Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 27.01.2021 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 15382 fois

GARD Mathéo, 7 ans, tué au couteau : la maman est-elle irresponsable pénalement ?

photo d'illustration

La chambre de l’instruction de Nîmes doit se prononcer sur la responsabilité pénale d'une mère de famille qui a égorgé son fils de 7 ans.

C'est une scène terrifiante qui attendait les pompiers le 23 mai 2017. Ce jour-là, vers 2h du matin, les secours ont été appelés pour un enfant qui était étendu sur son lit, inanimé et en sang. En arrivant dans la chambre, ils n'ont pu que constater la mort du garçonnet âgé de 7 ans. C'est une proche de la famille, appelée par la maman de la petite victime en pleine nuit, qui a contacté le numéro d'urgence.

Les gendarmes de la compagnie de Vauvert, aidés des techniciens en identification criminelle du groupement de gendarmerie du Gard, ont procédé aux premières investigations et expertises au domicile de Sommières.

La mère de famille a été immédiatement placée en garde à vue. Elle a reconnu être à l'origine du décès de son enfant sans sur le moment donner une explication précise à son geste. Elle a rapidement été placée en hospitalisation d’office.

« L’autopsie a prouvé que le petit garçon était mort d’un égorgement et d’une hémorragie massive », résume le président de la cour d’appel, Christophe Teissier. "Comment pouvez-vous expliquer votre passage à l’acte ?", ajoute le magistrat à l'adresse de la mère de l'enfant.

Dans le box, installée entre trois surveillants pénitentiaires, la mère de famille répond : « Je ne peux pas expliquer pourquoi j’ai tué Mathéo. Je n’avais aucune raison de la faire. »

Plusieurs antécédents psychiatriques anciens

Avant les faits, la mise en examen avait des préoccupations de fin du monde, s'intéressait à l’Islam, voyait des extra-terrestres. « J’ai vu une boule de lumière blanche se soulever », explique celle qui ne prenait pas son traitement lié à une bipolarité diagnostiquée depuis des années. Elle devait d’ailleurs recevoir une piqûre de neuroleptique la veille du drame, mais elle n’avait pas répondu à cette convocation médicale. Une femme qui avait déjà plusieurs antécédents psychiatriques datant de plusieurs années. « Un état psychiatrique ancien et connu », dira un médecin psychiatre interrogé lors des débats judiciaires.

Le soir du drame, la mère de famille est entrée en colère dans la chambre du petit garçon car « il était tard et le lendemain il y avait école. Mathéo jouait avec le chiot. »

« C’est ce qui a déclenché le passage à l’acte », relance le président ? « Non, je ne sais pas pourquoi j’ai fait ça. » Juste après la mort de son fils, « j’ai rincé le couteau comme si je voulais effacer ce que je venais de faire », dit la maman.

Les experts évoquent une confusion mentale notamment le jour du drame. Elle a mis cinq heures pour effectuer 30 kilomètres le jour du drame, pensant qu’elle était suivie. Un seul médecin, sur les cinq sollicités dans cette affaire, évoque une altération du discernement qui conduirait vers un jugement aux assises. Mais les quatre autres experts concluent tous à l’abolition du discernement donc à une irresponsabilité pénale incompatible avec une sanction judiciaire.

L'avocat général Alexandre Rossi demande dans ses réquisitions que l'irresponsabilité pénale soit décidée. "C'est le procès d'une mère infanticide qui a commis l'innommable. Le crime des crimes, souligne le représentant du parquet général.  Ce soir là je me suis déplacé à trois heure du matin. Le discours de cette dame, de cette mère de famille était incompréhensible".

"Tout converge vers une déclaration d'irresponsabilité. Non, on ne condamne pas les fous dans une société civilisée", insiste l'avocat de la mère infanticide, maître Philippe Expert.

"Mais cette dame sait manipuler son auditoire. Elle ne se soignait pas, et elle a pris du cannabis, Mathéo ça lui a coûté la vie", plaide un conseil de la famille partie civile.

La cour d’appel  rendra sa décision le 8 février.

Boris De la Cruz

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