Publié il y a 21 h - Mise à jour le 06.04.2025 - Yannick Pons - 2 min  - vu 200 fois

CULTURE Uzès : Camille Cottin, audacieuse seule en scène

Camille Cottin

- Photo Aloïs Aurelle

Hier soir, l’Ombrière était le théâtre d’une performance particulière et exceptionnelle portée par Camille Cottin, seule en scène. Le Rendez-vous, un face à face sans tabous, jambes écartées, entre une femme et son chirurgien.

Deux jambes rouges couchées sur le sol émergent d’un ample tissu violet plissé qui emballe presque entièrement la scène, et qui respire, cœur battant.

Seul en scène brutal

Et puis la voix de Camille Cottin : une pensée organique matérialisée par son corps. Elle devient sa propre marionnette dans un décor épuré. Qu’importe, c’est le texte qui doit capter tous les regards. Et quel texte ! Aussi brutal que didactique.

Un seul en scène étonnant porté par Camille Cottin et mis en scène par Jonathan Capdevielle qui a adapté « Jewish Cock » (bite juive), le premier roman de Katharina Volckmer, la jeune britannique d’origine allemande qui explique qu’en Allemagne encore aujourd’hui, le Juif reste l’Autre. Le rendez-vous est un face à face particulier lors duquel la patiente, jambes écartées, parle à son chirurgien, le docteur Seligman, pendant que celui-ci se prépare à lui greffer chirurgicalement un sexe d’homme… circoncis.

Culpabilité en héritage

Camille Cottin, raconte ainsi sans tabous, ce corps qui l’étouffe, ses séances avec son psychologue, ses obsessions hitlériennes, sa fascination pour un créateur de sex-toys japonais et son histoire de cul dans les toilettes avec K, probablement un clin d’œil à Kafka.

La culpabilité qui lui a été inculquée à l’école, liée à son identité allemande et au devoir de réparation de la Shoah. Elle explique que son grand-père, gentil et pacifique chef de gare à Auschwitz, n'aurait pas fait de mal à une mouche… Suggérant ainsi que l’ensemble des Allemands a été impliqué, de près ou de loin, dans la Shoah. Et que donc, non seulement la culpabilité doit perdurer à travers les générations, mais aussi qu'elle implique un devoir de réparation. « À l’école, où aucun d’entre nous n’était juif, on apprenait à chanter Hava Naguila… », raconte l’actrice.

Camille Cottin saisit la rencontre entre les questions actuelles de l’identité du corps, du genre, et le 80e anniversaire de la libération du camp allemand nazi de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau le 27 janvier 2025 dernier. Désirant une transition physique vers un corps masculin, animée par un sentiment de culpabilité par rapport à la Shoah et un désir de réparation à l’endroit des juifs, la jeune héroïne allemande demande la greffe d’un pénis circoncis.

Une performance exceptionnelle qui laisse le spectateur sidéré, choqué, mais heureux.

Yannick Pons

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