FAIT DU SOIR Dans le Gard, l'entrée en campagne d'Emmanuel Macron se prépare
Les soutiens d'Emmanuel Macron dans le Gard se mettent en ordre de bataille. La campagne du président s’annonce éclair.
Sous la Ve République, les présidents ont coutume de faire durer le suspense. Seul Jacques Chirac avait surpris tout le monde, en 2002, en dévoilant sa candidature 69 jours avant le premier tour. Emmanuel Macron ne fait pas exception. Comme ses prédécesseurs, son choix est d’abord stratégique. Sans candidat ni programme à attaquer, ses concurrents sont dans l'incapacité de se distinguer et donc d'exister. D'ailleurs cette pré-campagne s'est davantage focalisée sur les transfuges entre les clans Le Pen et Zemmour que les débats d'idées.
« Il y a la stratégie d'accord, mais un Président qui se déclare six mois avant ne peut plus présider. Chacune de ses actions sera considérée comme s'il était candidat et non Président », justifie le référent La République en marche et coordinateur de la campagne de la majorité présidentielle dans le Gard, Jérôme Talon. Alors, quand Emmanuel Macron sortira-t-il du bois ? Jérôme Talon penche pour la semaine prochaine : « Lundi, tous les cadres de la majorité présidentielle vont se retrouver à Paris. Alors si la crise en Ukraine ne vient pas perturber la campagne, c'est pour bientôt. »
Lancement des comités de réélection
Sur les territoires, les troupes s'organisent. Le président du Gard rhodanien, Jean-Christian Rey, et l’élue nîmoise Valérie Rouverand recherchent des élus pour créer des "comités de réélection". « Pendant ce quinquennat, nous avons été écoutés et respectés. Les communes n’ont pas subi de pertes financières, comme ce fut le cas avec Nicolas Sarkozy et François Hollande », plaide Jean-Christian Rey avant d'ajouter : « Emmanuel Macron est l’homme de la situation. Il est le seul capable de relever les défis sanitaires, sociaux et internationaux. »
En tête des sondages, le Président sortant fait figure de favori. Toutefois au niveau local, les défaites successives (Municipales, Régionales...) de LREM ne favorisent pas l'adhésion des élus. Le maire de Montclus, Saint-Paul-les-Fonts, Cardet, Cassagnoles, Aujargues participeront aux comités. Si certains, à l'image de Patrice Planes à Rodilhan, ne sont pas mécontents du quinquennat Macron, ils ne feront pas pour autant campagne : « En tant qu’ancien membre de l’Éducation nationale, j’ai apprécié le dédoublement des classes de CP dans les zones REP et REP+ mais je ne suis pas politiquement encarté. »
Cette frilosité ou demi-adhésion est-elle en lien avec le vent de contestation qui souffle sur Emmanuel Macron ? Des gilets jaunes aux "antivax", la France connaît depuis quelques années un rejet - parfois violent - de sa classe politique. Dans le Gard, certains députés comme Philippe Berta ou Olivier Gaillard en ont fait les frais, en recevant des menaces de mort. « Cette radicalité représente une toute petite minorité !, rétorque Jean-Christian Rey. Si certains élus faisaient moins de politique politicienne à deux balles (sic), en créditant certaines thèses complotistes, on n’en serait pas là ! »
Premier tour le 10 avril
Depuis 2017, la situation politique a changé. Les 4 000 adhérents revendiqués de La République en marche ne sont plus dans le même état d'esprit. S'ils sont moins sur le terrain, « les militants LREM nous soutiennent en faisant la promotion d’Emmanuel Macron dans leurs réseaux », tempère Jérôme Talon. Emmanuel Macron va devoir élargir sa base. Incarnée par les candidats Éric Zemmour et Marine Le Pen, l'extrême-Droite n'est pas en reste dans les intentions de vote. Une partie des Macronistes ont même craint la qualification de la candidate Les Républicains Valérie Pécresse au second tour, susceptible de capitaliser sur le rejet présidentiel.
Toujours pas candidat, Emmanuel Macron ne propose aucune nouvelle mesure pour séduire les électeurs. « C’est vrai que les gens nous demandent nos propositions. Mais pour l’instant, on a fait campagne sur le bilan. C'est aussi important », indique Valérie Rouverand. Après son annonce officielle, le président-candidat devrait « se concentrer sur des thèmes comme l’éducation ». Le but ? Être audible avec quelques propositions dans une campagne présidentielle qui, jusqu’ici, fait beaucoup de bruit pour pas grand chose.
Coralie Mollaret
coralie.mollaret@objectifgard.com