Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 26.08.2021 - abdel-samari - 5 min  - vu 2986 fois

FAIT DU JOUR Resto, cinéma, salle de sport… Le pass sanitaire : ça passe ou ça casse !

Entré en vigueur début août, le pass sanitaire contraint plusieurs chefs d’entreprises à refuser des clients. Dans le Gard, la saison touristique a aidé les restaurateurs à remplir leur terrasse. Il n’en est pas forcément de même pour les salles de sports et cinémas qui accusent une nette baisse de leur fréquentation. 

Vivre avec le virus a chamboulé le quotidien des Français. Depuis le 9 août, date de l’entrée en vigueur du pass sanitaire, les clients des bars, hôtels, restaurants ou même des hôpitaux doivent montrer patte blanche. Impossible d’accéder à ces lieux sans un cycle vaccinal complet ou un test covid négatif. Décidées par le Gouvernement, ces nouvelles règles visent à enrayer l’épidémie, sévissant depuis plus d’un an sur le territoire. Polémique, cette mesure jugée par certains restrictive et inégale donne lieu à des manifestations tous les samedis.

Mais qu'en est-il de l'impact du pass sanitaire ? Dans le Gard, les restaurateurs interrogés semblent avoir été protégés par la saison touristique, pourvoyeuse de clients. Ce n’est visiblement pas le cas des salles de sport et cinémas. Si la période estivale n’est pas la meilleure période pour les salles obscures, le pass sanitaire est une difficulté supplémentaire. Dans les salles de sports, là aussi, le nombre d’abonnement est à la baisse, laissant inquiets leurs gérants qui en appellent au Gouvernement. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a annoncé faire un point le 30 août.

Au Grau-du-Roi, Ellio Zaouche : "Je m’attendais à pire"

Restaurateur au Grau-du-Roi depuis 15 ans, Ellio Zaouche a créé une association de commerçants. (photo Boris Boutet)

Le Grau-du-Roi, ses plages, sa mer et… ses touristes ! Gérant de la brasserie L’Horizon, Ellio Zaouche, comme bon nombre de ses homologues, l'avoue : il s'est senti « démuni psychologiquement ». L’homme connaît pourtant bien les rouages de sa profession, étant président de l’association des commerçants du Grau-du-Roi centre-ville. Sauf qu’à situation exceptionnelle, ces nouvelles règles exceptionnelles ont demandé un temps d'adaptation. « Heureusement, j’avais investi dans du matériel permettant de prendre électroniquement des commandes. Du coup, ça nous a aussi servi à scanner les pass. Si nous n'avions pas eu cela, ça aurait été impossible de contrôler puisque notre terrasse est ouverte », témoigne le gérant. Selon lui, la majorité des restaurateurs graulens ont joué le jeu même si « ça fait toujours râler de voir certains restaurants éphémères accepter les clients que nous nous avions refusé.. ». Économiquement, « la saison a été malgré tout correcte. Énormément de nouveaux clients ont découvert le Grau-du-Roi cet été, peu d’étrangers mais beaucoup de Français. Dans l’ensemble ça s’est bien passé, je m’attendais à pire. Car nous sortir le pass en plein moins d’août, psychologiquement c’était affreux. Notre métier n’est pas de fliquer. »

À Nîmes, Thibaud Desimeur : "Pas de perte de clientèle"

Thibaud Desimeur (Photo : Coralie Mollaret)

En face de la mairie de Nîmes, le gérant du Bistrot Jacquemart est également soulagé : « au final, l’entrée en vigueur du pass sanitaire ne nous a pas porté préjudice ». Le premier jour, le chef d’entreprise avait dû refuser du monde. Résigné, il l’explique : « ce sont les règles à respecter. Je ne vais pas courir le risque de prendre 1 500€ d’amende pour un repas à 30€ ! » Ce mercredi midi, la clientèle de l’écusson ainsi que quelques touristes ont rempli sa terrasse avec une quarantaine de couverts.

"On craint une chute en septembre"

Place Auguste-Mallet pendant le confinement (Marie Meunier / Objectif Gard)

À Bagnols, une restauratrice de la place Mallet - qui tient à rester anonyme - partage le même sentiment que son homologue nîmois : «  Pour l'instant, rien n'a changé. On a encore des touristes qui viennent manger. Le pass sanitaire n'a pas fait chuter la fréquentation. Quand ils viennent, ils prévoient leur pass qu'ils ont sur le téléphone ou en papier. Nous n’avons pas eu de clients récalcitrants. » La restauratrice redoute toutefois une « chute de fréquentation en septembre. Une partie de notre clientèle de travailleurs n'a pas de pass et n'a pas l'intention de se faire vacciner… ». 

"Ce métier commence à me fatiguer"

Mais un peu plus bas, place Bertin-Boissin, à Bagnols-sur-Cèze, ce n'est pas le même son de cloche. "On connaît une baisse de 50% de fréquentation depuis la mise en place du pass sanitaire. Est-ce que c'est la fin des vacances, la semaine du 15 août ? J'espère qu'on ne doit pas tout mettre sur le compte du pass", déplore Philippe Paredes qui tient le Dap's avec son associée Anna Carron.

Lui accueille quasiment que des travailleurs habitués dans son établissement et une part infime de touristes. "Je suis souvent confronté à des groupes de six personnes. Sauf que le 6e convive n'est pas vacciné. Je ne peux pas les accepter, je n'ai pas le choix. La loi est la loi", poursuit le gérant. En quinze jours, il n'a pas encore eu de contrôle, mais il en aimerait "pour montrer que l'on refuse pas des gens pour le plaisir." D'autant qu'il est particulièrement compliqué pour lui de dire non à des clients qu'il connaît très bien, qui viennent souvent : "Ce métier commence à me fatiguer. Ce n'est plus la même façon de travailler. Il faut contrôler, il faut faire les gendarmes. Mais bon, ce n'est la faute à personne, ni à nous, ni aux clients..."

50% de baisse pour le cinéma d’Uzès 

Le gérant du cinéma, Jean Rochas (Marie Meunier / Objectif Gard)

Jean Rochas, gérant du cinéma Capitole à Uzès, le dit tout de go : « Depuis l'instauration du pass sanitaire, la fréquentation est en nette baisse. On accuse environ 50% de perte. » Il l’assure : « beaucoup de gens non vaccinés ne viennent plus au cinéma. » Pass sanitaire, port du masque pendant les séances… La nouvelle panoplie du cinéphile ne séduit pas beaucoup. Certains vaccinés « pensent être dispensés du masque. Alors que même vacciné, on peut être porteur et transmettre le virus. Il est hors de question de créer un cluster dans le cinéma. » Certains clients sans pass râlent : « C'est usant et quand ça râle, c'est assez violent. On a déjà eu des insultes où on nous traite de collabos. C'est une minorité mais ce n'est pas agréable ». Pour l’heure, le cinéma d’Uzès n’a pas eu de contrôle de police : « Je pense qu'on en aura à partir du 30 août, date où on a obligation de contrôler notre personnel. » Une mesure qui laisse circonspect Jean Rochas : « Tout le monde est vacciné chez nous mais c'est assez désagréable... Ça peut créer des tensions avec les employés alors qu'on est déjà tous à fleur de peau. Il faut faire preuve de beaucoup de psychologie. » 

Nicolas Mousques : "4 clients sur 10 ne sont pas revenus !"

Si les restaurateurs sondés n’ont pas ressenti une baisse de leur fréquentation, ce n’est pas le cas des salles de sport. Loin s’en faut. « Depuis le début de la crise sanitaire, 4 clients sur 10 ne sont pas revenus ! Notre chiffre d’affaires a baissé de 50% ! », alerte Nicolas Mousques, gérant de la salle de sport Planète Fitness à Nîmes. Et de poursuivre : « Je suis très honnête et c’est une réalité nationale. D’où notre demande de maintien des aides (couverture d’une partie des charges fixes et fonds de solidarité, Ndlr) jusqu’en décembre. » En période estivale, les clients préfèrent sans doute les monuments aux harassants tapis de course. Toutefois, « ce n’est pas que ça… Nous avons subi des fermetures administratives, il y a également eu les propos du ministère de la Santé qui avait dit que les salles de sport étaient des espaces de contamination… Tout ça ne participe pas au retour des clients ». Sans compter que la manière de « consommer » une salle de sport n’est pas pareille que d'aller au restaurant ou boire un verre, « c’est sous forme d’abonnement et donc, d’engagement ». Même si, depuis la crise, la salle de sport a mis en place des systèmes sans engagement, espérant le retour de ses adeptes. 

La rédaction 

Lire aussi : FAIT DU SOIR (Vidéo) Pass sanitaire à Nîmes : entre acceptation et indignation

Abdel Samari

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