Publié il y a 8 ans - Mise à jour le 28.08.2016 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1579 fois

HOMME DE L’OMBRE Julien Devèze, le fils spirituel d'Yvan Lachaud

Julien Devèze, directeur de cabinet du président de Nîmes Métropole Yvan Lachaud (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

À 39 ans, Julien Devèze (UDI) est le directeur de cabinet du président de Nîmes Métropole. Reconnu par ses partisans comme ses adversaires pour être « un homme brillant » et « pas sectaire », l'apparatchik évolue depuis une quinzaine d’années sous l’aile d’Yvan Lachaud. Le Président de l'Agglo avec qui il entretient une relation affective...  

Assis derrière son bureau, entre un samovar russe et un tableau du groupe The Knife, Julien Devèze a le nez plongé dans un bouquin. Son ouvrage fétiche, étouffé d'annotations : La VIème République et le Régime présidentiel. Recoiffant sa mèche ondulée qui tombe sur son front, le centriste s’exclame : « Quand j’ai lu ça, je suis tombé des nues ! ». « Ça », ce sont les règles constitutionnelles, édictées dans les années 60 par le politologue Maurice Duverger, qui imagine une République capable de satisfaire l’intérêt général.

Une  « culture centriste »

Cette scène en dit long sur la personnalité du directeur de cabinet d’Yvan Lachaud. À 39 ans, Julien Devèze est un collaborateur atypique. Pas tant par son parcours, plutôt classique, mais par son caractère. Ses partisans comme ses adversaires vantent ses qualités, « un homme brillant » et « pas sectaire ». « C’est un homme consensuel avec qui ont peut travailler », reconnaît Marc Dubois, chargé de mission du groupe UPNM* à l’Agglo.

Diplômé de Sciences-Po Aix, les études du Nîmois l’ont conduit à « s’intéresser à toutes les idées, même les plus dangereuses. C’est toujours mieux de comprendre pourquoi certaines personnes ont émis ces théories ». Dans sa bibliothèque, on retrouve Le Coup d'État permanent de François Mitterrand ou encore La théorie du marxisme. Son ouverture d’esprit et sa nature « contestataire » lui permettent de développer un « esprit de contradiction », utile à sa fonction : « j'essaie toujours de peser le pour et le contre avant de conseiller les décideurs politiques ».

À l’écouter, son attitude est intrinsèque à la « culture centriste ». À 17 ans, l’adolescent issu d’un milieu social plutôt favorisé se laisse tenter par le RPR (Rassemblement pour la République), suite à un meeting grisant de Jacques Chirac. Son adhésion sera toutefois de courte durée : réfractaire à la culture du chef, Julien Devèze se tourne rapidement vers l’UDF (Union pour la démocratie française) et milite dans le syndicat étudiant Alternatives à Aix.

« Yvan Lachaud est comme un père »

C'est l'un de ses anciens professeurs à d’Alzon qui le met en contact avec Yvan Lachaud. Le militant fraîchement diplômé devient chargé de mission à la Région puis à la Ville, après la victoire aux Municipales. Au fil du temps, les deux hommes se découvrent une histoire familiale commune et nouent une solide relation. « Yvan Lachaud est comme un père pour moi. Sans lui, je n’en serai pas là », révèle le trentenaire. « Oui, il est un peu comme mon fils, j’ai beaucoup d’affection pour lui », confie, à son tour, Yvan Lachaud.

Julien Devèze occupe les fonctions d'attaché parlementaire d'Yvan Lachaud et dirige sa campagne en 2007 et 2012. En 2014, il accède au poste de directeur de cabinet de Nîmes Métropole, après la nouvelle victoire de la droite aux Municipales. Une avancée dans sa carrière. « Je n’ai pas hésité une seule seconde », explique Yvan Lachaud, « Julien est un bosseur qui fait avancer les dossiers ». Dans leur tandem, le directeur de cabinet « conceptualise les idées pratiques » d'un Président qu'il qualifie de « très concret, qui sent les trucs » et, parfois, le « tempère » lorsqu’il y a des accrochages notamment avec le maire de Nîmes.

Malgré sa fonction, Julien Devèze soutient ne pas être un « tacticien » : « faire campagne, ce n’est pas mon gros kiffe. Gérer une collectivité dans l’esprit d’une campagne, c’est encore moins mon truc... Même si je ne suis pas naïf ». À Nîmes, une partie du mundillo politique a tendance à penser que le « vrai directeur de cabinet » de Nîmes Métropole est le conseiller spécial d'Yvan Lachaud, François Martin. Cet ex-journaliste au carnet d'adresses bien rempli, a une certaine influence sur le Président UDI. « Ceux qui disent ça sont subjectifs ou ne sont pas dans l’Agglo », rétorque-t-il, préférant mettre en exergue la complémentarité de l’équipe : « François Martin a une grande qualité relationnelle, il connaît bien le territoire et les élus », et la bonne ambiance qui y règne au cabinet : « on se voit le week-end, et ils vont sans doute me convertir au vélo ! »

Quelles ambitions ? 

Loin de l'image du jeune loup, Julien Devèze se préoccupe peu du lendemain. L’an dernier, après la démission d’Eddy Valadier à la Région, il a goûté à la fonction d’élu : « La possibilité de pouvoir expliquer mes idées aux gens, ça change tout ! ». À l'avenir, le mandat de député l’intéresserait. Mais pas pour tout de suite. L’apparatchik doit encore faire ses preuves et accroître son expérience. « Peut-être que je travaillerai dans le privé ou dans l’enseignement », suppute-t-il, après avoir exercé de 2012 à 2014 le métier de maître auxiliaire à d'Alzon, ce qui lui a laissé « un excellent souvenir. » « Julien n’a pas de souci à se faire », prédit Yvan Lachaud, qui compte le garder encore un peu sous son aile...

Thierry Allard et Coralie Mollaret

*Union Pour Nîmes Métropole : groupe dans lequel siège le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier. 

Coralie Mollaret

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