Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 07.06.2019 - abdel-samari - 4 min  - vu 702 fois

LE 7H50 de Christophe Castaner : "Nous n’avons pas le droit de décevoir"

Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur accorde une interview exceptionnelle à ObjectifGard (photo Corentin Corger)

Après sa visite dans le Gard en milieu de semaine, le ministre de l'Intérieur a accordé une interview à Objectif Gard. Feux de forêt, sécurité civile, feria, délinquance... Christophe Castaner est l'invité exceptionnel du 7h50.

Objectif Gard : Vous étiez en déplacement dans notre département pour le lancement de la saison des feux de forêt. Comment lutter efficacement contre ce danger chaque été ?

Christophe Castaner : Les feux de forêts sont un fléau. Ils menacent les habitations, les Français et notre environnement. L’été peut être destructeur – rappelons-nous des 25 000 hectares de forêts partis en fumée en 2017. La première chose à retenir, c’est que 90 % des départs de feux sont d’origine humaine et qu’un simple mégot mal éteint peut détruire plus de 1 000 hectares. Aussi, mon premier engagement, c’est la prévention. Avec le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, nous allons diffuser largement un guide de sept bons comportements face aux feux. Ils vont de ce qui semble évident, comme ne pas jeter de mégot ou ne pas faire de barbecue près des zones de forêts, à des consignes de confinement en cas d’incendie. Nous renforçons également notre vigilance ainsi que nos capacités d’alerte, et nous pouvons compter sur l’engagement et la préparation irréprochables des 30 000 sapeurs-pompiers volontaires du sud de la France, prêts à intervenir à tout instant.

La base de sécurité civile de Saint-Gilles est un exemple parfait de la réussite de la France dans ce domaine. Vous allez renforcer les moyens ?

La sécurité civile est au cœur de mes priorités et nous en renforçons déjà les moyens ! En 2019, son budget a augmenté et nous renouvelons notre matériel. La flotte aérienne de sécurité civile française est la première d’Europe. J’ai bien intention qu’elle le reste et qu’elle soit pleinement opérationnelle. C’est pourquoi nous modernisons notre flotte d’hélicoptères et, dès ce mois-ci, un troisième avion Dash sera livré. C’est un véritable avion "couteau-suisse", capable de réaliser du transport de personnes et de matériels, de procéder à des évacuations sanitaires et de larguer 10 tonnes d’eau. C’est un atout considérable. Et la montée en puissance continue : d’ici 2024, la flotte de la sécurité civile passera de 2 à 8 avions Dash.

La ville-préfecture du Gard, Nîmes, a démarré un de ses rendez-vous annuels d'importance : la feria. Allez-vous renforcer la sécurité cette année ?

Comme pour chaque grand événement, le ministère de l’Intérieur répond présent pour assurer la sécurité des Français. Des moyens exceptionnels sont déployés pour faire face aux risques : un périmètre festif sanctuarisé entre 10h et 4h avec des barrières anti-intrusions est mis en place. Nous sécurisons la gare, les arènes et multiplions les patrouilles autour des principaux sites et bâtiments de la ville. Une surveillance aérienne est également assurée. Au total, plus de 500 policiers sont mobilisés pour l’occasion. Les forces de l’ordre sont présentes et visibles pour faire en sorte que tout se passe bien et que la feria soit une grande fête populaire.

Le Gard reste un département violent comme le rappelait dernièrement le procureur de la République de Nîmes dans nos colonnes. Criminalité organisée, trafic de stupéfiants ou encore proxénétisme. Quelles sont les solutions à votre disposition pour maîtriser ces phénomènes en croissance ?

En 2018, la criminalité a baissé de 9 % dans le Gard avec des baisses parfois très significatives. Je pense aux vols à main armée dont le nombre a diminué de 36 % en 2018. Cette tendance se confirme en 2019, mais nous devons rester vigilants. Le trafic de drogue, en particulier, brise encore le destin de trop de familles et de jeunes dans le Gard. La sécurité des Français est la première priorité du Gouvernement et, depuis le début du mandat, nous mettons au point la police de sécurité du quotidien : un budget en hausse, 10 000 policiers et gendarmes supplémentaires recrutés d’ici la fin du mandat, une police du "sur-mesure" qui s’adapte à chaque territoire et un retour des policiers et des gendarmes sur le terrain. Par ailleurs, pour répondre spécifiquement à la question du trafic de drogue, je présenterai très bientôt un plan de lutte renforcé contre le trafic de stupéfiants.

La colère des gilets jaunes semble derrière nous. Quel enseignement tirerez-vous de ce mouvement inédit ?

Ce que je retiens, c’est qu’il faut entendre cette colère et rester à l’écoute des Français. Avec le Grand débat national, nous avons vu qu’il existait une triple demande de justice : une justice fiscale et une demande de ne plus augmenter les prélèvements obligatoires ; une justice démocratique, pour des institutions plus proches, plus représentatives ; et une justice territoriale, pour qu’aucun territoire ne soit laissé sur le carreau. Le président de la République a annoncé une série de mesures pour répondre à ces demandes légitimes. En décembre, pour le pouvoir d’achat, et en avril, avec une baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu. Je pense aussi à la création d’un conseil de participation citoyenne, avec des citoyens tirés au sort, ou encore à l’engagement à ce que plus un hôpital ne ferme sans l’accord du maire d’ici la fin du mandat. Ce sont des décisions fortes, à nous de les mettre en place. Nous n’avons pas le droit de décevoir.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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