FAIT DU JOUR L'ancien bras droit de Jean Bousquet raconte "Les petits secrets de la vie municipale"
Directeur général des services de la ville de Nîmes de 1983 à 1995 durant le double mandat du maire Jean Bousquet, Jacques Kimpe vient de paraître un roman intitulé, "Les petits secrets de la vie municipale". L'auteur qui se décrit comme un amoureux de la fonction publique, assure n'avoir de rancœur contre personne sauf peut-être Jean Bousquet qui l'aurait "trahi".
"J'écris comment trafiquer les marchés publics", plaisante à moitié Jacques Kimpe, auteur du roman "Les petits secrets de la vie municipale", quand on lui demande le contenu de son texte. Un titre évocateur renforcé par des formules bien senties, "politiquement très incorrect" et "un récit de science-friction".
Pour ceux qui souhaitent définitivement comprendre de quoi il s'agit, il suffit de se pencher sur la quatrième de couverture avec une définition claire des élus : "Ils mentent effrontément et sont frappés d'étranges pertes de mémoire quand ils sont confrontés à des situations dangereuses." C'est le vécu personnel qui parle et sur lequel nous reviendrons par la suite.
Le décor de l'oeuvre est planté mais qui tient la plume ? Jacques Kimpe, 71 ans, un nom que les moins de 25 ans ne peuvent pas connaître. Ce personnage était directeur général des services de la ville de Nîmes sous l'ère de Jean Bousquet, maire de la commune de 1983 à 1995, symbole d'une période faste pour la cité gardoise. Autant dire que Jacques a donc des choses à raconter, lui qui a vécu un parcours atypique. Sans domicile fixe de 16 à 19 ans, ce Parisien se retrousse les manches et parvient à gravir tous les échelons de l'administration territoriale, jusqu'au plus haut grade.
En 1985, c'est à la mairie de Roubaix qu'il devait s'engager mais un coup de fil de Jean Bousquet l'a convaincu de venir finalement à Nîmes. Jacques Kimpe se décrit comme un humaniste libéral, profondément attaché à la fonction publique territoriale. "C'est ma raison de vivre", va t-il jusqu'à déclarer. Plutôt à Droite sur l'échiquier politique, l'homme avoue "n'avoir jamais été en parfaite harmonie avec la politique. J'étais plus proche des ouvriers que des patrons".
En tant que directeur général des services, il avait tous les fonctionnaires de la Ville sous ses ordres et en demandait beaucoup aux cadres. "Je travaillais de 5h du matin à 22h. Je ne prenais jamais de vacances. On n'y arrive pas par hasard", précise t-il tout en certifiant que son travail a été reconnu même par la municipalité suivante. "Alain Clary m'a demandé de rester mais sous la pression ça ne s'est pas fait."
Jacques, qui depuis 20 ans occupe désormais la fonction de journaliste et de rédacteur en chef pour des revues juridiques et financières, a déjà écrit des livres dans ce domaine. Mais pourquoi avoir eu envie de se lancer dans ce roman semi auto-biographique ? "Comme tous les vieux, il faut que je m'occupe", répond t-il dans un premier temps. Plus sérieusement ! "J'en avais marre d'entendre les anciens dire que l'on ne peut plus réussir et que c'était plus facile avant. La vie n'est pas aussi pourrie qu'on l'entend. C'est pour faire passer un message à mes petits-enfants : battez-vous pour y arriver." Montrer que le travail mène à la réussite et également défendre la profession qui lui a permis d'embrasser une carrière et gagner sa vie.
"Et puis le bashing anti-élus, ce sont tous des menteurs... Quand on raconte des contes pour les enfants, on est déjà en train de leur mentir. Le mensonge fait partie de notre culture", explique l'auteur qui définit le roman, "comme un mensonge qui dit la vérité." Les personnages sont inventés mais le fond du propos est vrai. Il explique pourquoi les élus sont obligés de mentir. Rien que les titres des chapitres laissent songeurs : "Mentons, mentons, il en sortira toujours quelque chose, Les principaux alliés des politiques, les cons, les niais et les militants, Trahison et coups fourrés, l'essence même de la vie politique, Un élu pauvre bénéficie du droit de se servir dans la caisse de la commune..."
"Je l'ai servi corps et âme, il m'a trahi"
Le mensonge, un thème majeur du livre illustré sur la couverture où l'on voit le nez de Pinocchio auquel est suspendu une Marianne en pleurs devant les mensonges des politiques. Des illustrations toutes réalisées par l'artiste nîmois José Pirès. Ce livre des campagnes municipales de 2020 tombe à pic à environ neuf mois de l’échéance pour percer les rouages de ce système particulier. Aucun nom ni ville ne sont cités et un certain Auguste Lafenêtre revient souvent.
À travers des confessions et des notes d'humour, Jacques Kimpe raconte tout ou presque, "l'amour au bureau... Il y a quand même des choses indécentes que je ne peux pas dévoiler." Nous voilà rassurés ! Lors de notre rencontre, l'écrivain insiste, "qu'il ne fait pas ça pour régler ses comptes et qu'il en veut à personne. Le seul c'est Jean Bousquet. Je l'ai servi corps et âme, il m'a trahi. Comme quoi la peur ça existe." En 1995, lors de l'affaire du gardiennage de la villa de Jean Bousquet à Poulx dont les frais étaient payés par les comptes de la Ville, Jacques a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à 47 ans sa carrière dans la fonction publique en a pris un coup.
24 ans après, il clame toujours son innocence. "Ce que j'aurais voulu c'est qu'il vienne me voir pour me dire : Jacques on s'est planté. Je l'aurais pardonné." Et avez-vous pensé à envoyer un exemplaire à la maison Cacharel ? "J'y ai pensé mais je me suis dit c'est gratuit alors je ne l'ai pas fait." Jeudi dernier celui dont, "Nîmes est resté ma ville de coeur", présentait son bouquin dans une salle rue de la Trésorerie en face de l'Hôtel de ville et le dédicaçait aux premiers acheteurs. "Ça fait bizarre de revoir des gens 25 ans après. Il y a en un qui est venu m'acheter deux livres. À l'époque, il avait menacé de me jeter dans le canal." C'est vrai que dans la vie rien ne s'oublie et encore plus en politique.
Corentin Corger
Disponible dans toutes les bonnes librairies et sur le site : www.lespetitssecretsdelaviemunicipale.com au tarif de 19,90€.