INTERVIEW Yvan Lachaud (UDI) : « L’avenir de l’aéroport Nîmes/Garons est aéroportuaire »
2017 est une année de mutation pour Nîmes Métropole et son président Yvan Lachaud. Compétence tourisme, présidence de l’aéroport Nîmes Garons et défis autour des transports de l’Agglo… L’exécutif UDI revient, pour Objecitfgard, sur ces enjeux.
Objectif : Quel bilan faites-vous de vos deux années passées à Nîmes Métropole ?
Yvan Lachaud : Mon bilan… À brûle-pourpoint, je n’y ai pas tellement réfléchi ! Je parlerai plutôt de mon action qui consiste à piloter cette agglomération en préservant l’intérêt général. Nîmes Métropole a changé de braquet : nouvelles compétences, extension de territoire et budget contraint, en raison notamment de la baisse des dotations de l’État… J’essaie de trouver un consensus avec les élus pour développer nos compétences premières, que sont le développement économique, qui va de pair avec l’enseignement supérieur, et la structuration des transports. Avec le maire de Montpellier et celui d’Alès, nous cherchons à développer nos métropoles dans la complémentarité et non la concurrence afin de peser dans la nouvelle grande région.
Comment se traduit cette complémentarité dans les faits ?
Nous travaillons avec les trois autres présidents de métropole de l’ex-région Languedoc-Roussillon pour développer l’attractivité de notre territoire et créer de l’emploi. Avec Alès, Montpellier et Perpignan, nous espérons présenter un projet commun, en septembre, à la Région dans le cadre des nouveaux schémas régionaux (économiques et de l’enseignement supérieur).
En 2017, Nîmes Métropole récupère la compétence tourisme. Toutefois, la gestion de l’office du tourisme de Nîmes a été transférée à la SLP Agate. Souhaitez-vous qu’il entre dans le giron de l’Agglo ?
Nous avons mis en place un comité de pilotage* pour aborder ces questions. Je tiens à souligner que le tourisme, ce n’est pas que l’office de tourisme de Nîmes ou de Saint-Gilles. Ça va au-delà… Par exemple, autour de ces communes, il y a de l’hébergement touristique, des maisons de pays… Le projet sur Magna Porta sera également important. Alors aujourd’hui, le job pour notre Agglo, c’est de travailler sur la nature de la compétence, d’où ça part et jusqu’où ça va…
Toutefois, le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier souhaite conserver la gestion de son office du tourisme. Qu’allez-vous faire en 2017 ?
J’ai l’intention de gérer le tourisme, en respectant les sensibilités de chacun. Il y aura des accords.
Quelle sera la teneur de ces accords ?
Nous ne le savons pas encore. Si nous créons un comité de pilotage aujourd’hui, c’est pour que ces sujets soient débattus, par l’administration et les responsables politiques. L’intérêt général prime. Le sujet est trop important pour que les égos des uns et des autres passent devant.
Quel avenir pour l'aéroport Nîmes Garons ?
En matière d’accord, il y en a un autre qui vous lie avec Jean-Paul Fournier : la présidence du syndicat mixte de l’aéroport. Vous devriez la récupérer en 2017. Est-ce toujours d’actualité ? L’édile de Nîmes semble moins emballé ces derniers temps…
Oui ils sont toujours d'actualité. L’Agglomération est le principal contributeur financier du syndicat mixte de l’aéroport (1,2 M sur un budget de 2,1 M par an, NDLR). Jean-Paul Fournier m’a demandé de rester jusqu’en 2017 pour accueillir la sécurité civile.
S’il ne souhaite pas vous la laisser, qu'allez-vous faire ? Avez-vous la majorité au conseil d’administration du syndicat mixte ?
Nous n’avons pas à aborder cette question. Il s’agit d’accords. Moi, je respecterai ma signature.
Quels projets comptez-vous développer pour cet aéroport?
Le syndicat a sauvé l’aéroport, c’est une évidence. Aujourd’hui nous avons une chance inouïe : l’arrivée de la sécurité civile. Cela va donner à notre infrastructure une envergure supplémentaire. Notre aéroport peut devenir une véritable plateforme aéroportuaire européenne… Aussi, nous devons travailler en complémentarité avec les autres aéroports de la région.
Qu’en est-il des lignes commerciales ? En sept ans, le nombre de passagers à Nîmes/Garons a légèrement diminué (225 700 passagers en 2007 et 205 000 en 2014). Faut-il les supprimer, comme l’a proposé le directeur de l’aéroport de Montpellier ?
Non, ce n’est pas à l’ordre du jour. Il faut regarder comment nous pouvons faire pour que ces lignes coûtent moins cher. Ce ne sont pas nécessairement les prix trop bas qui stimulent la demande… La gratuité n’existe pas, il faut que l’usager paie d’avantage.
Comment développer l’attractivité commerciale de l’aéroport ?
Il faut développer l’attractive économique du territoire. C’est clair. Mais pour moi, l’avenir de l’aéroport Nîmes/Garons est aéroportuaire. Contrairement à Montpellier, nous avons de la place pour accueillir les entreprises. Nous avons de nombreux atouts, comme Sabena ou une piste de 2,4 km qui peut accueillir des gros-porteurs.
Le tarif des abonnements Tango
Concernant Tango. En février, vous avez mis fin à la gratuité du réseau Tango. Mais, la semaine dernière, vous avez fait voter de nouveaux tarifs solidaires. Pourquoi ne pas l’avoir prévu avant ?
J’ai rencontré des personnes âgées et personnes handicapées qui m’ont fait état de leur difficultés. Je suis ouvert à toutes les discussions. Moi cela ne me dérange pas ! Ce n’est pas un recul. Ça fait partie de mon mode de management : associer les gens intéressés à la prise de décision. En discutant, on s’est rendu compte qu’il fallait améliorer les choses.
Pourquoi ne pas l’avoir fait avant ?
Les maires y avaient travaillé. On peut changer d'avis. Aujourd'hui, c’est plus 50% de réduction c’est 70% de réduction pour un quotient familial à 540. Pour les personne âgées et personnes handicapées, jusqu’à un quotient familial de 900, ils ne paieront que 15 €.
Combien ces nouveaux tarifs vont-ils coûter à l’agglomération ?
En parallèle, il y a l’augmentation du ticket de 0,10 €. On pense qu’en mettant en place ces tarifs, cela va amener des gens à prendre davantage le bus. Pour nous l’écart est mineur. L’objectif est simple : passer à 10 M de recette pour avoir un rapport de recette/dépense de 24% au lieu de 17% actuellement. La moyenne nationale est de 30%.
Législatives 2017
Enfin, dernière question plus politique : serez-vous véritablement candidat aux Législatives ?
Je suis déjà investi par l’UDI. Mais ma réponse, dépendra du cumul des mandats. S’il n’y a pas de possibilité de cumul, je choisirais l’Agglo car la piloter, c’est fantastique. C’est s’engager pour nos concitoyens, pour l’attractivité du territoire. Je trouverais frustrant de ne plus être au contact de mes concitoyens.
Propos recueillis Abdel Samari et Coralie Mollaret
*Les élus Mary Bourgade et Richard Flandin ainsi que la directeur de cabinet de la ville de Nîmes Jean-Albert Chièze représente la ville de Nîmes dans ce comité de pilotage.