GILETS JAUNES Quand Alès tourne au ralenti
La mobilisation des gilets jaunes se poursuit ce mardi 20 novembre dans la capitale des Cévennes, avec de nombreuses conséquences pour les établissements commerciaux.
Pour ceux qui n’aiment pas faire la queue au supermarché, c’est le moment de venir faire ses courses ! Mais encore faut-il passer à travers les barrages bloquants ou filtrants installés sur les différents ronds-points de la rocade d’Alès.
Ce mardi matin, en raison de la mobilisation des gilets jaunes à proximité de l’Hyper U, la station-service du magasin était fermée. « C’est comme ça depuis samedi. Les gilets jaunes m’ont dit que si j’ouvrais la station, ils bloqueraient les accès au magasin pour l’obliger à la fermer. En fait, les gilets jaunes sont mes nouveaux patrons », explique Sébastien, le responsable de la station, qui revient sur les conséquences du mouvement pour son activité : « mon collègue est au chômage technique, il est obligé de prendre des congés forcés. Et on a peur pour nos primes »
Grâce à la fermeture de la station-service, les gilets jaunes ont donc laissé les accès libres à Hyper U, contrairement à la veille, lundi, où le rideau avait été baissé dès 10h du matin. « On n’a pas eu le choix puisqu’ils ont bloqué les ronds-points », regrette Valentin, le responsable de la location véhicule et de la communication du magasin. « Depuis samedi, c’est compliqué. Ce matin, on était une quinzaine de salariés. En temps normal, on est entre cinquante et soixante-dix. On prend les choses comme elles viennent, au jour le jour ». Le seul point positif, si l’on peut dire, c’est que les rayons sont encore remplis dans la mesure où les clients n’achètent plus…
Lorsque l’on remonte au niveau de la RN106, on retrouve les gilets jaunes qui bloquent la sortie de la double voie. Le McDo, situé à proximité, subit le mouvement de plein fouet depuis samedi. Au fast-food, les commandes sont en chute libre et les tables sont vides. « Nous sommes impactés comme tous les commerçants », indique une employée.
À deux pas, les allées du magasin Picard sont, elles-aussi, quasi-désertes. « Ce matin, nous avons eu dix clients à tout casser ! », observe une salariée. Malgré la baisse de fréquentation, le magasin est resté ouvert. « Nous en avons profité pour mettre en place les installations de Noël, donc nous avons travaillé quand même ! », sourit la responsable.
Un commerçant de la galerie Cora : « C’est catastrophique ! »
À Cora, l’une des enseignes phares de l’entrée d’Alès, quelques personnes ont réussi à faire leurs courses ce mardi, « mais on a une baisse de 95% de la fréquentation, si ce n’est plus », témoigne Pascal, manager départemental de l’enseigne. « Pour le moment, on décale les jours de repos de nos salariés, mais on est inquiet. Combien de temps ça va durer ? », interroge-t-il.
Karim, comme beaucoup de monde, est bien incapable de répondre à cette question. Le gérant de la boutique de maroquinerie San Marino, située dans la galerie marchande de Cora, est abattu : « C’est catastrophique. Ma trésorerie n’est pas infinie. On peut concevoir le blocus et comprendre le désarroi, mais on est impacté énormément. Et nos fournisseurs qu’il faut payer, eux ils ne s’arrêtent pas ».
Ce mardi, les gilets jaunes ne se sont pas cantonnés aux axes routiers et aux stations-services. À midi, le trafic ferroviaire a été perturbé entre Alès et Nîmes avec un train bloqué au niveau de Saint-Geniès-de-Malgoirès, suite à la présence de manifestants sur la voie.
Le train a finalement réussi à repartir même si, à Alès ou ailleurs, les protestataires vêtus de jaune n’ont pas encore dit leur dernier mot : « on sera là tous les jours ! Et on compte fermer Cora dans la semaine », préviennent les manifestants du rond-point de la double voie, plus déterminés que jamais.
Tony Duret & Élodie Boschet