FAIT DU JOUR Laurent Chanadet cherche la voix du succès
En septembre 2006, Laurent Chanadet a connu un début de notoriété en participant à la sixième saison de la Star Academy sur TF1. Depuis, sa guitare ne l'a jamais quitté mais sans lui avoir permis de faire décoller sa carrière. Ce nîmois de 36 ans ne perd pas espoir et prépare une tournée pour 2019. Portrait.
Dans la famille Chanadet, la musique se transmet de génération en génération. Mais Laurent va attendre l'âge de 12 ans pour attraper le virus : "J'allais voir ma sœur aînée au conservatoire et je me disais que je ne rentrerais jamais dans cette secte." Une première déclaration qui place le personnage entre un côté naturel et sûr de soi, et il convient de donner parfois l'impression d'être prétentieux.
C'est un artiste américain blues des années 60, qui va lui donner l'envie de faire du saxophone : "Si je n'avais pas entendu Otis Redding, je n'aurais jamais fait de musique". Les rencontres vont bercer sa vie en attendant celle qui lui fera décoller sa carrière. Le jeune homme qui joue "pour le fun", se lance dans des études d’hôtellerie à l'école Vatel, dont il sortira diplômé. C'est justement lors d'un stage qu'il va se lancer dans une double vie professionnelle. "J'étais sur l'île de Saint-Martin et j'ai rencontré un petit artiste local qui m'a dit : "tu as des doigts pour jouer de la guitare". Alors que le jeune gardois n'en avait jamais fait, motivé par cette remarque, il va apprendre seul plusieurs heures par jour : "Je ne m'arrêtais plus, c'était devenu comme une évidence."
Du saxo à la guitare
L'étudiant se met alors à composer ses propres morceaux accompagné de sa gratte. L’hôtellerie l'amène à Paris où il se dit que c'est l'occasion rêvée pour tenter sa chance dans la chanson. Il se produit sur quelques scènes ouvertes mais ne parvient pas à être accepté dans des salles plus huppées : "Je me faisais refouler car j'écrivais exclusivement en anglais. Quand on ne chante pas de la variété et du Piaf, c'est plus compliqué. Alors j'ai pris ma valise et je me suis cassé à Los Angeles."
Aux États-Unis, c'est le problème du visa qui va se poser. Il en profite néanmoins pour renforcer l'influence de sa musique avec le genre new country. S'ensuit un retour en France, qui le pousse par amour du côté de Grenoble, avec des textes en français qui lui permettent de remporter des concours locaux. Mais c'est le casting d'une célèbre émission de télé qui va lui donner l'opportunité de percer.
Le couac de la Star'Ac
En mars 2006, son meilleur ami lui indique qu'un des casting de la Star Academy se tient à Lyon. "Je lui ai répondu : c'est la honte, ne m'envoie pas là-bas. Je ne vais pas me retrouver à faire une bataille de polochon avec 17 blaireaux." Mais la possibilité d'une notoriété future le convainc à s'y rendre. "J'ai commencé à faire la queue à 7h du mat', sous la neige, pour être entendu à 19h. Il y avait 10 000 personnes !", se souvient-il en souriant.
Guitare à la main, il tape dans l’œil du jury qui lui demande de revenir le lendemain. Une des jurés, Jasmine Roy, ne rate pas la ressemblance (physique) de Laurent avec le chanteur Gérald de Palmas et veut l'entendre sur une reprise de "Regarde-moi bien en face". "J'ai aussi dû faire trois pas de danse. Mais heureusement, ça n'a pas trop joué sur la décision", plaisante t-il.
Premières parties de Michael Jones
Deux mois plus tard, Laurent figure encore parmi les 150 derniers et est convoqué à la tour TF1. C'est avec son titre "La fille de Bogota", en hommage son ex-épouse d'origine colombienne, qu'il va charmer le jury : "Il y avait au moins 50 personnes présentes, notamment Pascal Nègre, et tout le monde s'est levé et a applaudi à la fin de la chanson."
Une performance qui lui offre son ticket d'entrée dans le château de la Star Academy. "Je me suis demandé dans quelle merde je me mettais." Le jeune homme, âgé de 24 ans à l'époque, hésite jusqu'au dernier moment. "J'étais déjà mature et je me suis dit quand tu vas ressortir de là et que tu vas retourner au boulot ça va être chaud."
Le Nîmois s'embrouille avec la direction et demande à ses camarades de l'éliminer dès la deuxième émission. Une sortie précoce qui va lui permettre de faire la connaissance de Michael Jones, le chanteur et guitariste qui a longtemps collaboré avec Jean-Jacques Goldmann. "Il m'a dit : le seul qui était compositeur et interprète, ils viennent de le virer. Je vais t'aider". Une rencontre qui reste son meilleur souvenir de cette aventure, avec les 1 500 euros touchés pour la vente de disques de la promotion et un contrat de quelques semaines chez Universal rapidement rompu.
Un album et une tournée
De cette expérience, il s'est fixé une ligne de conduite pour savoir comment se faire repérer par une production : "Je me concentre que sur les salles de spectacle, même si ça peut paraître ambitieux". Dans cette optique, il entame une tournée en 2019 avec une première date à Nîmes, le 23 février, un "show case" à Cultura avant des dates à Lyon et Béziers. "Il faut que ça décolle. C'est pour ça que je suis accompagné de quatre musiciens à la guitare, basse, clavier et batterie." Il espère pouvoir toucher la bonne personne qui investira sur lui. "Je n'ai jamais arrêté d'y croire", confie t-il.
Après un premier album sorti en 2010, "Sans ailes", Laurent Chanadet se consacre exclusivement à la musique depuis septembre 2017 et compte en sortir un deuxième : "Je ne l'ai pas encore enregistré." Une tâche qui s'avère assez onéreuse. Il interprète déjà le single "Dans les yeux de mes filles", dont vous retrouvez un extrait vidéo ci-dessus, en hommage à ses deux enfants. Ses deux premiers fans qui en appellent certainement d'autres...
Corentin Corger