FAIT DU JOUR Les romains arrivent, les Grands Jeux s'activent
Les Grands Jeux Romains remettent le goût de l'histoire à l'ordre du jour. À Nîmes on le sait, la romanité tient une place prépondérante dans l'antique histoire de Nemausus. Les principaux monuments sont encore debout mais leurs seules pierres ne sont plus suffisantes. À l'heure où les voyages n'ont jamais été aussi simples d'accès, faire vivre les pierres est un atout considérable si l'on souhaite attirer les foules de manière festive mais sérieuse et respectueuse des lieux.
Les Grands Jeux Romains sont nés de cette envie et depuis dix ans ils ressuscitent des fragments historiques en les embarquant dans une modernité des plus louables. Plus de 500 reconstituteurs prennent part à la reproduction contemporaine de faits historiques, le tout au sein de l'amphithéâtre romain, une chose unique en Europe !
Nous voilà replongés en 122 de notre ère, année du passage avéré de l'empereur Hadrien (celui du mur) à Nemausus. Culturespaces, délégataire des arènes pour la partie patrimoniale, a donc eu l'idée, chaque année, de proposer cette base historique pour réinventer les jeux antiques. Gladiateurs, course de char, batailles, géopolitique, distribution de monnaie et de pain, batailles encore accompagnées d'autres tableaux grandioses avec des décors fantastiques.
Défilés dans les rues de la ville (dont un au flambeau en nocturne samedi), banquet, conférences, chasse au trésor, cérémonie du culte impérial (dimanche) ou encore camp fortifié de 1200m² d'une légion romaine (du 1er au 5 mai) sont les petits plus. Animations familiales et gratuites (sauf pour le camp) sont les autres nombreux bonus. Si on englobe les villages des commerçants, les menus romains, le marché antique... On a une ville qui bat au rythme de son cœur.
Les Rois Barbares ont marqué l'histoire de la région. Une énorme bataille et une tout aussi grande défaite des romains à Orange. La faute aux Teutons, Cimbres et Ambrons, mais là, nous remontons encore le temps pour nous arrêter à la fin du IIème siècle avant notre ère, entre 113 et 101. C'est à Aix-en-Provence que le spectacle prendra fin par une victoire des forces vives de la République de Rome après un passage des troupes du côté d'Arles. Le général Marius, qui sera plusieurs fois consul, laissera son prénom dans notre région en guise de mémoire immortelle.
Pour arriver à faire un vrai spectacle vivant de ces guerres réelles, le scénario a été établi par Éric Teyssier, historien, universitaire, auteur, chroniqueur et reconstituteur à ses heures perdues. avec lui, Éric Dars, également universitaire, historien et narrateur des Grands Jeux. Non loin d'eux, Mike Grenat pour la régie artistique, Yann Guerrero pour les décors, Fabien Faizant pour la musique, des patrons d'associations en or et pleinement dévoués à leur passion commune, des bénévoles soudés dans l'épreuve d'une telle machinerie audacieuse, des jeunes qui s'impliquent dans les coulisses, une équipe prévenante et souriante de Culturespaces et de l'investissement aussi bien humain que financier. Rien que ça.
La ville s'empare peu à peu de cette spécificité nîmoise. Les Gardois y sont habitués et les touristes le deviennent car les Grands Jeux font parler d'eux dans l'Hexagone mais aussi à l'international. Plus de 30 000 personnes annoncées dans les arènes pour les trois spectacles, et près de 100 000 à l'extérieur à déambuler au rythme et au gré des festivités. Une opération culturelle inouïe, un calcul économique qui équivaudrait presque à une troisième feria.
Les reconstiteurs des Grands Jeux viennent d'achever dans les arènes une première grande répétition qui a réuni plus de 150 participants. Ils seront trois fois plus dès vendredi soir (et votre serviteur en fera partie mais nous y reviendrons plus tard). Pour réaliser une grande partie des tableaux du spectacle, pour chronométrer les déplacements des décors, pour caler les cascades, pour répéter le texte et les placements de chacun sur la vaste piste, il aura fallu près de dix heures.
Une autre répétition est prévue, avec encore plus de reconstituteurs mais toujours avec cette envie de bien faire chevillée au corps. Ces passionnés ne sont pas tous acteurs, ils ont un quotidien souvent lambda mais se révèlent aux yeux de la foule quand ils tentent d'incarner leurs idoles passées. Pas de folie ici, juste l'idée réaliste de vivre aujourd'hui ce que certains ont connu, toute proportion gardée, il y a plus de 2000 ans.
Ici, plus de mort. Personne ne joue sa vie mais le public veut voir un spectacle qui ressemble à ce qu'il s'imagine. Les guerres antiques fascinent encore de nos jours. Rome est restée une référence en matière d'art martial et jouer sur ces cordelettes historiques permet de le rappeler au plus grand nombre de manière ludique et pédagogique. Petits et grands y trouveront leur compte !
Pour l'occasion, ObjectifGard sort un supplément gratuit tiré à 15 000 exemplaires et distribué à travers les rues de la ville mais aussi sur le territoire gardois. Pour la billetterie du spectacle, c'est par ici.