Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.01.2022 - marie-meunier - 3 min  - vu 5318 fois

LE 7H50 d'Audrey Dussaud de la chambre d'agriculture : "On surveille de près" la punaise diabolique

La punaise diabolique est une espèce invasive originaire d'Asie et qui est présente en France depuis quelques années. Elle peut générer des dégâts dans les vergers en grignotant les fruits. (photo libre de droits / Hectonichus / Commons wikimédia) - Picasa

Halyomorpha halys. C'est le nom latin de l'insecte que l'on nomme plus communément la punaise diabolique. Il s'agit d'une nouvelle espèce invasive qui a fait son apparition en France récemment et qui peut causer des dégâts sur les arbres fruitiers. Audrey Dussaud, technicienne arboriculture à la chambre d'agriculture du Gard, participe à plusieurs réunions de secteur avec les agriculteurs pour en dire plus sur cette petite bête. Présentation. 

Objectif Gard : Pour commencer, quelles sont les caractéristiques de cette punaise diabolique ?

Audrey Dussaud : C'est une punaise, une espèce invasive, qui provient d'Asie. Elle est arrivée en France en 2019, en Savoie, via Sisteron. Elle était déjà en Italie depuis une dizaine d'années. En 2020, elle a été vue dans la Drôme et en 2021, on a constaté sa présence dans la zone Sud-Est et elle a fait des dégâts sur les pêches, pommes, cerises et kiwis. Elle est polyphage, elle mange plusieurs fruits et légumes.

Quand a-t-on détecté pour la première fois sa présence dans le Gard ? 

L'année 2020, j'en ai piégé une. Mais c'est vraiment cette année où elle a fait du dégât. Cette année, on a mis en place un réseau de piégeage pour surveiller les populations et voir comment elles se comportent. On a observé qu'elle faisait a priori une génération par an chez nous, avec un hivernage dans les maisons.

Comment la différencie-t-on d'une punaise classique ?

Elle va se regrouper, faire des gros amas de punaises. Elle ressemble à la punaise verte mais grisâtre et un peu plus petite.

Tout à l'heure, vous avez parlé de dégâts. À quoi cela cela ressemble-t-il ?

Elle va piquer le fruit. Ça va créer des boursouflures. Dans le Gard, les vergers touchés sont assez éparses. Ça dépend. Des fois, elle ne va s'attaquer qu'à un ou deux arbres et laisser le verger dans son ensemble. Il y a quand même des zones où elle a fait un peu plus de dégâts comme vers Pont-Saint-Esprit. Il y en a aussi dans la Crau et la Drôme.

Comment lutter contre cette espèce ?

Le problème, c'est qu'il n'y a pas vraiment de moyens de lutte à l'heure actuelle. Les stratégies insecticides restent très limitées. Quand la punaise est pulvérisée, elle se laisse tomber au sol, donc elle évite le nuage insecticide. Le seul moyen qui marche, c'est le filet contre le carpocapse (*) en pommiers et poiriers. Mais ça a un coût, on ne va pas le mettre pour la punaise spécifiquement. Sinon, on est vraiment dans des perspectives de recherches. On sait qu'il existe une espèce de guêpe qui pourrait parasiter ses œufs mais elle n'est pas présente en France.

À quelques mois du printemps 2022, êtes-vous inquiets à la chambre d'agriculture ? Est-ce que cette punaise pourrait s'installer durablement dans les années à venir ?

Ça reste une punaise comme toutes les autres. Jusqu'à présent, on avait des produits large spectre pour protéger les vergers. Mais aujourd'hui, on a de moins en moins de solutions. Cela pourrait causer des dégâts importants donc on surveille de près. Surtout que ça se rajoute à d'autres ravageurs déjà présents : pucerons, carpocapses... Mais les producteurs ne doivent pas s'affoler non plus, c'est un ravageur parmi d'autres.

Propos recueillis par Marie Meunier

* Le carpocapse des pommes et des poires est un insecte de l'ordre des lépidoptères, de la famille des tortricidés, dont la larve se développe à l'intérieur des fruits.

Marie Meunier

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