FAIT DU JOUR Meurtre d’Océane : l’inquiétant portrait du meurtrier présumé
Hier, la cour d’assises du Gard est revenue sur la soirée du 5 novembre 2011, horrible soirée durant laquelle la petite Océane, 8 ans, a eu le malheur de croiser la route de Nicolas Blondiau, 25 ans, son meurtrier présumé. Le corps de la fillette a été retrouvé sans vie, le lendemain, dans un mas près de Bellegarde.
Crâne rasé, collier de barbe, teint blafard, yeux noirs inquiétants, Nicolas Blondiau a le visage fermé. Un visage qui ne laisse rien passer, rien transparaître. C’est ce visage allongé que découvre la centaine de personnes qui remplit les bancs de la cour d’assises du Gard. Ce même visage qui met le père d’Océane, Jimmy, hors de lui quand il entre dans la salle d’audience. Il lance au meurtrier présumé : « Ne me regarde pas, toi. Ne me regarde pas ». Nicolas Blondiau, encore une fois, reste imperturbable. Il ne dégage pas non plus la moindre émotion quand la présidente du tribunal, Geneviève Perrin, évoque des faits pourtant terribles.
Ce samedi 5 novembre 2011, vers 18h30, la petite Océane, qui vit chez ses parents à Bellegarde, se rend chez une amie pour récupérer un jeu vidéo. Ce trajet, elle le connaît pour l’avoir déjà fait. Elle a moins de 200 mètres à marcher. 160 mètres précisément. 160 mètres qu’elle ne parcourra jamais. Parce qu’à cet instant, au volant de sa voiture, Nicolas Blondiau, un voisin, croise l’enfant et lui propose de la déposer chez son amie. Océane n’a aucune raison de se méfier. Ce Nicolas, elle l’a déjà vu chez des amis de ses parents. Mais au lieu de s’arrêter, l’accusé continue sa route pour stopper son véhicule trois kilomètres plus loin, dans un petit chemin à l’abri des regards. Dans sa voiture, il tente de violer la petite fille qui se débat. A l’écoute des faits, les parents d’Océane sont effondrés, écœurés, au bord de l’explosion. Dans la salle d’audience, le silence, pesant, est rompu par le bruit des reniflements et par les larmes. La présidente poursuit son effrayant récit et raconte comment la fillette va mourir étouffée alors que son meurtrier lui transperce encore son petit corps de coups de couteaux ; comment le lendemain des faits, le prévenu continue sa vie le plus normalement du monde ; comment il va faire preuve d’un cynisme sans nom en allant présenter ses condoléances au père d’Océane. Il lui dira même : « T’inquiètes pas, on va le retrouver cet enculé ». Il a bien été retrouvé et c’est d’une voix beaucoup moins affirmée, plus fluette, que Nicolas Blondiau répond « oui » quand la présidente lui demande s’il reconnait les faits.
« Il a essayé de me violer », témoigne sa dernière compagne
Cette première journée d’audience est essentiellement consacrée aux experts, aux médecins et aux enquêteurs. La première à s’approcher est Karine Poulain-Lebon, l’enquêtrice de personnalité. Elle retrace la vie de l’accusé, son enfance avec un père aimant et une mère détachée, accaparée par un autre enfant, atteint d’une maladie. Elle dépeint une adolescence classique et une scolarité chaotique qui conduit Nicolas Blondiau, après un CAP carrosserie, à vivre de petits boulots. Vient ensuite le tour de Julie, la première compagne de l’accusé, celle qui lui donnera son premier enfant. Elle se rappelle des « gros penchants » de l’accusé « pour les rapports sexuels ». Le père de l’accusé, lui, « ne veut pas renier son fils » mais admet qu’il ne lui « pardonnera jamais ». Il ne semble pas être le seul dans cette salle d’audience…
Cynthia, sa dernière compagne, est dans ce cas. A la barre, cette petite brune aux cheveux longs se souvient d’un épisode violent de l’accusé : « Il s’était montré violent une fois. Les petits dormaient (ils ont eu deux enfants ensemble, NDLR). Il n’était pas dans son état normal. Il a enlevé son pantalon. Je me suis débattue et il a essayé de me violer. Je me suis enfermée dans la salle de bain. Il a cassé le verrou avant de s’arrêter. Il venait de réaliser ». Ulcéré, le père d’Océane secoue la tête dans tous les sens. A ses côtés, sa compagne Erika lui tient le bras pour qu’il ne craque pas. Les parents, avec un courage qui force le respect, se soutiennent mutuellement, à tour de rôle, et écoutent les descriptions aussi précises que sordides des experts qui ont analysé le corps de leur fille. Le procès plonge alors dans l’horreur. Les quelques mots, inaudibles, de Nicolas Blondiau en fin de journée ne changeront rien. Le jeune homme, présumé innocent, encourt la perpétuité et il semble en prendre le chemin. Ce mardi, il va être entendu sur les faits avant les plaidoiries de son avocat, Maître Cabanes, de la partie civile, Maître Béatrice Lobier-Trupin et du Procureur général Michel Desplan. Le verdict est attendu en fin de journée.
Tony Duret
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