GARD RHODANIEN La réouverture de la ligne de TER rive droite reportée ?
C’est un dossier où décidément rien n’est simple. Alors que la Région Occitanie a acté la réouverture de la ligne de TER de la rive droite du Rhône entre Pont-Saint-Esprit et Nîmes pour décembre 2021, voici qu’une nouvelle procédure risque de la reporter.
Une procédure signée de l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF), établissement qui a rendu un avis « début décembre, pas à la Région mais à SNCF réseaux, qui demande une autorisation de mise en service. Un arsenal de procédure qui peut difficilement se faire en moins de trois ans », explique le vice-président de la Région chargé des transports, Jean-Luc Gibelin. Concrètement, avec cette procédure, difficile d’envisager une réouverture effective aux voyageurs avant 2023 au mieux.
Une situation « pas acceptable pour la Région. Nous restons sur notre posture de ne pas reconnaître cette demande complémentaire », tranche l’élu. Car la Région ne partage pas l’avis de l’EPSF : « Cette procédure est normale pour une ouverture de circulation. Nous considérons que pour la rive droite il ne s’agit pas d'une ouverture de circulation, car il y a des trains de fret et occasionnellement des TGV détournés qui circulent sur cette ligne », développe Jean-Luc Gibelin.
Un rassemblement prévu
Donc la Région « maintient la pression », affirme le vice-président, avant de préciser que la présidente de la Région, Carole Delga, a pris attache avec le Premier ministre, et lui auprès du ministère des Transports et SNCF réseaux sur cette question. En attendant que les choses bougent, « le calendrier n’est pas impacté, le comité de pilotage sur les Pôles d’échange multimodal (PEM, ndlr) se tiendra comme prévu, les travaux du quai de Remoulins ont commencé, à Bagnols/Cèze et Pont-Saint-Esprit les appels d’offres sont lancés (pour les PEM, ndlr) et les réponses ont eu lieu », présente le vice-président de la Région.
Du côté de l’association des Usagers TER-SNCF rive droite du Rhône, c’est l’incompréhension. Sa présidente Laurette Bastaroli appelle les élus régionaux à « résister », et interpelle le préfet du Gard : « Durant la concertation, il s’est engagé à ce que les procédures administratives ne soient pas un frein pour la réouverture. Or l’EPSF est une procédure administrative. » Laurette Bastaroli reprend aussi l’argument avancé par Jean-Luc Gibelin sur le fait que la ligne est déjà utilisée, entre autres, pour le fret.
Tout comme les passages à niveaux. Il y en a deux en question, le PN18 sur la route d’Ardèche à Pont-Saint-Esprit et celui de l’Ardoise. « L’EPSF met en avant la sécurité des passages à niveaux. Or la circulation s’est jamais arrêtée et ces passages sont là », poursuit Laurette Bastaroli. « Ces passages à niveaux fonctionnent et assurent correctement leur fonctionnement », estime Jean-Luc Gibelin. Précisons à ce stade que le passage à niveau de l’Ardoise sera prochainement supprimé lors de la mise en service de la déviation de l’Ardoise, actuellement en travaux.
Alors pour le Parti communiste français local, « la légitimité des élus et des citoyens, qui ont été consultés, on s’assoit dessus », affirme son secrétaire de la section Gard rhodanien, Elian Cellier, qui estime qu’un éventuel retard de la réouverture « enverrait un signe négatif sur la lutte contre le réchauffement climatique. »
La Région ne lâche pas le dossier, et « des messages nous sont donnés pour dire que les choses avancent et que nous devons avoir une réponse, pour l’instant nous ne l’avons pas », précise Jean-Luc Gibelin, qui se dit « déterminé à faire en sorte qu’une solution soit collectivement trouvée » pour respecter le calendrier prévu. En attendant, la CGT, soutenue par le PCF local et l’association des Usagers TER-SNCF rive droite du Rhône, appelle à un rassemblement devant la gare de Bagnols ce vendredi à 10 heures.
Thierry ALLARD