FAIT DU JOUR Symétrie, vers une nouvelle dimension
Voilà une société nîmoise qui ne demande qu’à être connue. Même si elle ne vous dit certainement rien, Symétrie œuvre pour de nombreux programmes étatiques plus ou moins secrets et apporte son expertise auprès grandes industries mondiales. Olivier Lapierre nous présente l’entreprise qui est aujourd’hui un acteur clé dans les domaines de la métrologie dimensionnelle et du positionnement de très haute précision.
Née le 1er janvier 2001 à Nîmes à l'initiative d'un binôme étonnant, Symétrie est une pépite méconnue localement mais internationalement reconnue. Olivier Lapierre, le Nîmois, et Thierry Roux, le Cévenol, travaillaient avant cela dans la même entreprise, le Laboratoire national de métrologie et d'essais. "Nous étions deux ingénieurs, des électrons qui tapaient contre les murs du LNE. Alors nous sommes sortis pour créer notre société et nous mettre au service des grands projets scientifiques nationaux, européens et mondiaux", pose le binôme.
Ils ont créé Symétrie et depuis ils n'ont cessé d'avancer. Installé d'emblée sur le Parc Georges-Besse à Nîmes, plus exactement dans les locaux du Bic Innov'Up, le tandem a d'abord embauché un autre ingénieur, Gilles Diolez, qui les a aidés à développer leurs hexapodes. Hexa quoi ? Hexapode, une bête électronique à six pieds qui permet de mettre en mouvement un objet tout en le positionnant parfaitement... Mais nous y reviendrons.
Cette nouvelle embauche s'est vite transformée en nouvel actionnariat. " Une entreprise, c'est avant tout des hommes et on doit les associer au développement de la société. L'aventure s'est poursuivie, développent les duettistes. Nous aimons grandir constamment, petit à petit, et sur des bonnes bases. On a eu la chance d'être repérés par des grands industriels pour leur apporter de l'innovation tout en amenant notre rigueur et une nouvelle approche technologique. Dans le monde d'aujourd'hui, il faut faire de belles choses et faire savoir qu'on les fait. "
Hexapode et compagnie
C'est alors que les associés trouvent des applications à ses hexapodes et voient à travers elles toute une constellation d'utilisations possibles ou conceptuelles. Un hexapode permet de jouer avec les six degrés de liberté (haut, bas, droite, gauche, avant, arrière, NDLR). L’hexapode est donc un système mécatronique à structure parallèle qui permet la mise en position et le mouvement d’objets dans l’espace.
Son architecture consiste en six vérins montés en parallèle et effectuant des mouvements linéaires pour positionner la plateforme supérieure le plus précisément possible. Ce système est utilisé pour le positionnement de haute précision, la mesure de position ainsi que la génération de mouvements dans le cadre de tests dynamiques. " Les scientifiques avaient de plus en plus besoin de précision et nous, nous chassions déjà les microns ! Nous nous sommes concentrés sur la technologie car nous voulions devenir numéro 1 dans le monde des hexapodes. Ça commence à marcher ! "
Au début, le tandem voulait faire tout cela dans son quartier, c'est à dire la France. Puis, il s'est dit que via Internet il devait proposer son savoir-faire ailleurs. Le premier client qu'il est parvenu à décrocher était juste la plus grosse société d'Australie, Rio Tinto, rien que ça ! "On ne le savait pas quand nous avons démarré mais nous avons apporté une nouvelle technologie qui a un peu révolutionné les choses. Aujourd'hui 80 % des laboratoires d'essais dans le domaine naval sont équipés de nos machines."
Mais Symétrie va bien au-delà. De sous les eaux à dans l'espace ! Ses hexapodes restent bien sur Terre mais ils servent à effectuer des mesures qui seront les mêmes que celles auxquelles les machines qui sont testées seront confrontées dans leur "milieu naturel". Les applications de ces hexapodes concernent des domaines aussi variés que l'astronomie (Symétrie équipe tous les grands télescopes et radiotélescopes du monde, NDLR), la robotique médicale, l'automobile, les smartphones, l'énergie, le spatial, la Défense, l'optique, l'électronique, ou encore le synchrotron. "Maintenant, nous voulons que nos produits soient directement intégrés dans les lignes de fabrication de nos clients." C'est aussi pour cela que la société va toujours plus loin dans la précision et la miniaturisation de ses hexapodes.
Déménagement local et vision à l’international
Avoir une vision et s'y tenir. Travailler toujours mieux, avec les meilleurs outils, les meilleurs collaborateurs et les approches les plus pertinentes. Mais pourquoi rester à Nîmes, une ville pas franchement connue pour être à la pointe de la technologie ? "Nous sommes sortis de la pépinière en 2007 et nous avons construit notre bâtiment juste en face, toujours dans le parc Georges-Besse. Trois ans plus tard nous étions déjà à l'étroit alors nous avons dû nous agrandir en louant un espace supplémentaire. Nous avons encore grandi donc nous avons acheté 8 000 m² au sein de l'Actiparc de Bouillargues. On aurait rêvé de rester au parc Georges-Besse mais nous avions besoin de meilleurs accès pour les camions... Notre programme immobilier est lancé. Je veux qu'on s'installe le 1er janvier 2023 dans notre nouvelle construction No Watt."
C'est à l'international que la société fait sa percée. Une très grosse percée même, passant en cinq années de 20 % du chiffre d'affaires réalisé à l'international à 60 % ! "Cette mutation nous permet de passer un peu mieux la crise sanitaire actuelle. L'international n'est pas si compliqué qu’il n’y paraît. Nous le voyons comme un accélérateur. Notre principal concurrent est une société allemande. Il y a une émulation entre nous et pourtant, nous sommes entre vignes et Camargue."
Pour Symétrie, l'expansion liée à l'international impose une certaine dose de réactivité, de créativité et d'appréciation du défi. Les plus grandes sociétés, les meilleurs laboratoires, les plus prestigieuses universités du monde font aujourd’hui appel à elle. Mais challenger et se faire challenger excite Symétrie et sa production. "On a la chance d'avoir la technologie alors il faut en jouer. On s'est fait une place. On traite nos hexapodes comme un produit de luxe, comme une création française avec tout le savoir-faire que cela comporte. Notre stratégie est de courir vite et de courir devant ! Innover, créer un produit adapté le plus rapidement possible. On innove avec des partenariats régionaux sur des activités de recherche et développement. "
Made in Gard
Innover... Même des artistes d'art contemporains se sont mis à utiliser les hexapodes. Un d'entre eux en a même exposé un au Grand Palais. Connue et reconnue, Symétrie grandit et à présent tous les satellites de communication d'Airbus utilisent ses hexapodes quand ils sont en phase de test. Ce qui est beau dans tout cela, c'est que si l'exportation des hexapodes fait voyager le savoir-faire de Symétrie en Chine, en Australie, aux USA, en Afrique du Sud, en Allemagne ou en Russie, toute leur conception se fait dans le Gard.
"70 % de l'usinage se fait dans le département. Tous nos hexapodes se ressemblent peut-être mais il n'y en a pas deux identiques, détaillent les deux compères. On ne change pas de crèmerie tous les six mois. Nous connaissons et travaillons avec la société Aube à Générac depuis 15 ans ! Nous maîtrisons 100 % de la technologie de nos produits et tous nos hexapodes portent le nom d'un vent. "
De manière générale, les Nîmois ne sont pas franchement portés sur l'économie, même quand il s'agit de leur territoire. Peut-être ont-ils regardé de manière un peu trop passive la croissance de la voisine Montpellier ? Peut-être nourrissent-ils un complexe d'infériorité ? "En tout cas je suis convaincu que Montpellier est déjà bien remplie et que nombre d'entreprises basées en région parisienne regardent Nîmes pour venir s'y installer. Ici, nous sommes à un carrefour et il y a l'autoroute et le TGV. C'est la dernière fois que le train va passer alors il nous faut tous monter dedans ! Nous voulons porter ce message !"
Vous l'aurez compris, Olivier Lapierre s'implique et implique sa société dans le tissu local. Il favorise la promotion de son territoire, il le rend attractif en y cultivant l'esprit d'une société dans laquelle la culture a une valeur importante, celle de relier les hommes. "Et puis vous savez, un Nîmois et un Alésien, pour les faire partir... Non, sérieusement et techniquement, il n'y a aucune raison pour nous de partir. Nîmes n'est pas un handicap. Quand je fais venir mes clients, ils logent en face des arènes. C'est pas mal quand même et c'est bien pour le territoire !" Avec un chiffre d'affaires de sept millions d'euros et 35 salariés, Symétrie a l'avenir pour elle !