se déroule au salin d'Aigues-Mortes depuis 2016 et l'arrivée massive de l'espèce sur le site. "Cette année est même historique. Nous n'avons jamais eu autant de flamants roses, s'enthousiasme Thierry Marmol, le guide de la propriété du salin. On compte plus de 20 000 couples adultes et près de 13 000 naissances. Un nombre au moins multiplié par dix par rapport à l'an passé."
Tous bien sûr n'ont pas pu être bagués ce mercredi, d'autant que la présence humaine était limitée pour respecter les mesures sanitaires. "Il n'y a qu'une trentaine de bagueurs, tous très expérimentés, contre près de 180 en temps normal, résume Coralie Hermeloup, responsable de la communication pour la Tour du Valat. Deux bagues sont posées sur les animaux. L'une métallique pour le muséum d'histoire naturelle, l'autre en PVC pour qu'elle soit plus visible. Chaque oiseau a un code de 4 lettres qui permettra aux ornithologues de l'identifier où qu'il se trouve au cours de sa vie. On en profite aussi pour prendre quelques mesures, ce qui nous permet de mieux connaître l'espèce et son évolution."
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Pour cette opération de baguage, rien n'est laissé au hasard. En commençant par la date choisie, environ deux mois après la ponte des flamants roses. "Cette année, la ponte s'est déroulée autour du 15 mai, précise Coralie Hermeloup. Il faut que les poussins aient plus de deux mois, pour qu'ils soient suffisamment grands pour être bagués, mais moins de trois mois, pour qu'ils ne sachent pas encore voler et soient plus faciles à capturer."
Le rabattage est justement la phase la plus délicate de l'opération. "L'objectif est d'en amener une centaine jusqu'à l'enclos, explique Antoine Arnaud, technicien flamand à la Tour du Valat et qui coordonne la mission. Il ne faut pas retenir à tout prix ceux qui s'échappent afin d'éviter de les blesser." Au lever du jour, le rabattage commence. L'opération est une réussite avec plus de 300 poussins capturés dans un enclos construit pour l'occasion situé à quelques mètres de la crèche des flamants roses.
Le salin d'Aigues-Mortes première terre d'accueil pour les flamants roses
"On les laisse se calmer quelques minutes et on commence le baguage", annonce Antoine Arnaud. Pendant plus d'une heure, les bagueurs s'activent sur plusieurs ateliers. Les rôles sont parfaitement répartis : transport des poussins, pesée, prises de mesures, baguage et prise de notes. Après quelques secondes entre les mains humaines, les flamants roses sont relâchés. "C'est la seule fois de leur vie qu'ils sortiront de leur milieu naturel, indique Thierry Marmol. Les poussins ne prennent leur couleur rose qu'entre 3 et 5 ans grâce à la crevette artémia qui constitue la majeure partie de leur alimentation."
Une crevette que l'on trouve en abondance au salin d'Aigues-Mortes, devenu le premier foyer d'accueil de flamants roses cette année. "Le confinement a contribué à leur prolifération sur le site, justifie Thierry Marmol. L'absence de trafic aérien et le contrôle de leurs prédateurs, comme les renards et les sangliers permettent d'expliquer cette explosion de naissances."
Il est 8 heures 30 et tous les flamants ont été relâchés dans la nature après un court instant dans des bras humains. "Quand ils sont trop nerveux, on leur met la tête sous l'aile. C'est leur position pour dormir, ça les calme, raconte un bagueur. C'est un peu stressant pour eux mais c'est pour la bonne cause." Après ce moment désagréable, l'oiseau peut prendre son envol pour une vie paisible où l'Homme ne l'observera plus qu'à travers ses jumelles. Depuis le salin d'Aigues-Mortes ou de l'autre côté du globe.
Boris Boutet