« Soyez rassurés, même s’il pleut maintenant on a les digues ! » : c’est sous une pluie diluvienne que s’est ouvert le conseil communautaire de l’agglo du Gard Rhodanien hier soir, à Codolet, le village du maire Sébastien Bayart, qui vient d’ériger une toute nouvelle digue pour se protéger des eaux de la Cèze.

Si dehors le climat était agité, il était bien plus feutré à l’intérieur. C’est donc dans ce contexte que les élus communautaires ont eu à discuter d’une trentaine de délibérations, dont le contrat de partenariat avec la région Languedoc-Roussillon, puis la convention d’application du Contrat de plan Etat-Région (CPER) 2015-2020.

Des grands projets

Dans le premier document, on retrouve deux tableaux. Un pour les actions engagées en 2015, parmi lesquelles le Prieuré Saint-Pierre de Pont-Saint-Esprit (pour 1,5 million d’euros, dont 152 000 euros de la région), la construction de l’Institut Européen d’Hydrométallurgie (IEH) (pour 5,3 millions, dont 250 000 pour la région) et de la halle technologique au PRAE Boîteux de Marcoule (pour 2,8 millions, dont 560 000 de la région) ou encore le fameux Centre d’excellence numérique de Cornillon, autrement appelé Pôle d’excellence rural (PER) (pour 4,7 millions, dont 600 000 euros de la région).

Vient ensuite un deuxième tableau, la proposition de programmation de l’agglo pour 2015-2017, avec cette fois uniquement le coût global des projets, sans répartition. On y trouve le nouveau musée Albert-André, pour 14 500 000 euros, toujours l’IEH, pour le même montant qu’en 2015, le PER idem, la très fameuse déviation de l’Ardoise pour 30 millions ou encore le passage à niveau numéro 18 de Pont-Saint-Esprit pour 23 millions.

« Ce plan montre la montée en puissance du couple agglo-région au détriment des communes, a justifié l’élue FN Christiane Gondard pour expliquer son abstention. Nous nous abstiendrons aussi car ce plan reprend le PER, et également car nous découvrons le montant du musée Albert-André. Il y a des sommes allouées à des projets culturels alors que le territoire ne bénéficie pas du très haut débit, qu’en matière de circulation nous attendons la 2x2 voies depuis 30 ans, et il manque la réouverture de la ligne rive droite du TER. » Un dernier sujet sur lequel l’élu communiste Jean-Marie Daver a lui aussi appuyé.

« Il y a des protocoles entre le département et la région qui ne sont pas incompatibles, leur a répondu le président Jean-Christian Rey. Quant à la 2x2 voies, elle est dans le CPER. » Et sur le TER ? « L’Etat a souhaité le sortir du CPER, car le projet est à cheval sur plusieurs régions. L’agglo et la région se mobilisent déjà depuis des années pour une ouverture à laquelle on aspire tous », a affirmé le président.

« Vivre sur des certitudes et pas sur des engagements virtuels »

Côté CPER, on retrouve les volets mobilité, avec là aussi la 2x2 voies, numérique, avec le développement du très haut débit, ou encore enseignement supérieur, transition énergétique et écologique et culture. Sur les cinq prochaines années, les financements sont répartis entre l’Etat (13,3 millions), la Région (5 millions), et l’agglo (2 millions).

Ici c’est la question du financement de la 2x2 voies qui revient dans l’assemblée, le laudunois Yves Cazorla (LR) et le maire de Chusclan Louis Chinieu demandant l’un après l‘autre « comment va-t-on financer ? » « Les engagements budgétaires sont annuels, expliquera Jean-Christian Rey. Pour la 2x2 voies, il faudra plusieurs exercices, on devrait mettre 4 à 500 000 euros par an pour ce projet. » La question du recours à l’emprunt « sera à déterminer à chaque exercice », a précisé le président de l’agglo.

L’élu bagnolais Les Républicains Serge Rouquairol a quant à lui dénoncé « un contrat qui ne porte que sur des engagements de principe » avant de craindre que la réforme territoriale « rebrasse tout, les engagements seront fort peu suivis d’effets » et de lancer : « il faut vivre sur des certitudes et pas sur des engagements virtuels, je trouve ça extrêmement dangereux. » « Les exercices sont annuels, on inscrit ce qu’on trouve pertinent, et on fixera notre part », lui répondra Jean-Christian Rey, sans le convaincre : l’élu de droite votera contre le CPER. Sept autres élus s’abstiendront.

Et aussi :

PER, épisode 3249 : une autre délibération concernait le PER de Cornillon, elle consistait en la signature des autorisations prévues par le code de l’urbanisme pour le projet. Sujet on ne peut plus touchy à l’agglo, le PER n’a pas provoqué d’interminables débats hier soir comme on en avait l’habitude. Seule la bagnolaise Claudine Prat s’est exprimée, estimant que « déposer un permis de construire signifie que le projet est abouti et qu’il correspond aux besoins de la population, ce dont je ne suis pas convaincue. » « Les groupes de travail sont ouverts à tout le monde, lui a répondu Jean-Christian Rey, visiblement agacé. On en est à la phase réalisation. On vous fera repasser une nouvelle fois les documents, mais je ne sais pas ce que vous en faites. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com