FAIT DU JOUR Vincent Terrail-Novès, candidat aux régionales : « je pars pour gagner »
Le maire de Balma et vice-président de Toulouse Métropole, Vincent Terrail-Novès, était à Bagnols ce vendredi après avoir annoncé sa candidature aux élections régionales lundi.
Issu de la Droite, le fils de l’ex-entraineur du Stade toulousain et du XV de France de rugby, se présente comme un « humaniste » et part sans parti, mais avec le très probable soutien de la majorité présidentielle. Il avance ses axes programmatiques et annonce vouloir en finir avec « les postures dogmatiques ». Interview.
Objectif Gard : Vous êtes Toulousain, que connaissez-vous de cette partie de l’Occitanie qui est l’ex-Languedoc-Roussillon ? Et plus particulièrement du Gard, où vous n’êtes pas forcément connu, en tout cas pour l’instant ?
Vincent Terrail-Novès : C’est une région très vaste, plus grande qu’un pays comme l’Irlande, donc c’est difficile d’avoir des attaches partout dans la région quand on a 42 ans, qu’on est dans la vie active, comme c’est mon cas. Ce que je connais c’est plutôt des lieux de villégiature, des passages que j’ai eus car mon grand-père fut magistrat à Nîmes. J’ai pour le département gardois des attaches plutôt sentimentales, et après sur l’ensemble de la région plutôt des souvenirs de vacances.
Vous êtes rentré en politique grâce à Jacques Chirac, et vous avez été membre de l’UMP, que vous avez quitté en 2017. Pour quelle raison l’avez-vous quitté ?
J’ai toujours cru aux valeurs du travail, du mérite, ce sont des valeurs qui m’ont été inculqué par mes parents. Le côté chiraquien c’était le côté humain de Chirac, notamment 1995 avec la fracture sociale, les aspects sociaux, cette partie très humaine de Chirac qui a suscité en moi l’envie de m’engager. Après je m’identifie plutôt comme une personnalité du centre Droit, c’est-à-dire vraiment porté dans ces valeurs humanistes, qui me portent d’ailleurs dans mon activité professionnelle, puisque je suis kinésithérapeute, et que j’ai souhaité intervenir auprès des personnes âgées dépendantes. Cette dimension humaine m’a toujours guidé dans ma vie jusqu’à présent.
Considérez-vous que les Républicains sont un parti trop à Droite pour vous maintenant ?
En 2017, le président de la République avait été élu contre Marine Le Pen, et je voulais que mon pays réussisse. Donc j’estimais qu’il fallait laisser sa chance au président de la République, et j’en avais un peu assez de ces postures dogmatiques prises en permanence : quand les mesures viennent de chez soi on les applaudit, quand elles viennent de chez l’adversaire on les critique. Je trouve qu’aujourd’hui toutes ces postures dogmatiques sont dépassées. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité quitter le parti. Moi ce qui m’intéresse, c’est l’ancrage local, je me suis toujours battu pour le territoire, dans ma ville ou à la Région depuis 2010. Pour cet ancrage territorial, j’ai souhaité ne plus être dans ces pratiques clivantes, ces postures dogmatiques qui polluent la vie politique depuis des dizaines d’années.
Vous vous présentez sans parti derrière vous, mais vous avez quand même le soutien de la République en marche.
Je suis quelqu’un de libre, d’indépendant, avec une passion forte pour le territoire, et je suis un maire. Je pense que la réponse à cette crise peut venir des territoires. La majorité présidentielle devrait m’apporter son soutien, mais quelque part c’est une démarche logique dans la mesure où cette majorité présidentielle est construite sur une volonté d’aller au-delà des clivages. C’est cette méthode que je mets en application au niveau régional, de vouloir réunir des hommes et des femmes de la vie active, des forces vives, d’une Gauche raisonnée à une Droite modérée. Et donc naturellement, c’est ce qui est dans l’ADN de la majorité présidentielle, donc il n’y a pas de surprise à ce que je reçoive son soutien, mais j’accepterais le soutien de toutes celles et ceux qui veulent construire quelque chose pour cette région au-delà des postures dogmatiques.
Quels sont les principaux axes que vous allez défendre dans votre programme ?
La Région a de très nombreuses compétences qui sont toutes très importantes. Néanmoins, je pense que demain, les enjeux principaux que nous aurons à relever et les défis principaux à l’issue de la crise sanitaire c’est la crise économique, sociale et environnementale. Les priorités que je fixerais, et notre projet est en cours d’élaboration de façon participative, ce seront bien sûr l’économie, l’emploi, la formation et l’orientation des jeunes, car il faut que nous soyons le relais de la relance de l’État pour soutenir l’économie dans ces territoires.
« Il faut que nous ayons un véritable capitaine »
La Région, c’est le bon échelon pour agir ?
Oui je pense, entre des compétences très importantes et proches du territoire et d’un autre côté on est aussi là pour être une locomotive. Il faut que la Région assume ce rôle. Une locomotive avec un train, treize wagons, les départements, des essieux qui sont les communautés de communes, les métropoles, et la Région doit être moteur. Or, aujourd’hui la Région n’est pas moteur. Je pense que c’est le bon échelon pour dynamiser notre territoire, pour fixer un cap, une stratégie qui manquent aujourd’hui.
Quel bilan dressez-vous du mandat qui s’achève de Carole Delga à la tête de cette Région ?
C’est un bilan mitigé, on ne peut pas dire que rien n’a été fait, ça serait caricatural. Mais la critique principale que je fais c’est l’enfermement et le dogmatisme de Carole Delga, qui a annoncé qu’elle voulait être candidate pour que la Région reste à gauche, ce qui est quand même très restrictif, on est candidat pour servir les intérêts du territoire. Et puis le fait qu’elle soit un peu otage des partis, notamment Europe écologie les Verts, ils sont contre tout : contre le nucléaire, la LGV, l’avion, la voiture, la viande, les sapins, la chasse, la pêche… Le deuxième reproche, c’est le fait de ne pas avoir fixé de cap à notre Région. Lorsque je demande aux habitants quel est aujourd’hui le cap qu’a fixé Carole Delga, ils ne savent pas répondre. Ils ont l’impression que des choses sont faites car il y a beaucoup de communication et de politiques d’opportunité qui sont menées, mais ces actions ne sont pas mises en perspective vers un cap. Il faut que nous ayons un véritable capitaine, qui impulse une vraie politique pour faire décoller cette Région.
Pour autant, Carole Delga est donnée gagnante dans les sondages…
C’est une sortante, mais je suis très prudent et très attentif par rapport aux sondages. Je dis aux électeurs que ce ne sont pas les médias ou les sondages qui font l’élection, mais que ce sont eux qui la font. Il faut se mobiliser, l’avenir nous dira ce qu’il en est vraiment, mais moi je pars pour gagner et parce que je ne suis pas résigné, donc les sondages je les mets largement de côté. Je suis sur le terrain, j’ai déclaré ma candidature lundi à Toulouse, et j’ai souhaité aujourd’hui être aux portes d’entrée de notre Région pour lancer un message très fort au territoire et à l’ensemble des habitants d’Occitanie.
Vous avez pu voir qu’ici on est très loin de Toulouse.
Oui c’est exact vous êtes loin de Toulouse, mais on a quand même une culture similaire, on n’est pas si éloignés que ça sur de très nombreux points. Il y a ici des industries très importantes, notamment le nucléaire, il y a des forces dans ce territoire. Moi ce que je veux mettre en avant ce ne sont pas les différences entre les territoires, mais les forces pour aller dans le même sens, et en ce sens nous ne sommes pas très éloignés.
Vous parlez de mobiliser les électeurs, dans le contexte actuel avec la crise sanitaire, faut-il voter en juin ?
Je crois que la stratégie opérée par l’État va porter ses fruits. Je suis optimiste pour l’avenir, notamment pour le mois de juin. Je pense qu’on va vers des jours meilleurs et qu’il faut, si la situation le permet et qu’il n’y a pas de risque, conserver cette élection au mois de juin.
Propos recueillis par Thierry Allard