GARD et CRIMES Gendarmes contre voleurs : un jeune tué, émeute à la ZUP de Nîmes
Le 2 mars 2003, la nouvelle de la mort de Mourad, 17 ans, se répand comme une traînée de poudre dans les quartiers populaires de Pissevin et de Valdegour.
Le soir des voitures brûlent, des incidents éclatent, des vitres de commerces explosent. Les forces de l'ordre sont débordées. Deux impacts de balle sont retrouvés dans la carrosserie d'un véhicule de police et quatre fonctionnaires sont blessés. Impossible d'accéder à Pissevin cette nuit là où des poubelles sont incendiées et les axes routiers coupés par près de 160 jeunes qui veulent en découdre en apprenant la mort de leur copain.
Mourad, a été tué la nuit précédente lors d'un raid de cambriolages qu'il avait perpétré avec deux complices dans les Cévennes, du côté de Saint-Hippolyte-du-Fort. Le trio est signalé dans la nuit en train de voler dans des maisons. Cette nuit-là Mourad et ses deux compères ont dérobé un véhicule. Un fourgon dans lequel se trouvait une mobylette, ils ont également été repérés en train d'essayer de dérober des motos. Lorsque l'appel est lancé sur les ondes, le PSIG de nuit de Saint-Hippolyte parcours la campagne de nuit, à la recherche des individus.
La voiture et le fourgon sont aperçus et une course-poursuite s'engage. Juste devant la voiture de la gendarmerie, un fourgon conduit par Mourad refuse le passage aux militaires qui déboulent toutes sirènes hurlantes sur les routes de campagne. Sur un petit axe où deux véhicules ont du mal à se croiser sur la commune de Durfort, d'un coup, le fourgon se met de travers pour empêcher l'avancée des forces de l'ordre. La course-poursuite va se transformer en tragédie. Une fois le fourgon de travers, Mourad, court rejoindre ses copains dans un véhicule qui l'attend à l'avant. C'est à cet instant que les gendarmes bloqués par le fourgon font feu à 17 reprises en direction des fuyards. Une balle va par ricochet terminer sa course dans la tête de Mourad ramené d'urgence par ses copains vers l'hôpital de Nîmes où il va décéder. Alors qu'une instruction est ouverte à Nîmes, un an et demi après les faits, l'enquête va connaître une sacrée secousse. Les gendarmes ont menti, car à aucun moment la patrouille n'a reçu d'autorisation de tirer comme ils l'avait déclarés au départ. Un gendarme, celui qui est à l'origine du tir mortel, sera mis en examen et jugé devant les assises du Gard, six ans plus tard en 2009. Il sera acquitté et l'affaire Mourad définitivement clôturée.