FAIT DU JOUR La pilule du lendemain gratuite pour toutes les femmes, "c'est une bonne chose"
La semaine dernière, le ministre de la Santé, François Braun, a annoncé que la pilule du lendemain deviendra gratuite pour toutes les femmes. Et cela quel que soit leur âge et sans ordonnance. Cette mesure est inscrite dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2023, qui a été présenté en conseil des ministres ce lundi 26 septembre. Dans le Gard, la nouvelle est très bien accueillie.
"Ça ne peut pas laisser indifférent", lance Frédéric Santori, titulaire de la pharmacie éponyme à Bagnols-sur-Cèze. Pour lui, cette mesure va "dans le bon sens" et va encourager les femmes à venir elles-mêmes chercher le contraceptif et d'être actrices de leur décision et de leur corps. "Ça libère l'accès. Il n'y a plus la barrière du prix. Même s'il y avait des génériques, le prix restait significatif. Certaines pouvaient coûter jusqu'à 20 €, ce n'est pas anodin", estime le pharmacien bagnolais. Et d'ajouter : "Si certaines femmes ont peur du "qu'en dira-t-on", libres à elles d'aller dans une pharmacie où personne ne les connaît."
Jusqu'à présent, la pilule du lendemain n'était gratuite que pour les mineures. Frédéric Santori estime que "tous les moyens de contraception devraient être gratuits et pris en charge." Il poursuit : "La pilule du lendemain ne fait pas plus de dégâts que la pilule prise régulièrement, mais c'est plus risqué de tomber enceinte. Prendre une contraception régulière, c'est mieux mais il faut une autre réponse possible en cas de besoin." Il y a aussi un travail de déstigmatisation à mener selon lui : "Aucun être humain ne doit avoir à rendre compte de comment il utilise son corps. Ça règlerait beaucoup de problèmes !"
"Personne ne prend la pilule du lendemain par plaisir"
Mais dans quels cas prendre la pilule du lendemain ? Le 8 septembre dernier, on pouvait lire sur le site de l'Assurance maladie, que la contraception d’urgence hormonale ou "pilule du lendemain" devait être prise au plus tard dans les 3 à 5 jours après un rapport sexuel à risque. Elle est disponible sans prescription médicale et, on l'a vu, elle est gratuite pour les mineures. Il faut la prendre lorsqu'il y a absence de contraception à l'occasion d'un rapport sexuel, mais aussi quand il y a un échec ou un usage défectueux de la méthode contraceptive. Un autre potentielle raison est celle qui fait suite à une agression sexuelle.
Jusqu'à présent en pharmacie, la pilule du lendemain coûtait entre 3 et 18 euros (tout dépend du traitement choisi). Pour Guillaume Pierret, patron de la pharmacie des Arènes à Nîmes, "l'anonymat était un problème car nous ne pouvions pas demander la carte d'identité. Maintenant, il y a en France un vrai problème de fond quant au remboursement des médicaments."
Andrea, étudiante en pharmacie, pense que "c'est une bonne chose pour les femmes, c'est important, symbolique. Quand nous sommes face à elles, nous pouvons discuter, leur donner de la documentation, on fait aussi de l'éducation thérapeutique mais je ne pense pas que ce remboursement va faire flamber le nombre de pilules que l'on donne. Je comprends la notion d'anonymat car il est difficile pour certaines personnes de venir en pharmacie ou ailleurs pour aller chercher ce genre de choses."
Sarah, la pharmacienne qui remplace Guillaume Pierret, poursuit : "Les femmes sont responsables, il ne faut pas penser que ce remboursement va pousser les femmes à prendre la pilule du lendemain. Personne ne la prend avec plaisir. Les femmes ne seront pas déresponsabilisées."
Ne plus avoir à rendre des comptes sur ses dépenses
Aux yeux de Cécile Corbin, bénévole et membre du conseil d'administration au Planning familial du Gard, cette gratuité va vraiment permettre d'élargir l'accès de la pilule du lendemain : "Il suffira de se rendre en pharmacie, sans moyen de paiement et sans avoir à rendre compte des dépenses. Cela constituait un souci pour les personnes qui ne sont pas autonomes financièrement", indique-t-elle.
Faciliter l'accès à ce médicament paraît particulièrement important dans le Gard où le Planning familial est présent seulement à Alès et une fois par semaine à Anduze. "Tout le monde n'a pas la possibilité de se déplacer jusque-là. Les personnes vulnérables pourront donc se la procurer plus aisément. Mais le planning familial est en train de reprendre du souffle et si on trouve les forces vives, on aimerait revenir à Nîmes", indique Cécile Corbin. À noter enfin que le dépistage des infections sexuellement transmissibles sera également gratuit et sans ordonnance jusqu’à 26 ans.
Marie Meunier & Anthony Maurin
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