GARD 21 cambriolages commis dans l’Est gardois : 4 ans de prison
En fin d’année 2019, de nombreux cambriolages, toujours commis la nuit et sur un même secteur (Aramon, Montfrin, Meynes…), intriguent les gendarmes. Une enquête est ouverte et permet l’interpellation de trois individus, dont l’un est accusé d’avoir commis 21 vols ou tentatives.
Hier matin, il aura fallu vingt minutes au juge nîmois, Jean-Pierre Bandiera, pour lire l’ensemble des faits reprochés à Soulayman, un homme de 30 ans, principal accusé d’une vaste affaire de cambriolages. La liste est longue : en l’espace de quatre mois, le trentenaire a commis des vols dans plusieurs communes de l’Est gardois - Aramon, Théziers, Montfrin, Meynes, Vallabrègues - et emportait tout ce qui lui passait sous la main. S’il a essentiellement pris de l’argent et du matériel informatique, on apprend aussi qu’il a dérobé des pilules contre la chute des cheveux ou un fer à lisser… « Je conteste tout. Je n’ai commis aucun vol », indique d’emblée le prévenu qui reconnait néanmoins le recel.
Quand un vol est commis, son téléphone est inactif…
Difficile de faire autrement. Au domicile d’Ainola, sa petite amie de l’époque, qui est également jugée pour recel, les enquêteurs ont retrouvé de multiples objets provenant justement des vols qui sont reprochés à Soulayman. Une simple coïncidence selon l’accusé : « J’ai acheté les objets à des petits cons de Beaucaire et j’essayais de les revendre un peu plus cher », explique Soulayman. Seulement, plusieurs éléments étonnent le juge. À chaque fois qu’un cambriolage était commis, le téléphone de Soulayman était débranché avant d’être rallumé un peu plus tard. « C’est parce que je faisais l’apéro la nuit avec des copains et j’éteignais mon téléphone pour passer mes soirées tranquille », répond l’accusé qui compte 10 mentions sur son casier judiciaire.
Admettons. Autre point qui intrigue le juge : un homme qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau et qui porte les mêmes vêtements et chaussures rouges que Soulayman a été filmé en train de retirer de l’argent à un distributeur avec une carte bancaire dérobée lors d’un cambriolage. « On est des millions à porter ces vêtements. Rien que dans mon village, on est 400 jeunes à être habillés pareil de la tête aux pieds », assure le trentenaire. « Vous n’avez pas de chance. Celui qui a commis les faits s’habille pile poil comme vous », ironise le président Bandiera qui semblait tout autant surpris, quelques instants plus tôt, par les réponses d’Ainola à ses questions.
« Même un cambrioleur du dimanche ferait mieux que moi »
Cette jeune femme de 23 ans, employée dans une boulangerie et inconnue de la justice, jure qu’elle ignorait totalement que son petit ami était un voleur. « J’ai jamais imaginé que ça pouvait provenir de cambriolages », déclare l’ingénue à la barre. Certains indices auraient pourtant pu lui mettre la puce à l’oreille : les sorties nocturnes de son compagnon (parfois avec une clé à molette et un tournevis) et son retour au domicile avec divers objets… « Il me disait qu’il ramenait ça de chez des amis », indique Ainola. Et le jour où il lui a rapporté un Thermomix ? « Ca faisait longtemps que j’en voulais un et il me l’a offert ». Sauf que l’appareil de cuisine, présenté comme neuf, était sale…
Vient enfin le troisième larron, un certain Azharie, 39 ans et 18 mentions à son casier judiciaire. S’il est le plus capé en matière judiciaire, son rôle dans cette affaire est mineur dans la mesure où on ne lui reproche qu’un seul vol commis lors du réveillon de l’année 2019 à Aramon. Ivre et sous l’effet de la drogue après avoir célébré le passage à la nouvelle année, il est entré dans un commerce d’où il est notamment ressorti avec une enceinte, laquelle a ensuite été retrouvée chez Ainola. Voilà comment les enquêteurs ont reconstitué le trio. La courte intervention d’Azharie, qui reconnait les faits, a eu le mérite de mettre quelques sourires sur les visages des magistrats et de ses compagnons de galère judiciaire : « Je l’ai fait inconsciemment ce cambriolage » ou « Même un cambrioleur du dimanche ferait mieux que moi » quand le président rappelle qu’il a laissé une trace de sang sur les lieux.
5 ans de prison requis
Les prises de parole qui suivent sont beaucoup plus sérieuses. La procureure, Stéphanie Mollard, requiert d’ailleurs une lourde peine contre Soulayman : 5 ans de prison. Elle demande un an sous bracelet électronique contre Azharie et 8 à 12 mois avec sursis contre Ainola. Pour la défense de cette dernière, maître Jean-François Casile, se dit « abasourdi par une telle sévérité envers une jeune femme qui n’a pas de casier judiciaire ». Quant à maître Fanny Aitelli, pour Soulayman, elle estime que la justice n’a « aucun élément matériel pour dire que mon client est l’auteur des cambriolages ». Elle plaide la relaxe. Le tribunal n’a manifestement pas eu la même lecture du dossier et condamne Soulayman à 4 ans de prison, Azharie à 10 mois et Ainola à 9 mois avec sursis. Le couple Soulayman-Ainola devra une dernière fois faire preuve de solidarité pour rembourser les différentes victimes pour un montant total qui dépasse les 12 000€.
Tony Duret