Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 26.02.2022 - corentin-corger - 5 min  - vu 2341 fois

FAIT DU JOUR Nîmes Olympique : tout quitter à 14 ans, le pari réussi de Scotty Sadzoute

Scotty Sadzoute a signé au Nîmes Olympique fin janvier (Photo Yannick Pons/Objectif Gard) - Yannick Pons

Le Réunionnais a signé son premier contrat professionnel à Lille à 19 ans (Photo Losc)

Déterminé à devenir footballeur professionnel, Scotty Sadzoute a quitté à 14 ans son île natale de la Réunion pour vivre dans une famille d’accueil dans le Nord de la France. Un pari fou réussi puisque le latéral gauche de 23 ans évolue désormais en Ligue 2 avec Nîmes Olympique où il est prêté jusqu’en juin 2023. Arrivé dans le Gard fin janvier, il ne s'est pas encore imposé chez les Crocos. Et même s'il n'est pas retenu pour le déplacement ce soir à Amiens (19h), le Réunionnais envisage de s'installer durablement au NO. Portrait. 

Né à la Réunion le 29 avril 1998, Scotty Sadzoute a des origines malgaches du côté de sa maman et possède ainsi la double nationalité française et donc malgache. C’est dans son quartier avec ses copains qu’il commence à frapper dans ses premiers ballons avant d’intégrer le centre élite de Saint-Leu dirigé par Jacques Lamy, un formateur reconnu sur l’île avec qui le néo nîmois est encore en contact. Scotty débarque pour la première fois en métropole à Estaires dans le Nord pour un tournoi. "Je dormais dans une famille d’accueil et quand je suis revenu à la Réunion. J’ai rappelé pour savoir si je pouvais revenir chez eux et essayer de percer dans le foot", explique l’intéressé qui décide à seulement de 14 ans de quitter sa famille et de partir à plus de 9 000 km pour tenter de devenir footballeur professionnel.

"Au début mes parents n’étaient pas trop d’accord pour que je parte, mais après ils ont vu que j’aimais beaucoup le foot et que je pouvais réussir, alors ils m’ont fait confiance. Aujourd’hui, ils ne regrettent pas." Logé chez Jean-Luc et Sylviane, le Réunionnais découvre le froid et joue pendant trois mois dans le club de la JA Armentières en moins de 15 ans. "Je faisais des bons matches et je marquais beaucoup de buts", se souvient-il évoluant à cette époque au poste de milieu offensif. Il ne lui en faut pas plus pour taper dans l’œil des recruteurs du Losc. Le désormais latéral gauche gravit les échelons et se fait remarquer lors de la saison 2017/2018. Avec 25 apparitions et six buts marqués, pas mal pour un défenseur, Scotty se rend indispensable avec l’équipe réserve en N2. C'est suffisant pour éveiller la curiosité d’un certain Marcelo Bielsa, entraîneur de l’équipe première, qui le convoque à trois reprises lors de cette saison en Ligue 1 même s’il n’entre pas en jeu.

 "S’il était resté j’aurais eu ma chance"

À l’été 2018, son rêve se concrétise puisque le natif de Le Port signe son premier contrat professionnel de trois ans avec les Dogues. La preuve que sa détermination a payée : "petit j’ai vu que j’avais le potentiel pour gagner ma vie avec le foot. Même si parfois j’ai eu des coups de blues et que je me disais que c’est trop difficile, je n’ai rien lâché." Avec le sulfureux coach argentin passé notamment par l’OM et aujourd’hui à Leeds, Scotty a une relation proche. "Il me donnait pas mal de conseils et me rappelait : "tu es défenseur, ne monte pas trop." Car s’il est latéral gauche, l’ancien lillois adore déborder sur son couloir et centrer, "je suis plus offensif que défensif", avoue-t-il. Au moment d’entamer la saison 2018/2019, Christophe Galtier arrive à Lille et le Réunionnais ne fait pas partie des plans du nouveau coach. "Lui, il me faisait confiance. S’il était resté j’aurais eu ma chance", confie l’intéressé en évoquant Marcelo Bielsa.

C'est la saison dernière à Pau, sous le maillot jaune, qu'il s'est révélé [Photo via MaxPPP] • PHOTOPQR/LE TELEGRAMME/MAXPPP
Scotty enchaîne donc une deuxième saison en N2 avec 22 matches au compteur. Mais le footballeur veut enfin découvrir le monde professionnel. "Je voulais passer un grade et Lille voulait que je prenne du coffre. Voir si mon petit gabarit (1,72 m, 61 kg) aller résister dans un tel championnat." La réponse est oui puisque son prêt à Pau en National s’avère payant. Il dispute 16 rencontres sur seulement 25 journées car la pandémie débarque en mars 2020 et tous les championnats sont arrêtés. Premier du classement en ce moment-là, la formation paloise en profite pour accéder à la Ligue 2 pour la première fois de son histoire. Une saison également marquée par une épopée en Coupe de France achevée en 8e de finale face au PSG où Sadzoute était titulaire face à Icardi, Draxler ou encore Verratti.

La Ligue des Champions tatoué sur le bras

En 2020/2021, ce fan de Ronaldinho et qui s’inspire, à son poste, de Théo Hernandez est de nouveau prêté dans le Béarn. "J’appréhendais car la Ligue 2 est un très bon championnat. On était le petit Poucet et c’était l’occasion de voir mon niveau. C’était vraiment une année test." L’adaptation est réussie avec 35 apparitions dont 32 titularisations et trois passes décisives délivrées. Au terme d’une saison difficile, Pau finit fort et parvient à obtenir son maintien en décrochant une honorable 14e place. De retour au Losc, l’insulaire change d’air et file 150 km encore plus au nord en Belgique. Il est recruté pour trois ans avec une indemnité de transfert d’environ 400 000 € à Louvain, en D1, dont le capitaine est Xavier Mercier, natif d’Alès. Mais rien ne se passe comme prévu car Scotty ne joue pas la moindre minute en compétition officielle avec sa nouvelle équipe.

Le néo nîmois compte de nombreux tatouages dont la Ligue des Champions (Photo Corentin Corger)

"Le club avait tout fait pour me recruter mais je ne suis pas rentré dans le plan de jeu du coach. Pourtant, il m’avait appelé avant que je signe. Mais il était un peu spécial, beaucoup dans les statistiques. Et puis le latéral gauche, un des meilleurs joueurs de l’équipe, avait fait une saison complète juste avant", détaille le gaucher qui n’a jamais eu d’explication avec l’entraîneur Marc Brys. Malgré son acharnement à l’entraînement Scotty sait qu’il doit trouver un autre point de chute pour avoir sa chance et retrouver du temps de jeu. "Une semaine avant la fin du mercato, j’ai vu que Nîmes me voulait. Le projet m’intéressait beaucoup alors j’ai dit oui." C’est ainsi qu’il pose ses valises dans le Gard pour un prêt de 18 mois accompagné de sa compagne et de leur petite fille de 14 mois, Aliona. Une famille qui a envie de se poser quelques temps dans une ville et d’avoir une vie stable.

Après deux courtes apparitions contre Dunkerque (0-1) et Caen (4-0), la recrue n’a pas joué lors du succès contre Grenoble (3-1) et il n'est pas retenu pour le déplacement de ce soir à Amiens (19h). En concurrence avec Théo Sainte-Luce, qui n'est pas sûr de prolonger au NO la saison prochaine, sur ce côté gauche de la défense, Scotty entend bien déjouer l’ordre établi et installer le doute dans la tête de Nicolas Usaï. "Même si je ne jouais pas, vu les entraînements que je faisais là-bas, j’ai gardé un rythme assez élevé. Physiquement, je suis à 80%", explique le joueur dont on peut voir les nombreux tatouages sur ses bras. Certains illustrent des objectifs à atteindre dans sa vie, "il y a une maison, le stade Vélodrome et même la Ligue des Champions !". En attendant un jour de peut-être gagner la Coupe aux grandes oreilles, Scotty espère déjà s’imposer chez les Crocos.

Corentin Corger

Corentin Corger

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