FOOTBALL La Coupe Gard-Lozère, la fête du foot
Un oncle, un grand-père, votre père...vous a forcément parlé de la Coupe Gard-Lozère pour vous évoquer sa carrière de footballeur amateur dans un petit village du Gard. Une compétition qui rappelle un souvenir à chaque passionné de ballon, comme on dit chez nous. La finale de l'édition 2018 avait lieu ce jeudi, à Aigues-Mortes. Beaucaire s'est imposé 3-0 face au Grau-du-Roi, mais le spectacle se trouvait surtout en tribunes.
Seize heures, le temps était un peu couvert sur Aigues-Mortes mais il faisait quand même beau et la ville grouillait déjà de touristes. À l'entrée de celle-ci, le bosquet était investi par les boulistes qui se retrouvent tous les jours. Mais hier les parties se sont terminées plutôt car une centaine de mètres plus loin, au stade Bourgidou, se préparait la finale de la Coupe Gard-Lozère.
"Bien sûr, on va y passer faire un tour ! ", affirmait la plupart des joueurs. Cédric, assis sur un banc, est attaché à cette compétition : "la Gard-Lozère, c'est la plus belle des Coupes ! J'ai joué une finale en juniors. On avait perdu 1-0 sur une reprise de volée que si je mets la main, il m'arrache le bras." Des souvenirs qui donnaient le sourire à ce pur aigues-mortais qui pour l'occasion va soutenir le voisin et petit Poucet de la finale, le Grau-du-Roi. Trois divisions séparaient le club graulen de leur adversaire beaucairois. Jean-Claude aussi allait soutenir le Grau : "c'est dommage qu'il y ait une grosse différence mais peut-être il va résister comme les Herbiers face au PSG, en finale de Coupe de France."
"Ce club je le porte dans mon coeur"
Pour comprendre ce que représente la Coupe Gard-Lozère, il n'y a qu'à écouter parler Joseph Nouyrigat dit "Jo", président par intérim de l'ESGDR, à quelques minutes du coup d'envoi. "C'est vraiment beaucoup d'émotions d'être là aujourd'hui. Le club a failli mourir et on se retrouve en finale. L'Émulation je la porte dans le cœur." Des mots qui avaient du mal à sortir, remplacés par un geste du poing fermé sur le cœur comme pour montrer que ce club fait partie intégrante de la vie de ce Graulen.
Certainement autant ravi que son ami de toujours Jo, l'ancien international Michel Mézy était évidemment présent. Grâce à son amour pour le club, il a réussi à fédérer les anciens joueurs pour le sauver et le sortir de ses problèmes financiers. Accompagné, deux places à sa droite, de Francis Enjolras, président du District Gard-Lozère : " on a deux équipes remarquables. Beaucaire a été extraordinaire toute l'année. L' ESGDR est une équipe de collègues qui a fait un parcours formidable. Malgré l'écart, sur un match tout est possible ! "
Une finale, ça se vit en famille
Dans un stade acquis à une large majorité à l'équipe camarguaise, proximité oblige, on tombait sur tous les types de supporters. Les jeunes du club, les familles des joueurs, les collègues et la catégorie à part où la Coupe Gard-Lozère se transmet de génération en génération. Cherchant une place, je faisais la connaissance d'André, 81 ans dans quelques jours, et de son petit-fils Maxime, 33 ans. De véritables Graulens venus soutenir leur équipe et amis pour Maxime.
La rencontre démarrait enfin et les deux hommes tendus, commentaient chaque action car une finale ça se vit intensément. Au bout de dix minutes, premier bilan et André était satisfait, "les deux meilleures actions sont pour nous", me glissait t-il. Un match serré où très vite le numéro 5 du Grau-du-Roi tapait dans l’œil du supporter, "il tient la baraque". Comprenez qu'il empêchait son équipe de prendre un but. L'ambiance était bon enfant mais quand un Beaucairois restait un peu trop longtemps au sol au goût des fans, "on n'est pas des tafioles, ici" était scandé par une personne du public, comme pour intimider ou surtout faire rire son voisin.
La pause arrivait et André restait confiant, "on a fait une bonne mi-temps mais j'ai peur que Beaucaire fasse des changements." Et effectivement il avait du nez. Un attaquant a fait son entrée, Sylla "avec ses grands compas" et a permis au favori de marquer un puis deux buts. André avait beau lever les mains au ciel et crier "fatche de con, dit ! " quand les passes étaient mal assurées, rien n'y faisait. Ses dernières réactions étaient pour les gardiens. Sceptique sur les performances du gardien graulen, "le Barça va nous le demander", ironisait-il quand ce dernier réussissait un arrêt. "Il est péquélet le goal, ça peut rentrer !", disait-il sur celui de Beaucaire.
Même en lot de consolation l'ESGDR ne marquera pas mais aura fait rêver ses supporters et pourquoi ne pas recommencer la saison prochaine ? En tout cas, ce qui est sûr c'est qu'André suivra ça de près !
Corentin Corger