FAIT DU SOIR Golf de Saint-Hilaire-de-Brethmas : de gazon maudit à gazon béni…
Ce lundi matin, après des années tendues, des échanges houleux, et une procédure judiciaire liés au projet de golf qui devait voir le jour sur la commune de Saint-Hilaire-de-Brethmas, le président d’Alès Agglomération, Christophe Rivenq, et le maire de la commune, Jean-Michel Perret, ont scellé un accord qu’ils qualifient de « gagnant-gagnant ».
De gazon maudit à gazon béni… La formule pourrait résumer les vicissitudes qui ont accompagné ce projet de golf, faisant passer les différents protagonistes par tous les états. Pour rappel, en 2004, la mairie de Saint-Hilaire-de-Brethmas imaginait ce projet de golf, mais transférait, dès l’année suivante, les compétences vers Alès Agglomération. « On a ensuite connu un certain nombre de problématiques », se souvient Christophe Rivenq qui en cite quelques unes : « l’acquisition du terrain, les architectes, la DUP (déclaration d’utilité publique, Ndlr) avec des erreurs techniques ». Et, en 2014, l’élection d’un nouveau maire, Jean-Michel Perret, qui ne sent pas sa population particulièrement emballée et qui lui propose un référendum. L’élu a eu le nez creux : 60% des votants disent non au projet. La démocratie a parlé. L’Agglo d’Alès en prend acte, mais son président, Max Roustan, n’entend pas payer l’addition. Commence alors une bataille juridique qui se termine devant le tribunal administratif de Nîmes avec, en première instance, une addition particulièrement salée pour Saint-Hilaire-de-Brethmas : près de 3,5 million d’euros à rembourser à l’Agglo, soit quasiment la totalité du budget annuel de la commune.
Un cadre gagnant-gagnant
Mais plutôt que de poursuivre ce combat devant les tribunaux, les deux partis mettent de l’eau dans leur vin, regardent leurs intérêts respectifs et entament des négociations. Elles ont duré un an. Et c’est le successeur de Max Roustan à la tête de l’agglomération, Christophe Rivenq, qui a annoncé la nouvelle ce lundi matin : « Je suis très heureux de sortir de cet épisode du golf de Saint-Hilaire dans un cadre gagnant-gagnant », commence-t-il. Il indique que l’Agglo demande le remboursement des études techniques réalisées, qu’elle va céder certains terrains à la mairie et en conserver d’autres pour des projets agricoles ou encore pour le vaste chantier de contournement qui aura vocation à désengorger la rocade d’Alès. Coût pour la commune : 560 000€ à rembourser à l’Agglo en 10 ans. Bien plus intéressant que le tribunal… « C’est une sortie heureuse », se réjouit le maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas. « Il faut avoir la sagesse de tourner la page. C’est un accord extrêmement équilibré qui n’est pas anodin pour notre commune, mais qui est digérable », poursuit Jean-Michel Perret. Christophe Rivenq rebondit : « Un bon accord vaut mieux qu’un mauvais procès. Et il n’est pas question d’assécher les communes. Quel serait mon intérêt de mettre une commune de l’agglo en difficulté ? »
Jurisprudence golfique
Même si la fin est plutôt heureuse, le binôme Roustan-Rivenq fait néanmoins comprendre qu’il n’a pas envie de revivre l’expérience et qu’il ne souhaite plus dépendre des éventuels changements de majorité dans une commune. « C’est une sorte de jurisprudence », ajoute Christophe Rivenq. En clair : quand une commune s’engage avec l’Agglo, c’est pour du long terme. Sinon, il faudra passer à la caisse. « C’est une bonne jurisprudence pour l’avenir de la communauté d’Agglo », commente Max Roustan qui tend l’oreille pour écouter les nombreux projets évoqués par son successeur en lieu et place du golf. Les idées ne manquent pas, Christophe Rivenq est enthousiaste : « On conserve une quarantaine d’hectares de terres pour installer des agriculteurs dans le cadre du projet alimentaire territorial. On va également expérimenter quelque chose d’ultraconfidentiel. On est vraiment dans l’hyper recherche environnementale ». Cet ambitieux projet de golf s’éclipse finalement au profit d’un retour à la terre, faisant - semble-t-il - l’unanimité auprès des deux parties, occasionnant au passage des réconciliations auxquelles plus personne ne croyait. Y'a pas à dire, le bonheur est dans le pré.
Tony Duret