LÉGISLATIVES La France Insoumise et le PCF, plus d’une charte les sépare
C’est un des feuilletons politiques de cette avant-campagne des législatives dans le Gard : les communistes et la France Insoumise, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, arriveront-ils à s’entendre ?
Pour l’instant, et que ce soit au niveau national comme à l’échelon local, ce n’est pas gagné, malgré le soutien apporté par le PCF à la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour les présidentielles. Les deux parties ont toujours du mal à tomber d’accord, notamment, expliquent les communistes, à cause de la charte de la France Insoumise.
Les « alliances à géométrie variable » du PCF
En réalité, le désaccord entre PCF et FI semble plus profond. C’est ce qu’on comprend en revenant aux origines de la France Insoumise : « la genèse remonte aux municipales de 2014, lorsqu’on s’est rendus compte que le PCF était toujours dans une logique d’alliances à géométrie variable, explique le co-secrétaire départemental du Parti de Gauche Luc Rousselot. Dans leur for intérieur, ils se disent qu’ils ne pourront pas être majoritaires. » Un raté qui a contribué à l’enterrement du Front de Gauche, qui rassemblait le PCF, le PG et Ensemble! : « la stratégie était celle de l’autonomie conquérante, mais les municipales ont été l’heure de vérité quand dès le premier tour des communistes ont décidé d’aller sur des listes communes avec le PS », déplore le co-secrétaire du PG dans le Gard.
L’idée qui aboutira début 2016 sur la France Insoumise germe alors chez quelques membres du PG, et débouche sur la présentation de quelques listes citoyennes aux départementales de 2015, notamment sur le canton de Roquemaure. Le principe figure sur une contribution lors du congrès du PG à l’été 2015, « avec pour objectif de s’adresser aux gens différemment, être plus citoyens et avoir une organisation plus horizontale », poursuit Luc Rousselot. Peu de temps après, dans la perspective des élections régionales le parti de Jean-Luc Mélenchon, le PCF et EELV se sont retrouvés pour « une réunion de convergence, mais suite à ce rassemblement il y a eu une reprise en main par EELV et le PCF du mouvement, ils sont restés sur leurs vieilles habitudes », regrette Luc Rousselot.
« Quelque chose est en train de se passer »
Ce serait donc en opposition à cette attitude, et dans la poursuite de la stratégie de « l’autonomie conquérante » que serait née la France Insoumise, « un mouvement pas du tout dans les calculs partisans », affirme Luc Rousselot. Pas de quoi tout de même rompre les discussions avec les alliés d’hier, « d’abord parce qu’il le demandent, et parce qu’on trouve que la multitude de candidatures n’est pas la meilleure chose à faire. » Et pour FI, si rassemblement il y a, ce sera autour d’elle : « au niveau national nous avons pas loin de 215 000 signataires (214 550 jeudi à la mi-journée, ndlr), et au niveau de chaque circonscription des gens nouveaux qui nous rejoignent, prêts à s’impliquer, souligne Luc Rousselot. Quelque chose est en train de se passer. »
En clair, après avoir passé leur tour pour les présidentielles en soutenant Mélenchon, les communistes devraient s’asseoir sur les législatives. Une perspective impensable pour le PCF, l’aide publique apportée par l’Etat aux partis politiques étant calculée en fonction des résultats… aux élections législatives ! Autant dire qu’un retrait généralisé lors des législatives signifierait peu ou prou la mort du PCF.
« On veut sortir des tripatouillages »
Quant à la charte, qui bloque toujours avec les communistes, « on peut voir s’il est possible de la faire évoluer, mais pas de la refondre complètement, elle a été rédigée dans le cadre démocratique de la France Insoumise », prévient le co-secrétaire gardois du PG. Et si le PCF n’est pas satisfait, Luc Rousselot rappelle qu’« ils ont refusé de rentrer dans le processus, nous on avance. »
Pour avancer, les mélenchonistes comptent bien présenter 577 candidatures aux législatives, des candidatures actées dans 5 des 6 circonscriptions du département — seule la 5e restant en suspens pour l’instant, même si le mouvement compte y être présent. Et Luc Rousselot avertit : « les communistes s’imaginent qu’on ne sera pas capables d’aller au bout. On veut sortir des tripatouillages, et ça non plus ils ne le comprennent pas. »
On l’aura compris, le fossé qui sépare PCF et FI est plus large qu’une simple charte. Reste maintenant à voir si les deux pourront (voudront ?) jeter des ponts.
Thierry ALLARD