Publié il y a 1 jour - Mise à jour le 11.04.2025 - Stéphanie Marin - 4 min  - vu 221 fois

BELLEGARDE Ligne à très haute tension : un travail de fourmis présenté aux Cigales

La salle des Cigales comble mercredi. 

- S.Ma

Près de 400 personnes ont participé mercredi dernier, à la réunion publique organisée par l'association sauvegarde Terre d'Argence (ASTA) et le collectif stop THT 13-30, à la salle des Cigales à Bellegarde. 

C'était une sorte de réunion préparatoire, avant le 30 avril. Date à surligner dans le calendrier du débat global mené par la Commission nationale du débat public(*), puisque la séance se déroulera à Beaucaire. Suivront deux autres réunions tout aussi importantes, le 20 mai à Saint-Martin-de-Crau et le 2 juin à Arles. Ce débat global, qui a débuté le 2 avril dernier et se poursuivra jusqu'au 13 juillet, se concentre sur les projets de réindustrialisation et de décarbonation du territoire de Fos-sur-Mer et de l’étang de Berre et les effets cumulés. Parmi ces projets, la création d'une ligne électrique aérienne de 400 000 volts entre Jonquières-Saint-Vincent et Fos-sur-Mer, d'ici 2028. Une opération estimée à 300 millions d'euros par RTE.

>> À relire : FAIT DU JOUR. Ligne à très haute tension : "Le débat de la dernière chance"

Le fuseau de moindre impact de cette "nouvelle colonne vertébrale électrique pour la région PACA qui rendra possible la décarbonation", pour reprendre les propos tenus en novembre 2023 par Christophe Berassen, directeur du centre développement et ingénierie chez RTE ; a été validé en septembre dernier par le préfet de région Christophe Mirmand, lequel a depuis cédé sa place à Georges-François Leclerc. Ce sont 180 pylônes d'environ 60m de haut, sur une distance de 65 km, depuis Jonquières-Saint-Vincent en passant par Beaucaire, Bellegarde, Fourques, Arles, Saint-Martin-de-Crau, qui sont prévus.

Près de 400 personnes ont participé à la réunion publique organisée par l'ASTA et le collectif 13-30. • S.Ma

Un projet rejeté en l'état par non pas des opposants, mais des "proposants", comme aime à dire Jean-Laurent Lucchesi, scientifique et membre du collectif Stop THT 13-30, lequel regroupe une trentaine d'associations. "Proposants" car une alternative a été proposée, le résultat d'un travail de fourmis. "Il a fallu aller le chercher ce tracé, avec Michel Perronet - ingénieur de formation, 39 ans de vie professionnelle au Port Autonome de Marseille, NDRL - nous sommes allés sur le terrain", rapporte Jean-Laurent Lucchesi. Et le même de présenter donc ce fameux tracé enterré sur une distance de 53 km contre 65 km pour RTE, à 96 % sur des terrains publics, le long de remblais, des bords de digues et de routes et comprenant une partie ensouillée dans le Rhône à Arles. Une étude indépendante et contradictoire est en cours, les résultats seront rendus le 2 juin, lors de la réunion publique organisée à Arles. Le collectif, grâce aux dons collectés, a également mandaté deux cabinets d'avocats pour mener la stratégie contentieuse, déjà engagée.

>> À relire : ARLES. Ligne à très haute tension : un scénario affiné

Plus d'un an après donc, la mobilisation reste forte. Mercredi, la salle des Cigales à Bellegarde affichait complet. Quelque 400 personnes, prêtes à partir au combat pour ne pas voir les pylônes sortir de terre. Comme à Arles, en décembre dernier, divers intervenants ont expliqué les impacts de cette ligne aérienne sur les paysages, l'environnement, l'économique agricole et touristique du territoire, mais aussi sur la valeur des propriétés dont la décote est estimée "entre 10 et 40 %", d'après le notaire beaucairois Jérome Fériaud.

Cyril Marès, président de l'AOC des Costières de Nîmes • S.Ma

Dans le Gard, comme dans les Bouches-du-Rhône, citoyens, professionnels et élus de tous bords, tous le savent, il va falloir convaincre. Convaincre les décideurs, convaincre aussi "les industriels que ce projet doit être fait avec nous et pas contre nous", a insisté Cyril Marès, président de l'AOC des Costières de Nîmes. Et le même de rappeler l'importance de ce débat global et d'y participer en nombre, de faire entendre tous les arguments. "Mais attention, prévient Roman Angelras, président des Jeunes Agriculteurs du Gard, ce débat ne doit pas être fait pour nous endormir. La ruralité ne peut pas être une nouvelle fois le paillasson des technocrates et l'agriculture une fois de plus une variable d'ajustement. Tant que les impacts concrets sur les terres ne seront pas pris en compte et avec sérieux, nous serons debout, déterminés, nous serons prêts à monter le ton s'il le faut."

Roman Angelras, président des Jeunes Agriculteurs du Gard. • S.Ma

"Ce projet, on se prépare à le combattre juridiquement ou autrement, a indiqué Juan Martinez, maire de Bellegarde et président de la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence. Je l'ai déjà dit au préfet de région, ce projet a mal commencé parce qu'on ne nous a pas respectés. On n'imagine pas, en traversant 65 km que peut-être, on va traverser des territoires, qu'il y a des gens qui essaient de vivre de leur travail dans tous les domaines, qu'il y a peut-être aussi des possibilités de réindustrialiser nos territoires... On ne va pas se laisser faire, on ne veut pas être injustement pénalisés." La CCBTA portera le débat juridique, de même que la ville de Beaucaire. En septembre dernier, Nelson Chaudon a confié au cabinet Richelieu Avocats le soin de défendre les intérêts de la commune. "Notre mission est de veiller sur notre patrimoine. Je n'ai pas envie que plus tard mes enfants me regardent et me disent : "Mais qu'est-ce que vous avez laissé faire ?". Rendez-vous le 30 avril, à Beaucaire.

*Autorité indépendante chargée de garantir le droit à l’information et à la participation de toutes les personnes aux décisions qui concernent l’environnement.

Stéphanie Marin

Beaucaire

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio